dimanche 27 février 2022

"Il est où le bonheur, il est où?"...

Vous rappelez-vous les deux arbres, dont nous avons parlé plus tôt (dans les premières lectures de notre célébration) : dans le livre des Psaumes[1],  puis celui du prophète Jérémie[2] ? Quelles que soient les saisons – bonne ou mauvaise – il servent d’exemple à une promesse de vivre heureux, dans la fécondité et la paix. Cette promesse, nous la retrouvons dans les béatitudes de Jésus, que nous lisons ce matin dans l’Evangile de Luc.

Courte prédication offerte aux détenu.e.s des prisons à Genève. Lecture de l’Evangile de Luc, au chapitre 6 : les Béatitudes.

Pour le contexte, la version de Luc est différente de Matthieu : alors que chez Matthieu Jésus « monte dans la montagne », chez Luc, il en redescend pour chercher un  « endroit plat » et accueillir « une grande multitude du peuple de toute la Judée » qui vient pour l’écouter ou se faire guérir. Le sermon « sur la montagne » devient ainsi, celui « dans la plaine. »

Alors, Jésus « lève les yeux sur ses disciples » et enseigne. Mais l’importance de ces paroles nous concerne encore aujourd’hui. Comme l’a noté un des meilleurs commentateurs de Luc – François Bovon : « ce message est universelle…  Il n’est pas une confidence d’initiés » !

« Heureux, vous… » Ces humains heureux, que Jésus en quelque sorte, félicitent, vivent pourtant bien des épreuves, mais leur félicité n’est pas en péril pour autant ! Ce n’est pas l’absence de difficultés qui fait leur joie, mais l’assurance de vivre toujours dans la présence du Seigneur. Elle est leur confiance et leur consolation !

Mais cette félicité n’est pas que pour eux seuls ! Elle doit être partagée généreusement ! Quelques lignes plus bas, Luc rapporte une parole de Jésus qui invite à « être généreux, comme votre Père est généreux » ! (36).

Et je me demande : « comment puis-je vivre partagé cela ? (Court échange avec les détenu.e.s)

« Mais malheureux, vous… » Si les béatitudes n’étaient que des « petites pilules roses du bonheur », nous pourrions trouver ces mots… amers. Mais Jésus ne gâche pas la fête, au contraire, il vient frapper la réalité du monde tel qu’il est, il vient avertir pour fortifier !

Jésus ne parle pas de malheur. Dans le texte original, son expression est une exclamation qui signifie : « hélas » ! C’est plutôt une déception : Hélas pour vous… serait une bonne manière de le traduire.

François Bovon a noté encore que le mot traduit par heureux est comme « un son joyeux » et que « ce bonheur est immérité, inespéré. » ! Ainsi, cet « hélas pour vous » n’est pas une condamnation, mais « une fausse note » dans l’harmonie que le Père veut nous accorder… et que nous ne saisirions pas ! Quel dommage ! Hélas pour nous!

Pas de condamnation, pas de malédiction non plus ! Quelques lignes plus loin, nous lisons cet appel de Jésus à « aimer vos ennemis » (27). Et plus clair encore, l’apôtre Paul le reprendra ainsi : « Bénissez ceux qui vous persécutent. Bénissez et ne maudissez pas. » (Rm 12,14).

Et je me demande : Si les paroles de Jésus peuvent paraître durs… sont-elles vraiment sans amour ? (échange avec les détenu.e.s)

Le praticien en Communication Non-violente, Thomas d’Asembourg a dit une béatitude à sa manière, quand il écrit : « Être heureux, ce n’est pas nécessairement confortable. »

Ces « Hélas pour vous… » que Jésus adresse à la foule, comme à ses disciples – et comme à nous – sont des appels pressant à ne pas manquer ce rendez-vous d’une vie « heureuse » avec Dieu ! Heureuse, dans la joie comme dans la peine.


[1] (Psaume 1, 1-3) : 1Heureux l’homme qui ne prend pas le parti des méchants (…) 2mais qui se plaît à la loi du SEIGNEUR et récite sa loi jour et nuit ! 3Il est comme un arbre planté près des ruisseaux : il donne du fruit en sa saison et son feuillage ne se flétrit pas. »

[2] (Jérémie 17, 5-8) 5Ainsi parle le SEIGNEUR : Maudit, l’homme qui compte sur des mortels : sa force vive n’est que chair, son cœur se détourne du SEIGNEUR. 6Pareil à un arbuste dans la steppe, il ne voit rien venir de bon (…) 7Béni, l’homme qui compte sur le SEIGNEUR : le SEIGNEUR devient son assurance. 8Pareil à un arbre planté au bord de l’eau qui pousse ses racines vers le ruisseau, il ne sent pas venir la chaleur, son feuillage est toujours vert ; une année de sécheresse ne l’inquiète pas, il ne cesse de fructifier.


lundi 14 février 2022

"Eloigne-toi de moi, Seigneur..."

 « La mer, c’est la liberté ! Au large, il n’y a pas un jour qui ressemble à un autre. Quand on y a goûté, hors de question de retourner à une activité à terre. » Ce témoignage est celui d’un matelot. Michaël a été ouvrier en usine. C’est après une longue période de chômage pour qu’il s’est décidé à postuler sur un chalutier. Aujourd’hui, il appartient à l’équipage du « Maria Magdalena » (Ça ne s’invente pas… !) Et il ne changerait de métier pour rien au monde !

Courte prédication partagée avec les détenus des prisons, à Genève. Evangile du jour : Luc chapitre 5, versets 1 à 11.

Ce témoignage nous dit la passion de cet homme pour son métier : marin pêcheur ! Est-ce que parmi nous, des personnes ont-elles pratiqué ce métier ? Ou un autre métier qui les a passionnés ? Ou, si l’on passe de la pêche professionnelle à la pêche à la ligne… Un petit métier, plus tranquille - Si cela existe… ? (Echanges avec les détenu.e.s)

Et ce sont justement des marins pêcheurs que nous rencontrons dans l’Evangile de ce jour. Et déjà à l’époque, c’est un dur métier… un métier passionnant ? Pierre dans ce texte, n’en dit rien. Mais ces hommes vont être animé d’une autre passion et ils seront appelés à pratiquer une autre pêche.

Au cœur de ce texte, il y a la réaction de Pierre. Aussi surprenante qu’impressionnante : « Simon-Pierre tomba aux genoux de Jésus, en disant : « Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur. » (8). Mais qu’est-ce que Pierre a vu ou entendu pour réagir ainsi ? Le texte précise : « C’est que l’effroi l’avait saisi, lui et tous ceux qui étaient avec lui, devant la quantité de poissons qu’ils avaient pris. » (9)

Et il sait de quoi il parle : n’a-t-il pas rappelé à ce Jésus, qui lui demande de repartir en pêche, qu’ils ont déjà travaillé toute la nuit sans aucun résultat ? Se souvient-il aussi de sa parole, affirmant à ce même Jésus, son choix de reprendre la pêche sur sa Parole ?

Et maintenant : cette pêche surabondante est là, devant lui ! La Parole de ce prophète, Jésus, a une autorité qui n’est pas que celle d’un beau parleur de Dieu : elle réalise des miracles, des signes. Elle porte du sens : elle dit que le Royaume de Dieu est là, et qu’il fait des dons inouïs aux humains ! Pierre saisi-t-il peut-être que cet homme est de Dieu… Et peut-être Dieu lui-même ? Et peut-on voir Dieu et vire ? D’où sa peur et son humiliation !

Mais il faut souligner que ce n’est pas une condamnation qui conduit Pierre à son attitude, mais plutôt l’abondance du geste de Jésus ! Cette abondance est celle du Royaume de Dieu, que Jésus annonçait dans cette barque, et qui maintenant pleine à craquer !

Dans les Evangiles, cette abondance est le signe de la générosité du Royaume de Dieu venant à nous. Que ce soit un semeur qui disperse abondamment son grain ; une semence minuscule qui devient un arbre immense…

Ou lorsque Jésus multiplie quelques pains et poissons pour des milliers de gens, ou quand il transforme plusieurs litres d’eau en centaines de litres de vin… et enfin, comme ici, lorsque sur sa parole, il remplit ces filets de pêcheurs, à tel point qu’ils sont prêts à rompre… Chacun de ces exemples dit la même chose : Dieu est accueillant, bienveillant, généreux, favorable… envers nous.

Le théologien François Bovon notait : « « Quand la parole de Dieu retentit elle ne nous parle pas simplement d’une vie à espérer, elle suscite dès maintenant en nous la vie nouvelle ; oui : cette parole de Jésus nous remplis de la vie de Dieu ! Comme ces filets remplis de poissons ! Ce qui faisait dire à Maurice Zundel : « je ne crois pas en Dieu, je le vis ! »

Tout cela pour nous impressionner ? Ou pour nous humilier ? La parole de Jésus « soit sans crainte… » invite à la confiance… et à l’acceptation de soi ! Mais il dit aussi un appel à le suivre!

Et que ce soit pour Pierre, les disciples qui sont avec lui, la foule qui écoutent la Parole du Christ – ou nous aujourd’hui… ces mots nous concernent tous ! Comment prendrons-nous notre place dans cet appel à être « pêcheur d’hommes » ?

(Echanges avec les détenu.e.s) En accueillant, avec confiance, cette vie pleine de sens que le Christ nous offre et qu’il nous appelle à partager avec ceux qui sont autour de nous. Et cette pêche ne fait pas de ces personnes des « captifs » de notre filet… mais des personnes appelées à la vie et la liberté en Christ !



jeudi 3 février 2022

« Vous êtes le sel de la terre… Vous êtes la lumière du monde… »

"Avez-vous entendu parler de la marche du sel ? 

Elle est une manifestation historique, conduite par Gandhi le 12 mars 1930, en vue d’obtenir l'indépendance de l'Inde aux Britanniques. Cette marche débuta au nord-ouest du pays, accompagnée de quelques disciples et journalistes. Après un parcours à pied de près de 400 km, c’est plusieurs milliers de participants qui arrivent le 6 avril au bord de l'océan Indien !

Alors, Gandhi s’avance dans l'eau et recueille dans ses mains un peu de sel. Par ce geste dérisoire et hautement symbolique, Il encourage ses compatriotes à violer le monopole d'État sur la distribution du sel qui impose à tous les consommateurs indiens, y compris les plus pauvres, un impôt sur le sel et leur interdit d'en récolter eux-mêmes. Sur la plage, la foule imite le Mahatma et recueille de l'eau salée dans des récipients. Leur exemple est suivi partout dans le pays : les Indiens font évaporer l'eau et collectent le sel au vu des Britanniques. 

Il y aura plus de 60 000 arrestations À la fin, le vice-roi reconnaît son impuissance à imposer la loi britannique. Cédant aux injonctions du Mahatma, il libère tous les prisonniers et accorde aux Indiens le droit de collecter eux-mêmes le sel."

Courte prédication offerte aux détenus des prisons à Genève. Texte de l’Évangile de Matthieu 5,13-16 :

« Vous êtes le sel de la terre… Vous êtes la lumière du monde… » Deux paroles de Jésus qui nous interpellent avec vigueur. Et comment ne pas voir dans la marche du sel de Gandhi, et son résultat déterminant pour la vie du peuple indien, un exemple saisissant de cette parole du Christ ?

Par ces paroles, Jésus nous appelle, encore aujourd’hui, à donner de la saveur à l’existence des gens autour de nous. Par nos actions – que Jésus dit bonnes – nous pouvons devenir des personnes qui font la différence autour de nous. Jésus ajoute qu’ils pourront ainsi se réjouir de ces actions, mais non pour féliciter nous-même mais notre Père céleste qui est dans les cieux !

« Vous êtes le sel de la terre… Vous êtes la lumière du monde… » Mais « être » c’est ici plus que « faire ». Être sel et lumière, c’est tout d’abord avoir accueilli en nous de la présence du Christ. Il est nécessaire que le Christ soit premièrement en nous sel et lumière… pour que nous puissions l’être à notre tour !

Ce sel et cette lumière dont parle l’Évangile nous appellent à prendre nos responsabilités en tant que disciples du Christ : devenir des personnes significatives travaillant à la préservation du sens de la vie dans ce monde !

« Vous êtes le sel de la terre… Vous êtes la lumière du monde… » On peut rappeler que la lumière est une image de la présence de Dieu. … Et si Dieu est lumière, il a pris cette décision aussi étonnante que magnifique : faire de nous les porteurs de celle-ci !

Antoine Nouis écrivait : « Il n’y a sans doute rien de plus orgueilleux que de vouloir être la lumière du monde, mais il n’y a rien de plus apaisant que d’entendre qu’en le vivant avec humilité, cette lumière brillera, même dans les ténèbres de ce monde »

Un proverbe chinois affirme : « Mieux allumer une bougie que de maudire l’obscurité. » Quelle que soit l’adversité, le disciple n’a pas besoin de forces particulières, il lui suffit d’accueillir la grâce de la présence du Christ… et en faire don au monde !"


vendredi 28 janvier 2022

L' avenir du pardon ?... (3)

Ainsi donc, la porte du pardon est ouverte, mais il y a un chemin à parcourir, une expérience à saisir pour en faire quelque chose envers celle ou celui qui nous aura blessé. Le pardon n’est ni règlementaire ni automatique…

Comme on l’a dit : « Dieu ne pardonnerait-il pas tout, car c’est son métier ? » Cette provocation dit combien la question du pardon peut-être superficiellement traitée. Avec de tels artifices, on offense, je pense, la valeur existentielle du pardon !

« Dieu peut-il vraiment tout pardonner ? », me demandait plus sérieusement un détenu. Après un cours temps de réflexion, je fus étonné – et le détenu avec moi sans doute – de ma réponse : « Non, je ne suis pas sûr que Dieu puisse TOUT pardonner. Mais ce dont je suis absolument certain, c’est que Dieu pardonne à TOUS !

Je reste aussi satisfait que perplexe de ma réponse, mais je la conserve pour la vérité qu’elle dit, à savoir que le pardon n’est pas qu’un fait, une décision que l’on prend ou pas, mais un chemin à parcourir dans un lien d’humanité !Je cite ici G. Waterlot : « Demander pardon, accorder le pardon, c’est entrer dans la profondeur de l’humain, avec tout ce qu’il comporte de grandeur et de fragilité, de contradictions méconnues. Et peut-être que ni le coupable ni la (les) victime(s) ne souhaitent y entrer. La lucidité ferait courir trop de risque »

Cette citation dit la part d’ambivalence de la démarche du pardon : pas un « oui » d’office, pas un « non » d’emblée… Je pense même qu’elle offre la possibilité d’une abstention (que je préférerais au refus). Une manière de prendre notre responsabilité, de retenir le pardon dans un oui, mais, mais de de ne pas renoncer au pardon qui est à souhaiter, désirer. Il viendra sans doute, après un chemin, long, difficile, tortueux, mais il reste possible car, si on ne la franchit pas aujourd’hui… la porte reste ouverte !

Le pardon n’est pas une baguette magique qui transforme tout un instant. Le pardon n’est pas un coup de bâton non plus qui frappe de manière définitive. Quel que soit le temps qu’il faudra, les difficultés que l’on rencontrera… le pardon de Dieu ne nous dit pas tu dois, mais nous demande de dire oui et de se mettre en marche…

Une femme écrivain a dit : le pardon n’est pas au bout du chemin, il est le chemin. Le chemin du pardon n’empêche pas la douleur de la blessure, la souffrance nécessaire qu’il faut pour la guérir. Le chemin du pardon ne nous empêche pas de faire face à notre responsabilité. Mais le chemin du pardon, nous ouvre un avenir.


Je conclue avec cette pensée que j’ai lue quelque part : « Lorsque tu pardonnes, tu ne changes pas le passé, mais tu changes ton avenir ».



La statue de justice - Berne

Si la justice oublie, qu'en est-il du pardon...? (2)

Après la présentation de « l’oubli juridique » dans le premier volet de cet article, je reviens un peu en amont pour rejoindre l’espace-temps de la vie carcérale, dans lequel les personnes détenues vivent leur privation de liberté. C’est là que je les rencontre : eux entre quatre murs, moi, entre quatre yeux.

Dans la pratique, la question du pardon est abordée parfois. Elle se formule ainsi : est-ce que peux être pardonné après ce que j’ai fait ? Est-il possible de demander pardon, de l’accepter s’il m’était accordé ? Une question qui a toute sa légitimité, et autant de complexité. Quand elle ose être posée… Car, ce n’est pas toujours aussi clair, reconnaissons-le.

La réponse à cette question m’a demandé un peu de réflexion, je l’avoue. Il fallait donner une réponse aussi authentique que respectueuse pour les personnes impliquées par cette question. Ce ne sont pas les mêmes implications si vous bousculez par mégarde une personne dans la rue… ce qui pourrait se résoudre ainsi : - « Oh pardon » - « Je vous en prie, il n’y a pas de mal… » Mais justement, quand il y a du mal, ce pardon est-il aussi facile à accorder ? Le réalisme – et la décence – plaident pour le non…

Et pourtant, j’ai pris la décision de choisir un chemin vers le oui, pour plusieurs raisons. La première est tout d’abord théologique. Jean Zumstein écrivait : « Que veut-on signifier lorsque l’on parle de pardon ? Cette thématique renvoie fondamentalement à la figure d’un Dieu qui, de façon inattendue, fait l’impasse sur un passé perdu (ou gâché), pour créer un avenir véritable, pour laisser une chance à la vie. La créativité du Dieu de l’Evangile est la créativité de l’amour qui fait toutes choses nouvelles. » 

Cette citation présente clairement le Dieu dont je suis témoin et les implications vers lesquelles elle me presse en tant que disciple du Christ. Jean Zumstein dit très bien encore la « surprise » du pardon dont les Evangiles parle abondamment, en particulier par l’attitude et les paroles de Jésus. 

Une des plus impressionnantes, selon moi, est la parabole du serviteur impitoyable ! (Mt 18,21-35). Au cœur de cette histoire, il y a cet homme menacé de la prison pour rembourser une dette énorme et que son créancier, un personnage important, ému de sa détresse, délivre en annulant sa dette ! Mais ce serviteur, à peine libéré, envoie un de ses collègues qui lui devait beaucoup moins d’argent, en prison, sans aucune compassion !

Il y a beaucoup à dire sur l’attitude de ce personnage important qui « passe l’éponge » sur une énorme dette. Mais ce qu’il faut retenir ici est le reproche qui sera adressé à ce serviteur : « Tu as méprisé le don que je t’ai accordé ! » Il n’a rien appris de la valeur de ce geste. Et c’est sans doute la leçon principale de la parabole de Jésus : « Accorderas-tu à autrui la grâce qui t’a été faite ? »


Mais il ne faudrait pas jouer le Nouveau Testament contre l’Ancien sur ce sujet. Parmi les textes bibliques qui se dresseraient contre le refus d’un cheminement vers le pardon, il y déjà le livre des Psaumes, comme : « Si tu retiens les fautes, Seigneur, qui subsistera ? » (Psaume 130,3)



Statue de la fontaine de justice - Neuchâtel.

lundi 24 janvier 2022

Dieu pardonne, la justice oublie… (1)

le pardon: il suffit de le prononcer pour entendre l’ampleur qu’il occupe dans les relations humaines !

Le pardon impossible à donner, celui qu’il faut accorder. Le pardon impossible à recevoir, celui qu’il faut pourtant accueillir. Le pardon pour guérir, pour se libérer. Le pardon contraint par le respect de certains principes, une obligation de fait, le rendant aussi artificiel qu’inopérant !

 

Et puis bien sûr, le plus courant, le refus du pardon par crainte de justifier le mal commis ou de l’encourager. Et encore, les démarches sincères de pardon, mutuel ou solitaire, avec leurs méandres paisibles ou intenses, conduisant à des progrès, des régressions, voire des abandons…

 

Et, enfin, accompagnant chacun de ces trajets, des souffrances, des peurs, de luttes, des silences étouffants, mais aussi des guérisons, des libertés retrouvées. On pourrait se demander s’il ne faudrait pas parler DES pardons pour rendre justice à toutes ces situations et autant de cheminements ?

 

J’ai brossé ici, en quelques mots, ce que j’appellerai le pardon de « Madame et Monsieur tout le monde » que l’on pourrait nommer le pardon éthique. En particulier, le pardon de celles et ceux qui sont libres de leur mouvements et décisions, par oppositions à celles et ceux qui, privés de liberté, se tiennent au quotidien dans les murs de l’enceinte d’une prison.

 

Pour eux, la question du pardon est tout aussi complexe et vive… Car ces femmes et ces hommes dont je parle, ont vécu, avant leur incarcération, un parcours judiciaire qui va de l’enquête à la condamnation, en passant par le procès, et qui est très éprouvant ! Il ne s’agit pas de les plaindre – ils méritent mieux que ça – mais les citoyens que nous sommes ignorent souvent combien ce trajet « sous-main de justice » est déjà une peine qu'ils doivent affronter.

 

Dans ces lignes qui précèdent, nous réalisons combien le pardon éthique est prégnant dans toute situation de vie, de la plus anodine à la plus complexe. Cependant, au cours d’une de mes lectures, j’ai entendu parler d’un pardon plus étonnant et moins habituel, le pardon juridique ou pénal.

 

Mais nous allons le voir, pardon et droit pénal ne font pas ménage commun… Je me réfère ici à un article d’Alain Papaux, dans la Revue des Cèdres : « le pardon, un regard de la philosophie du droit. »

 

L’auteur y indique que nos préoccupations en la matière, dont j’ai parlé plus haut, ne préoccupe pas le système judiciaire car, précise-t-il, le pardon « n’est pas partie au procès pénal. » L’enjeu principal d’un procès est d’opposer la société à l’auteur d’un délit ou d’un crime pour en déterminer les circonstances, la gravité et prononcer une sentence.

 

Dans cette confrontation, il y a peu ou pas de place pour les sentiments. Il y a des faits à clarifier, des raisons à nommer, des intentions à discerner, des témoignages à confronter…. Ainsi, la cause est entendue : dans cette quête de justice « on entrevoit (...) que le pardon y soit structurellement non pertinent. ».

 

Et l’auteur nous révèle encor un autre enjeu : « Si le droit ne pardonne pas, en revanche il oublie. » Mais cet oubli n'est pas un pardon qui ne dirait pas son nom. D’ailleurs, il ne semble pas s’inquiéter d'une quelconque réconciliation entre les parties au procès.

 

Ainsi, je comprends cette posture de la justice comme technique plus qu’éthique. Elle a un mot pour cela : « Il s’agit d’un oubli public, dénommé prescription. » Lorsqu’elle est prononcée, elle met fin à toute prétention juridique ou pénale.

 

En d’autres termes, une fois la peine subie, la justice cesse de s'inquiéter de vous, elle vous oublie : vous retourner à votre état de femme ou d’homme libre. Un fait que les honnêtes personnes que nous sommes devraient se rappeler : l’oubli de la justice renvoie cette personne au même état que le nôtre, sa liberté retrouvée doit être aussi réelle que la nôtre !

 

Mais pour que nos liens avec celles et ceux qui ont été « oubliés » de la justice soit réellement pacifiés, il faut encore clarifier un chemin de réconciliation pour « solde de tous compte. »


C’est ce que je me propose de développer dans le second volet de cet article.



Statue de la fontaine de justice - Lausanne.

samedi 15 janvier 2022

“Je te porte dans moi, comme un oiseau blessé...”

Nous venons de lire deux passages de l’Écriture… vous rappelez-vous comment commençait le premier ? "Voici mon serviteur que je soutiens, mon élu qui a toute ma faveur."


Et le texte de L’Évangile, vous rappelez-vous ces dernières paroles ? "Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui je trouve ma joie."


Que le premier parle du serviteur ou le second parle du Fils…. Ces mots expriment la grande satisfaction et l’affection du Seigneur pour l’homme qui s’avance maintenant à la rencontre de Jean Baptiste pour demande à être baptisé par lui.


Courte prédication, dans les prisons à Genève. Le baptême de Jésus… Mais dans la version de Matthieu: textes bibliques : Esaïe 42,1-7 et Matthieu 3,13-17


"Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui je trouve ma joie." Les exégètes ont observé que cette parole serait une combinaison de plusieurs textes prophétiques – dont celui d’Esaïe 42 que nous lisons aujourd’hui. Elle forme ainsi une parole qui présente Jésus comme un fils de roi qui vient en humble serviteur et qui réjouit pleinement le cœur de son Père.


En lisant le début de notre passage de Matthieu, nous voyons Jésus qui s’approche, avec humblement. Une attitude qui contraste avec ce que nous avons entendu un peu plus haut dans la prédication de Jean Baptiste au sujet du Messie Qu’est devenu le jugement ? Où est la hache prête à attaquer la racine des arbres ; tout arbre donc qui ne produit pas de bon fruit va être coupé et jeté au feu. (3,10) Cette absence serait-elle justement l’expression de la grâce que Jésus vient offrir et qui se montre ici, en lieu et place du d’une parole de colère ou d’un geste de condamnation ?


On peut se rappeler ces paroles lues par Jésus dans la synagogue de Nazareth : "L’Esprit du Seigneur est sur moi parce qu’il m’a conféré l’onction pour annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres. Il m’a envoyé proclamer aux captifs la libération et aux aveugles le retour à la vue, renvoyer les opprimés en liberté, proclamer une année d’accueil par le Seigneur. » (Lc 4, 18-19).


Cependant, Jean-Baptiste accueille Jésus en s'opposant à ce baptême et il affirme que c’est à Jésus de le baptiser… et non l’inverse. Jésus a une réponse aussi catégorique qu’énigmatique : "…il convient que nous accomplissions ainsi toute justice." (15) Que peut bien être cette justice qu’il importe d’accomplir ? Matthieu emploie souvent ce mot et dans notre texte, ici cela signifie être fidèle à la volonté de Dieu,  réaliser ce qui aura son approbation, et fera sa joie, justement !


Ainsi, en acceptant de se faire baptisé par Jean Baptiste, contre la raison de sa nature et de sa personne, Jésus consent à faire un geste qui dit sa volonté de s’identifier à la condition humaine qu’il vient rejoindre, non pour la rejeter, mais – on peut le dire : pour s’y immerger pleinement !


Prendre sur lui – j’aimerais dire « en lui » – l’être humain dans son entier : ses échecs, sa beauté, sa faiblesse… est sans doute le désir majeur qui conduit Jésus à vivre le baptême de repentance de Jean-Baptiste. Et de fait : son accueil inconditionnel des pécheurs pour leur annoncer la grâce et l’amour de Dieu - ce qui lui sera reproché constamment - commence en fait ici même !


Et son message est toujours actuel : quelle que soit notre faute, notre erreur, notre faiblesse… Jésus s’approche humblement de chacune et de chacun de nous et il s’immerge avec nous dans la fragilité de notre condition humaine. Il nous y rejoint et il vit avec nous le premier pas de notre restauration, de notre guérison… de notre salut !


Cette disponibilité déterminée à nous rencontrer, là où nous sommes, tels que nous sommes cette profonde intention de restaurer notre personne dans une relation libre et franche avec Dieu : c’est en somme la « marque de fabrique » de ce que Jésus fera tout au long de son ministère… et qui est inauguré ici !


Le titre de cette publication vient d'un poème de Louis Aragon: Il n’y a pas d’amour heureux  écrit en janvier 1943. L'auteur y exprime sa conception de l’amour comme un absolu. Ce plaidoyer à l'amour absolu m'a paru adéquat pour nommer cette médiation de l'amour du Christ à nous accueillir pleinement et jusqu'au bout - y compris jusqu'à donner sa vie.



vendredi 7 janvier 2022

La tendresse des cieux...

La Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu n’est décidément pas une histoire à l’eau de rose ! 

C’est ce que j’ai pensé en lisant l’Evangile de ce jour, en particulier les paroles de Jean-Baptiste annonçant les actes de celui qui est plus fort que lui : il va battre le blé, brûler son enveloppe inutile et il ne gardera que le blé mûr ! (17) La « Bonne Nouvelle »… Un grand nettoyage ? Un jugement ? Une purification ? Il y a de cela, sans doute, dans les paroles du prophète.

Courte prédication offerte aux personnes détenues des prisons à Genève. Evangile du jour: Luc 3, 15-22.

Et deux fois, dans ce texte, il y a le mot « baptême » : le premier, « d’Esprit et de feu » (18), avec une puissance qui plongera tout être vivant dans la vérité de Dieu. Et le second, qui vient du ciel « comme une colombe » (22), avec douceur et accompagné d’une parole de tendresse. Quel contraste !

La dureté du monde d’alors, dont la brutalité d’Hérode est un exemple, n’y changera rien : c’est un événement d’une ampleur sans précédent qui se déroule ici.

Cela est exprimé par la femme peintre Berna, que vous avez en illustration. Prenons un court instant pour la regarder… Que voyez-vous dans ce tableau ? Est-il agressif ou amical  ? (Courts échanges avec les détenus : … De la douceur ? Une impulsion ? Dynamisme ? Tendresse ? Étonnement ? Etc.)

Et il y a cette question : « Ne serait-il pas le Messie ? » (15) Le peuple est dans cette attente cruciale de son libérateur ! Une attente… Ces mots vous disent-ils quelque chose ? L’attente d’une décision de justice ? L’attente d’une autorisation pour une visite ? Cette attente, des patients à l’hôpital la vivent aussi : l’attente d’un traitement efficace, l’attente du résultat d’un examen, l’attente d’une décision de l’assurance. C’est pour tout le monde la même attente : celle d’une délivrance, d’un apaisement… Mais cela va-t-il arriver ? Et quand ? Eh bien, c’est la même attente anxieuse qui inspire cette question : « Ne serait-il pas le Messie ? »

A cette question, il y a la réponse de Jean-Baptiste : il n’est pas le Messie, mais il annonce celui qui vient après lui et ne va plus tarder. Cependant, dans l’humilité de sa réponse, il y a également une menace… D’ailleurs, on peut se demander s’il s’attendait vraiment à cet homme, doux et humble de cœur, qui se présente au baptême ? Faut-il rappeler sa demande à Jésus ? « Est-ce que tu es le Messie qui doit venir ? Ou bien devons-nous en attendre un autre ? » (Mt 11,3)

Enfin, à cette question, il y la réponse de « la voix qui vint du ciel » (22). Elle a presque plus d’importance que le baptême lui-même qui est présenté en deux mots… Alors que Jésus est en prière, « le ciel s’ouvrit » (21) et c’est en peu comme si cette réponse se donnait « à voir » et « à entendre ».

Une colombe dans le ciel ? La dernière fois, c’était après le déluge, pour dire la fin d’un jugement, annoncer la réconciliation, la paix revenue… Et n’est-ce pas ce que cet homme qui reçoit le baptême vient accomplir ?

Il le dira clairement quelques versets plus loin, dans la synagogue de Nazareth ? « L'Esprit du Seigneur est sur moi. Il m'a choisi pour apporter la Bonne Nouvelle aux pauvres. (…) Il m'a envoyé pour libérer ceux qui ne peuvent pas se défendre, pour annoncer : C'est l'année où vous verrez la bonté du Seigneur ! » (4,18-19)

La bonne nouvelle annoncée par celui que cette voix appelle « mon Fils », la voici : le jugement, annoncé par Jean-Baptiste, s’accomplira dans l’amour !



 

 

lundi 27 décembre 2021

"Surpris par la joie" (Une republication pour les fêtes de fin d'année)

Il y a un peu plus d'une année, je publiais ce témoignage d'une rencontre sans laquelle je ne serais pas l'homme que je suis.

C’est lors de mes études d’art dramatique (à la Haute école de théâtre de Genève, dans les années 80) que mon cheminement spirituel a débuté. Lors d’un cours de dramaturgie (un séminaire de formation à la mise en scène) notre professeur utilisait comme outil pédagogique des exemples de peintures religieuses pour nous faire observer comment les peintres avaient « mis en scène » des textes bibliques. Les exemples étaient pris dans le Nouveau Testament, en particulier le dernier repas de Jésus avec ses disciples.

A la suite de ce cours, je formais le projet de lire les Évangiles pendant mes vacances d'été, par curiosité intellectuelle et du fait qu’un grand nombre d’œuvres artistiques en Europe (peinture, musique, théâtre) s’en étaient inspiré.

Mais cette lecture des Évangiles me surpris et me toucha bien plus profondément que je ne l’avais prévu. A un livre ne contenant de que « pieux conseils », que j’imaginais, je découvrais un passionnant récit d'une vie de Jésus de Nazareth et sa lutte pour éveiller en nous le meilleur d’une vie consacrée à Dieu.

Les Évangiles devinrent ainsi mon livre de chevet. Au cours de mes lectures, mon intérêt et mon affection pour ce « Jésus de Nazareth » grandissait. Je découvrais une confiance toujours plus libre et intime en sa personne. Et c'est en lisant un chapitre de l’Évangile selon Jean, que ma vie fut bouleversée.

J'aimais lire le chapitre 17 de cet Évangile qui présente Jésus priant pour les siens. Je me reconnaissais d'ailleurs tout à fait dans les "siens", je cherchais même à vivre comme un disciple de Jésus. Et pourtant, si l'on m'avait posé la question alors, je ne me serais pas définit comme chrétien. Pour moi, je cherchais simplement à vivre, dans ma vie quotidienne, les paroles et les gestes de Jésus. J'ignorais totalement alors que c'était sans doute la meilleur définition d’un chrétien que l'on puisse faire!

Mais ce jour-là, je lisais ces paroles de Jésus priant, en parlant de ses disciples justement : "Je t'ai fait connaître à ceux que tu as pris dans le monde pour me les confier. Ils t'appartenaient, tu me les as confiés, et ils ont obéi à ta parole. Ils savent maintenant que tout ce que tu m'as donné vient de toi, car je leur ai donné les paroles que tu m'as donnée, et ils les ont accueillies. Ils ont reconnu que je suis vraiment venu de toi et ils ont cru que tu m'as envoyé." (Évangile selon Jean, 17,7-8)

Et soudain, ce fut comme un brusque coup de vent en mon être intérieur ! Ces mots me parlaient, ce jour-là, avec une clarté et une joie que je n’avais pas connues jusqu’alors - et avec quelle force? Ils ne me soufflaient rien de moins que Jésus était « venu de Dieu », et qu’il était Dieu ! Un Vivant au-delà du vivant, qui m’accueillait et m’aimait inconditionnellement. Le Dieu du ciel venait inonder de son amour ma vie d’humain sur terre : j’étais dans le Christ, et le Christ était en moi.

Ce bouleversement intérieur ne m’a plus quitté depuis ce jour, en 1984. Et cette conviction que Dieu est amour, et que le Christ nous fait la grâce de le vivre dans une humble confiance du cœur, est sans doute au cœur de chacun de mes gestes et chacune de mes paroles, aujourd’hui.

Je dois mon titre "Surpris par la joie" à Clive Staples Lewis, plus connu sous le nom de C. S. Lewis, pour son ouvrage autobiographique. Il fut un écrivain et universitaire britannique. Connu pour ses travaux sur la littérature médiévale, ses ouvrages de critique littéraire et d'apologétique du christianisme, ainsi que pour la série des Chroniques de Narnia. Il est un auteur que j’apprécie et que je relis toujours très volontiers.




samedi 25 décembre 2021

À tous les petits rois de Bethléem…

J’aimerais offrir ces quelques mots à tous les petits rois de Bethléem qui seront seuls le soir de Noël. Il n’y avait d’ailleurs pas grand monde autour de lui non plus, ce soir-là.

Bien sûr il avait ses parents près de lui, alors que les tiens ne le seront peut-être pas... ou plus.
Bien sûr il y avait des bergers pour se réjouir près de lui, et que tu n’auras peut-être même pas quelques amis autour de toi.
Tu l’ignores peut-être, mais ce nourrisson est venu dans la vulnérabilité et la pauvreté pour faire de chacun de nous, faible ou seul, de petits rois de Bethléem.
Ce soir de Noël, je n’aurais pas grand chose à t’offrir que mes pensées fraternelles pour toi et l’assurance de mon engagement de tous les jours à tes côtés… pour partager avec toi le réconfort de cet enfant, que tu y crois ou pas, que tu aies l’habitude de ses « bondieuseries » ou pas.
Je te salue donc, petit roi de Bethléem. Et toi aussi petite reine… de même !
Ce soir de Noël sera peut-être difficile, mais demain est un autre jour. Et moi, je te porterai de toute façon dans mon cœur.
Tiens bon et prends soin de toi



Noël de paix et de solidarité



mardi 21 décembre 2021

Comment leur taire cette grâce... ?

Sous la plume de Karl Barth, méditant le Magnificat : « Sa miséricorde s'étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent. » (Luc 1,30, in « Avent », Labor et Fides).
 
« Sa miséricorde. Non pas une miséricorde comme celle que nous exerçons. Sa miséricorde à lui est chaque matin nouvelle. Le progrès, dans notre vie chrétienne, ne peut consister qu’à savoir chaque jour un peu mieux que j’ai terriblement besoin de la miséricorde de Dieu. 
 
À la fin de ma vie chrétienne, il faudra me dire encore une fois et sans réserve : Maintenant, c’en est fait de moi, si je ne trouve pas miséricorde. Si, à ce moment, Dieu voulait encore m’accorder un seul jour, ce serait pour que je me dise encore une fois et toujours mieux : « Mon ultime recours est la grâce. »
 
Et comment ne pas l'offrir à celles et ceux que je rencontre dans les prisons ? Comment leur taire cette grâce?



Vous accomplirez ainsi la loi du Christ... (La conclusion)

  La conclusion de notre extrait parle d’un envoi des disciples dans le monde soutenu par la consécration du Christ. Ainsi, la consécration ...