Loin des bondieuseries mielleuses et des anticléricalismes sauvages … laisser Dieu trouver sa place dans l’accompagnement spirituel

Lors de ma formation à l'accompagnement spirituel, j'ai bénéficié des compétences, de la bienveillance autant que de l'exigence de Jean-Claude Schwab, superviseur et formateur dans le cadre du Clinical Pastoral Training.

Je reproduis ici, avec l'amitié et la reconnaissance que je lui dois, un petit extrait d'un de ses articles sur une question qui fut présente tout au long de mon activité d'aumônier, que ce soit dans les hôpitaux et les prisons :

1. " Comment Dieu se rend présent dans une relation d’accompagnement? Comment est-ce que j’expérimente la présence de Dieu dans la relation d’accompagnement?

Dans quelles conditions peut-on affirmer que Dieu se rend présent au cœur d’une rencontre ? Comment cela se passe-t-il, et qu’est-ce que cela veut vraiment dire ?

Pour celui qui cherche à rencontrer autrui dans le Souffle du Christ dans le cadre de sa profession, cette question reste toujours ouverte. Que ce soit dans une pratique de visite pastorale, d’entretien en tête-à-tête, de supervision, d’accompagnement spirituel  ou dans les lieux quotidiens de rencontre, je crois que nous serons influencés dans notre manière de rencontrer l’autre par notre compréhension de comment Dieu s’y rend présent.

Je suis en quête d’une compréhension dynamique des voies dans lesquelles Dieu se rend présent au cœur d’une relation d’accompagnement ; mais aussi en quête d’une expérience de sa présence dans cette relation...

Cette quête semble vitale pour une supervision pastorale ou un accompagnement spirituel, ouvert non seulement à un mieux-être de la personne dans son ministère et sa vie, mais aussi ouverte à son plein accomplissement-restauration selon le dessein rédempteur du Dieu de Jésus-Christ. 

J’estime que c’est la présence de Dieu dans la rencontre qui en fait un événement fondateur ou transformateur, ce n’est pas d’abord la technique de l’accompagnant, ni même ses compétences personnelles (si importantes soient-elles).

Ici, l’on rencontre une tension, même une contradiction dans l’exercice de l’accompagnement. En effet, dans tout rapport humain, l’un exerce une influence sur l’autre et vice versa; mais quand il s’agit d’aider une personne à trouver sa propre voie, à découvrir la "source qui murmure en elle", et à laisser advenir la "parole par laquelle elle s’exprime en Je", toute influence extérieure risque à court terme de devenir manipulation et de polluer la démarche !

L’expérience nous montre que l’antidote à la manipulation n’est pas le retrait inhibé de l’accompagnant pour ne pas influencer, mais c’est sa présence, la présence à l’autre où il se donne dans le dépouillement, la vulnérabilité et sans pouvoir. Et c’est au cœur de cette présence l’un à l’autre que se révèle le Tout Autre qui se rend présent, comme porté par le véhicule de la présence mutuelle des deux vis-à-vis. Ainsi surgit une source, une énergie, une capacité nouvelle, une identité ; non par l’intention de qui que ce soit, mais comme un fruit, par l’alchimie de la rencontre...

Ainsi, je découvre la manifestation de Dieu dans la qualité d’une présence à l’autre, à soi, à Lui : Quand un vis-à-vis me rencontre et me permet de réaliser la proximité de Dieu par la qualité de sa présence, c’est une vraie expérience ! Et il m’ouvre en plus une nouvelle piste pour moi-même : devenir moi aussi présent à l’autre ; me rendre présent, avec cette conscience que nous nous approchons du mystère de la présence de Dieu; et puis nourrir le désir de reconnaître Sa présence en l’autre.

C’est tout un univers qui s’ouvre, et qui est à explorer : découvrir les voies par lesquelles nous nous rendons présents, et nous nous ouvrons à Sa présence ? "

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[1]  Voir https://experience-theologie.com/reflexion/ecoute-et-accompagnement/
Article publié dans la revue Hokhma  N° 79/2002, p.57-77.