Le soir du Vendredi Saint, nous rencontrons des détenus de la prison de La Brenaz pour une veillée Pascale. Je partage ici avec vous - telle quelle - une méditation qui fait le lien entre deux temps de partages sur les 7 Paroles du Christ en croix et la découverte du tombeau vide en Jean 20.
Maintenant: la mort a fait son œuvre,
Jésus n’est plus.
Dans
notre veillée de ce soir, nous sommes exactement entre l’instant de la mort de Jésus et la
découverte de son tombeau vide, que nous lirons tout à l’heure (Jn 20)
Je
vous propose maintenant de vivre un temps de méditation, de prière et de
chants. Pour nous imprégner un peu du deuil dans lesquels tous les proches de
Jésus se trouvaient !
Mais
avant, je vous invite à écouter, le cantique de Taizé : Notre âme attend le Seigneur, en
lui, la joie de notre cœur.
Vivre
un temps de suspension entre la mort et la résurrection. Pour préparer cette méditation, j'ai pris le temps de relire
les textes des quatre évangiles qui décrivent un moment très particulier : la mise au tombeau
de Jésus.
J’ai
alors repensé aux familles en deuil que j’ai accompagnées. Et ces
passages de l’Écriture m'ont rappelé leur situation lors de la perte d’un proche : on a beau
être choqués, bouleversés, tristes, anéantis… Il faut agir, prendre des
décisions, préparer les obsèques, le service funèbres. C’est comme un
tourbillon émotionnel dans lequel on prend des décisions, en étant aussi
conscient que possible, mais émotionnellement… on est ailleurs !
Et pareillement dans
les Évangiles, y compris la hâte dans les préparatifs, car dans ces textes la Préparation du
Sabbat oblige à faire les choses dans la précipitation !
Parmi les personnes qui devaient agir vite, il y a bien sûr le groupe des femmes qui tiendront un rôle important, mais il y a aussi un homme
qui va se révéler au grand jour : Joseph d’Arimathée.
Les textes nous le décrivent comme riche, pieux, et membre du Sanhédrin. Il nous disent encore
qu’il est un disciple de Jésus, mais en secret par crainte des juifs… et cependant, il n'a pas cautionné le décision de faire mourir Jésus.
Maintenant, il va
montrer clairement sa considération envers Jésus, entreprendre des décisions
qui ne laisseront pas de doutes sur son lien avec celui qui vient
d’être supplicié et abandonné sur cette croix !
Et
je me demande : la mort de Jésus peut-elle aussi m’aider à vivre ma foi
plus profondément et avec plus d’authenticité ? (Puis, échanges avec les détenus)
Je
vous laisse y penser quelques instant en écoutant le cantique de Taizé : Christe Salvatore.
Joseph va montrer également beaucoup de courage et d’empathie. Le courage
(le mot est clairement dans l’Évangile de Marc)de se présenter à Pilate
pour lui demander le corps de Jésus. Ce n’est pas anodin : pour les
romains, un supplicié restait sans tombeau… Et peut-être bien que les autres chefs
religieux, malgré la Thora qui l’exige, se seraient bien accommodés de cela…
Mais pas Joseph d’Arimathée !
Son
courage étonne Pilate qui voit un chef religieux lui demander un geste de
clémence, juste après que d'autres aient réclamé sa mort. Il aurait pu refuser, mais il accepte ! Et Joseph va
jusqu’à prendre soin du corps de Jésus : l’envelopper d’un linceul,
l’embaumer, l’oindre d’aromates et l’envelopper de bandelettes, selon la
coutume juive.
La
précipitation exigée par la préparation de la Pâques va même le conduire à un
geste de grande générosité : c’est dans son propre tombeau, qu’il avait
préparé pour lui, qu’il va mettre le corps défunt de Jésus. Quelle image
saisissante ! Le tombeau que cet homme offre généreusement pour recueillir
la mort de Jésus, va devenir le tombeau de la vie de Jésus, le signe de sa
résurrection !
Et
je me demande : courage, empathie, générosité… ? La mort peut-elle
m’apprendre le sens de ma propre vie et de ma mort ? Quels gestes, quelles
attitudes, la mort peut-elle me conduire à offrir aux personnes en
deuils ? Est-ce que ces gestes de Joseph, me rappelle des gestes que j'ai accomplis pour me proches dans le passé? (Puis, échanges avec les détenus)
Je vous laisse
y penser quelques instant en écoutant Jésus le cantique de Taizé: Jésus, ma joie, mon espérance et ma vie.
Avant de
conclure, je vous invite à la prière – spontanément… dans votre cœur ou à haute
voix. Et nous
chanterons ensemble ensuite le cantique de Taizé : Fiez-vous en lui.