samedi 18 mai 2024

Er vous accomplirez ainsi la loi du Christ (La prière de Jésus)...

En désignant l’illustration proposée sur un feuillet à l’assemblée – Votre illustration sur le blog) :


« Jésus leva les yeux au ciel et dit : « Père, l’heure est venue… » (1). Sur le seuil de sa Passion, Jésus prie. Les Evangiles présentent Jésus en prière, « dans la montagne, à l’écart », mais ne disent rien du contenu de sa prière (Mt 14,23 ; // Mc 6,46). Il faudra une demande des disciples à être enseigné à prier, pour que Jésus y réponde avec le Notre Père (Lc 11,2-4).

Les mots de Jésus en prière, nous les entendons encore dans le jardin de Gethsémané (Mt 26,39), la plus courte sans doute, dans une supplication de quelques mots. Et ici, la plus développée, dans le chapitre 17 de l’Evangile selon Jean, qu’elle occupe entièrement.

Prédication offerte à l'assemblée paroissiale de Bourg-en-Lavaux. Texte du jour: La prière de Jésus en Jean 17.

Cette prière d’adieu (comme on a pu la nommer) conclut les derniers entretiens de Jésus avec ses disciples (13 – 17). Des entretiens dans lesquels Jésus se révèle de manière plus intime qu’en public : « Je ne vous appelle plus serviteurs, (leur dira-t-il)…  Je vous appelle amis, parce que tout ce que j’ai entendu auprès de mon Père, je vous l’ai fait connaître. » (15,15).

Mais n’est-ce qu’une prière d’adieu ? Dans la peinture d’Arcabas sur votre feuillet, je vois Jésus, les yeux fermés. Rassemblé à l’intérieur de son être, il parle à son Père. La douceur de son visage ne doit pas faire oublier sa détermination à prendre soin de ses disciples.

Mais encore, Jésus, derrière ses yeux clos, contemple aussi son avenir, dans la communauté des croyants qui viendront après lui – et dont nous faisons partie aujourd’hui. Ces yeux fermés et se mains levées de Jésus en prière ouvre les nôtres sur les intentions et les précautions qu’il a adressé au Père et qui sont nécessaires à notre vie de foi, aujourd’hui encore.

Jésus nous offre ici, au plus profond de son être, pour notre génération, une prière de confiance, d’amour et d’unité.

Dans l’extrait que nous lisons ce matin, les expressions « je ne suis plus dans le monde », « j’étais avec eux », « je vais à toi » disent clairement que l’avenir des disciples dans le monde se fera sans sa présence, telle que ses disciples ont connu. Et le monde qui les attend promet de ne pas être tendre avec eux (14-15)… Et d’ailleurs, l’est-il avec nous ?

Par ses mains ouvertes, confiantes autant que suppliantes, face à l’hostilité du monde, Jésus demande à Dieu de nous en garder. Mais cette protection ne sera pas celle du confort douillet ni de la facilité.

Elle sera celle de l’assurance de ne pas périr par le Mauvais… Et pas la peine de chercher le diable pour savoir de quoi l’on parle. L’actualité de notre monde ne nous donne-t-elle pas des exemples, aussi nombreux que douloureux, de ce qui pourrait nous détruire physiquement !

Notre paix, notre confiance, elle, vient que cette protection a sa source dans notre appartenance au Christ : elle n’empêche pas la difficulté ou la détresse, mais elle suscite notre courage comme notre consolation par cette réalité : nous sommes pas du monde, mais de son univers à lui, de son Royaume à lui !

Alors protégés – oui, certes – mais pas « chouchouté » pour autant ! Si Jésus est Fils, il n’est pas un fils à papa – et nous non plus ! Comme le Christ a été exposé à l’hostilité du monde, nous le sommes aussi (15). Un disciple n’est pas plus grand que son maître… mais la protection du disciple n’est pas moindre que celle du maître ! « En ce monde vous êtes dans la détresse, mais prenez courage, j’ai vaincu le monde. » (Jn16,33)

La conclusion de notre extrait parle d’un envoi des disciples dans le monde soutenu par la consécration du Christ. Ainsi, la consécration précéderait-elle la mission ? Pas nécessairement… Je me rappelle ces mots de l’Abbé Pierre : « Il ne faut pas attendre d’être parfait pour commencer quelque chose de bien. »

Mais tout de même, pour reprendre des mots de cet Evangile, Jésus envoie en mission des disciples et non des mercenaires. L’authenticité de notre consécration ne fait-elle pas celle de notre témoignage ? Si nous ne sommes pas à l’origine de notre mission, ne sommes-nous pas responsables de sa réalisation ?

Et pour la réaliser, quelle est notre ressource ? Ce visage paisible du Christ, peint par Arcabas, me donne à voir la source de la consécration du Christ : sa confiance en son Père.

C’est ainsi que la consécration de Jésus est la source de la nôtre. Et où la trouver mieux que dans sa Parole? La Parole du Christ, ce ne sont pas que des mots… mais des gestes, des attitudes, des attentions portées à autrui. Bref, la parole du Christ, dans les Evangiles, cela ressemble à des rencontres dans la vérité.

Et si cette parole est dite vérité, elle n’est pas pour autant un enfermement dans la peur, un esclavage d’exigences inatteignables, de contraintes sans fin ! « Vous connaitrez la vérité, et la vérité fera de vous des êtres libres. » (8,32). Une vérité simple, étonnante et intense, comme les traits et couleurs de ce tableau.

« Vérité ? » J’entends poindre la question : « Qu’est-ce que la vérité ? » (18,38) Vous vous souvenez, je pense, que Jésus ne donnera aucune réponse à cette question du gouverneur Ponce Pilate ?... Et pourtant, la vérité, elle se tenait justement en face de lui !

 « Et pour eux, je me consacre moi-même. » (19). Ces mots de Jésus semblent sortis de cette représentation du Christ. Quelle joie – et non quelle crainte – se donne à nous dans les mots de Jésus ! Jésus, le Christ, inspirant notre vie, fécondant nos pensées, soutenant nos actes… pour nous rendre non pas esclaves, mais libres !

Libres d’entreprendre, de chercher, de se tromper… Libres parce que la loi de Dieu est « au fond de nous-mêmes », selon la promesse de Jérémie, dans notre être profond ! La promesse réalisée en Christ d’une alliance de vérité selon le cœur de Dieu !

Libres de servir et d’aimer notre prochain, comme nous l’y invite la première épitre de Jean : rendre l’amour de Dieu « visible » dans notre amour concret pour autrui.

Et une fois encore, à l’image du Christ, cet amour ne sera pas fait que des mots, mais des actions, aussi généreuses que coûteuses, aussi déraisonnables, parfois, que nécessaires !

« Mes enfants, (dit encore Jean dans sa lettre)… n’aimons pas seulement en paroles, avec de beaux discours ; faisons preuve d’un véritable amour qui se manifeste par des actes. » (1 Jn 3,18). Et l’apôtre Paul conclura : « … vous accomplirez ainsi la loi du Christ. » (Ga 6 ,2)

Jésus en prière, par Arcabas


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