(2 décembre 2020)
C’est lors de mes études d’art dramatique (à
la Haute école de théâtre de Genève, dans les années 80) que mon cheminement
spirituel a débuté.
Lors d’un cours de dramaturgie (un séminaire de formation à
la mise en scène) notre professeur utilisait comme outil pédagogique des
exemples de peintures religieuses pour nous faire observer comment les
peintres avaient « mis en scène » des textes bibliques. Les exemples
étaient pris dans le Nouveau Testament, en particulier le dernier repas de
Jésus avec ses disciples.
A la suite de ce cours, je formais le projet de
lire les Évangiles pendant mes vacances d'été, par curiosité intellectuelle et du
fait qu’un grand nombre d’œuvres artistiques en Europe (peinture, musique,
théâtre) s’en étaient inspirées.
Mais cette lecture des Évangiles me surpris et me
toucha bien plus profondément que je ne l’avais prévu. Au lieu d'un livre ne contenant
que de « pieux conseils » que j’imaginais, je découvrais un passionnant
récit d'une vie de Jésus de Nazareth et sa lutte pour éveiller en nous le
meilleur d’une vie consacrée à Dieu.
Les Évangiles devinrent ainsi mon livre de chevet. Au
cours de mes lectures, mon intérêt et mon affection pour ce « Jésus de
Nazareth » grandissait. Je découvrais une confiance toujours plus libre et
intime en sa personne. Et c'est en lisant un chapitre de l’Évangile selon Jean,
que ma vie fut bouleversée.
J'aimais lire le chapitre 17 de cet Évangile qui
présente Jésus priant pour les siens. Je me reconnaissais d'ailleurs tout à
fait dans les "siens", je cherchais même à vivre comme un disciple
de Jésus. Et pourtant, si l'on m'avait posé la question alors, je ne me serais
pas définit comme chrétien. Pour moi, je cherchais simplement à
vivre, dans ma vie quotidienne, les paroles et les gestes de Jésus. J'ignorais
totalement alors que c'était sans doute la meilleur définition d’un chrétien
que l'on puisse faire!
Mais ce jour-là, je lisais ces paroles de Jésus priant, en parlant de ses disciples justement : "Je t'ai fait
connaître à ceux que tu as pris dans le monde pour me les confier. Ils
t'appartenaient, tu me les as confiés, et ils ont obéi à ta parole. Ils savent
maintenant que tout ce que tu m'as donné vient de toi, car je leur ai donné les
paroles que tu m'as donnée, et ils les ont accueillies. Ils ont reconnu que je
suis vraiment venu de toi et ils ont cru que tu m'as envoyé." (Évangile selon Jean, 17,7-8)
Et soudain, ce fut comme un brusque coup de vent en
mon être intérieur ! Ces mots me parlaient, ce jour-là, avec une clarté et une
joie que je n’avais pas connues jusqu’alors - et avec quelle force? Ils ne me
soufflaient rien de moins que Jésus était « venu de Dieu », et qu’il
était Dieu ! Un Vivant au-delà du vivant, qui m’accueillait et m’aimait inconditionnellement. Le
Dieu du ciel venait inonder de son amour ma vie d’humain sur terre :
j’étais dans le Christ, et le Christ était en moi.
Ce bouleversement intérieur ne m’a plus quitté depuis ce jour, en 1984. Et cette conviction que
Dieu est amour, et que le Christ nous fait la grâce de le vivre dans une
humble confiance du cœur, est sans doute au cœur de chacun de mes gestes et chacune
de mes paroles, aujourd’hui.
Je
dois mon titre "Surpris par la joie" à Clive Staples Lewis, plus connu
sous le nom de C. S. Lewis, pour son ouvrage autobiographique. Il fut un
écrivain et universitaire britannique. Connu pour ses travaux sur la
littérature médiévale, ses ouvrages de critique littéraire et
d'apologétique du christianisme, ainsi que pour la série des Chroniques
de Narnia. Il est un auteur que j’apprécie et que je relis toujours très
volontiers.