lundi 2 août 2021

Ton enfant intérieur...

Je vous invite à écouter ces mots du poète Khalil Gibran : Le musicien peut chanter pour vous la plus belle des mélodies qui est dans l’univers. Mais il ne peut pas vous donner l’oreille qui en saisira la beauté. Cette citation est tirée d’un recueil de textes poétiques qui a été très populaire dans les années 1960 : le Prophète. Ce Prophète nous avertit qu’aussi belle que puisse être la musique, elle ne peut rien de plus sans quelqu’un disposé à l’entendre et à l’apprécier. Une parole qui peut rester un cri dans le désert ? Vous entendez sans doute comme moi, un des prophètes, cités dans nos lectures de ce matin - et pas des moindres : Jean le Baptiste !

Dans le texte de Luc, nous lisons. La parole fut adressée dans le désert à Jean, littéralement, cette parole est sur lui : nécessaire, urgente, inspirée. C’est l’appel d’un grand prophète, selon les mots mêmes de Jésus : Parmi ceux qui sont nés de femmes, il n’y en a point de plus grand que Jean. Et cependant, poursuis Jésus, le plus petit dans le Royaume de Dieu est plus grand que lui ! (Lc 7,28). C’est dire l’importance pour nous d’entendre et d’accueillir cette parole de Dieu adressée à la communauté de foi que nous formons ici ce matin. En réalité, il n'est pas nécessaire de ressembler à ces prophètes donnant la parole de Dieu, mais c'est à la vivre en profondeur dans notre vie que nous sommes appelés.

Courte prédication offerte aux personnes détenues à Genève. Textes bibliques: Ésaïe 2,12-18; 20,3-5 et Évangile de Luc 3,1-6.

Écoutons maintenant le prophète Ésaïe. Au cœur de cette parole, de surprenants bouleversements géographiques : Des sentiers corrigés, des ravins comblés, des montagnes abaissées. Cette description n’est pas un cataclysme, elle a un sens symbolique : Dieu vient abaisser les grandeurs terrestres, les puissances humaines et leurs pouvoirs orgueilleux. Le Seigneur vient élever ce qui est humble, fragile, souvent ignoré, quand ce n’est pas méprisé ! En somme, c’est à l’humilité que ces bouleversements nous appellent.

Le cantique de Marie le dit à sa manière, lorsqu'elle jubile : Il a jeté les puissants à bas de leurs trônes et il a élevé les humbles (Lc 1,52). Mais il ne s'agit pas d'une vengeance des faibles sur les forts, cela concerne des hommes et femmes sans autre pouvoir particulier – comme nous. Dans une parabole, Luc rapporte cette conclusion de Jésus : Car tout homme qui s’élève sera abaissé et celui qui s’abaisse sera élevé (Lc 14,11). Plus qu'une menace, c'est un appel exigent du Christ à accueillir les vertus de l'humilité pour qu'elle fasse fructifier notre autorité spirituelle.

Dans la finale de la citation du prophète Ésaïe, alors que les autre Evangiles ne citent que les bouleversements géographiques, Luc poursuit cette citation jusqu’à ces mots : … et tous verront le salut de Dieu. Une manière de souligner la dimension universelle du salut en Jésus Christ. Voir ce salut de Dieu pour tous les peuples, dans la présence d'un petit enfant, vulnérable et discret, cela commence par l'accueillir dans notre vie intérieure. Et voir grandir notre enfant intérieur, dans sa force fragile comme dans sa joie créative. En cet instant, laissons-le reposer dans l’intimité de notre être, comme Siméon l'avait tenu au creux de ses bras « ce salut que Dieu a préparé à la face de tous les peuples » (Lc 2,30-31).



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