vendredi 22 avril 2022

Mémoire, délire et perplexité (Une méditation de Pâques - Republication)

"Dans les cimetières, ce qu’on met en terre ce sont des sourires de toutes les couleurs”. Ces mots sont de de Christian Bobin. Vous allez peut-être me dire : «… c’est un peu fort : nous sommes le jour de Pâques, le jour de la résurrection du Christ, et vous nous parlez de quoi ? d’un cimetière !

Pourtant, c’est bien là que notre récit commence : dans un cimetière, dans un tombeau ! Un lieu de mort. Un romancier anglais écrivait que « la mort est la démocratie suprême » (Neil Gaiman) : que l’on soit pauvre ou riche, bon ou méchant, tous, nous y reposerons un jour…

Courte prédication. Partagée en aumônerie pour le dimanche de Pâques. Textes bibliques du jour : Livre des Actes, chapitre 10 et Evangile de Luc, chapitre 24, 1-12.

Pour ma part, j’aime visiter les cimetières. Certains me taquinent un peu à ce sujet, car ils n'y trouvent que peu d’intérêt. Alors pourquoi cette curiosité, pourquoi être ému en visitant ces lieux – n’en déplaise à certains de mes amis… ?

Eh bien, je suis touché par les vies qui sont rappelées dans ce lieu. Sur chacune de ces tombes : des noms, des dates, parfois un verset biblique, une photo… Et j’éprouve du respect pour ces personnes qui reposent là… et dont je fais mémoire. Ces vies, diverses et achevées, sont sans doute les « sourires de toutes les couleurs »… dont parle Christian Bobin.

Mais revenons à notre Evangile, et retrouvons ces femmes qui viennent au tombeau. Avec une première surprise, lorsqu’on étudie les mots employés par Luc: quand qu’il écrit « tombe », au début de ce récit, il emploie un mot qui veut dire aussi « mémoire », « souvenir ». Tiens, tiens…

En se rendant au tombeau, ces femmes viennent terminer la toilette mortuaire de Jésus, mais elles ont aussi rendez-vous avec leur mémoire, leurs souvenirs qui les relient à leur maître. Mais soudain, ce qu’elles voient les effraient : le tombeau est vide, et il y ces êtres lumineux qui se présentent à elles… Elles ont peur !

Et puis, il y a ce qu’elles entendent de ces deux êtres célestes : Et puis, il y a ce qu’elles entendent de ces deux êtres célestes : « Rappelez-vous »… Rappelez-vous les paroles que Jésus a prononcées. On pense à la Bonne Nouvelle qu’il a annoncée et que nous avons lu tout à l’heure dans le livre des Actes – comme une confession de foi – dans la bouche de Pierre.

Mais, plus précisément, « rappelez-vous » les annonces de sa Passion qu’il a faites, à plusieurs reprises. Et enfin, le sens qu’il a donné à ce tombeau vide : « … il faut qu’il soit crucifié… et au troisième jour, il ressuscite » !

Mais comment ces femmes passent-elles de la peur à foi, de la mort à la vie ? Eh bien, elles répondent à l’invitation des êtres célestes : Elles se « rappelèrent ». Elles laissent les paroles de Jésus revenir à leur mémoire ; elles laissent les paroles de Jésus reprendre vie en elles.

Elles se rappellent les paroles dites par celui qui est – désormais – Vivant ! Alors, elles reviennent à la vie avec ce Jésus vivant ! Et elles proclament, non plus seulement ce qu’elles ont vu dans la peur, mais ce qu’elles savent désormais dans leur mémoire, dans leur foi – qui est notre foi : le Christ est ressuscité !

Et c’est bien ce que nous vivons ensemble, en ce jour : Nous accueillons la Parole de Jésus pour qu’elle prenne vie en nous ! Et nous nous rappelons que la vie du Christ ressuscité – nous ressuscitera. « Jésus dit : Je suis la résurrection et la vie : celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? » (Jn 11, 25-26)

Les femmes au tombeau. Fra Angelico (1442)



samedi 16 avril 2022

"Il vit et il crut..." (Prédication du dimanche de Pâques dans les prisons)

« Il vit et il crut »... VOIRCROIRE… deux verbes qui n’ont pas toujours fait bon ménage quand on parle de la foi. Et pourtant, comment vivre sans eux ? VOIR c’est le verbe qui dit que nous avons deux yeux et qu’ils ont une importance cruciale pour observer, s’orienter, se reconnaître… Et bien sûr, il nous arrive de ne pas voir. CROIRE c’est le verbe qui dit que tout ne se voit pas avec les yeux, c’est le verbe pour dire la confiance, mais aussi la conviction… Car nous pouvons avoir de bonnes raisons de croire.

 

Le voir et le croire apparaissent dans plusieurs scènes du chapitre 20 de l’Évangile de Jean et c’est consciemment que l’évangéliste développe la question du VOIR et du CROIRE ! Voir pour croire ? Que faut-il voir pour croire ? Et enfin : peut-on croire sans voir ?

 

Courte prédication offerte aux détenu.e.s des prisons à Genève lors d'une célébration œcuménique de Pâques. Texte de L’Évangile: Jean 20,1-10.


« Il vit et il crut » … à cause d’un SIGNE. Dans l’Évangile de Jean, ce mot est très important. Les miracles accomplis par Jésus, par exemple, sont des signes, c’est-à-dire qu’ils sont porteurs d’un message qui nous invite à la confiance dans le Christ, à la foi en Dieu !

 

En cet instant, ce  disciple « qui a couru plus vite que Pierre » vient d’entrer dans un tombeau vide. Et comme Pierre avant lui, il voit le signe : ces bandelettes « posées là » et « le linge qui avait recouvert la tête »… mais qui est « roulé à part, dans une autre endroit. »

 

Ainsi, ce tombeau n’est pas seulement vide, il contient une INTRIGUE… encore une manière pour l’évangéliste de composer ces récits de résurrection. Ces bandelettes, comme abandonnées,  et surtout ce linge soigneusement roulé à part… tout cela ne contredit-il pas le VOIR de Marie de Magdala : « On a enlevé du tombeau le Seigneur, et nous ne savons pas où on l’a mis. » (2 ) ? Tout cela ne MONTRE-T-IL pas au contraire que le corps n’a été ni volé ni déplacé, tout cela ne laisse-t-il pas VOIR des gestes conscients pour s’en défaire en quittant ce tombeau ? 

 

Au VOIR paniqué de Marie, il y eu le VOIR stérile de Pierre. Maintenant, « l’autre disciple, celui qui était arrivé le premier, entre à son tour dans le tombeau… » Et c’est le VOIR de la foi : il n’y plus de peur ni de doute : « Jésus devait se relever d’entre les morts » (9) Eh bien, cela est ACCOMPLI !

 

Est-ce que des paroles de Jésus lui sont revenues en mémoire ? Sans doute… Comme celles dites à Marthe devant le tombeau de Lazare : « Je suis la résurrection et la vie : celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra. Et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? (11.25) Et nous, croyons-nous cela ? 

 

Alors que le disciple que Jésus aimait VOIT et CROIT sur paroles, ces signes de la résurrection, alors que ces paroles de Jésus ne sont pas encore « l’Écriture selon laquelle Jésus devait se relever d’entre les morts » (9)…  nous, qui écoutons cet Évangile aujourd’hui, que voyons-nous, que lisons-nous, que croyons-nous ? Accepterons-nous de vivre ce passage du mystère à l’intrigue, de l’intrigue au sens, et du sens à la foi ?

 

Nous n’avons aujourd’hui que « l’Écriture » pour croire… Oui, mais pas seulement : nous avons aussi cette béatitude que Jésus adressa à Thomas : « Parce que tu m’as VU, tu as CRU ; bienheureux (celles et ceux) qui, sans avoir VU, ont CRU. » (29)

 

Christ est ressuscité ! Oui, il est vraiment ressuscité !



Illustration: Berna

Dans la hâte d'un soir, un homme vient au jour... (Une méditation du Vendredi Saint)

Le soir du Vendredi Saint, nous rencontrons des détenus de la prison de La Brenaz pour une veillée Pascale. Je partage ici avec vous - telle quelle - une méditation qui fait le lien entre deux temps de partages sur les 7 Paroles du Christ en croix et la découverte du tombeau vide en Jean 20.

Maintenant: la mort a fait son œuvre, Jésus n’est plus.

Dans notre veillée de ce soir, nous sommes exactement entre l’instant de la mort de Jésus et la découverte de son tombeau vide, que nous lirons tout à l’heure (Jn 20)

Je vous propose maintenant de vivre un temps de méditation, de prière et de chants. Pour nous imprégner un peu du deuil dans lesquels tous les proches de Jésus se trouvaient !

Mais avant, je vous invite à écouter, le cantique de Taizé : Notre âme attend le Seigneur, en lui, la joie de notre cœur.

Vivre un temps de suspension entre la mort et la résurrection. Pour préparer cette méditation, j'ai pris le temps de relire les textes des quatre évangiles qui décrivent un moment très particulier : la mise au tombeau de Jésus.

J’ai alors repensé aux familles en deuil que j’ai accompagnées. Et ces passages de l’Écriture m'ont rappelé leur situation lors de la perte d’un proche : on a beau être choqués, bouleversés, tristes, anéantis… Il faut agir, prendre des décisions, préparer les obsèques, le service funèbres. C’est comme un tourbillon émotionnel dans lequel on prend des décisions, en étant aussi conscient que possible, mais émotionnellement… on est ailleurs ! 

Et pareillement dans les Évangiles, y compris la hâte dans les préparatifs, car dans ces textes la Préparation du Sabbat oblige à faire les choses dans la précipitation !

Parmi les personnes qui devaient agir vite, il y a bien sûr le groupe des femmes qui tiendront un rôle important, mais il y a aussi un homme qui va se révéler au grand jour : Joseph d’Arimathée.

Les textes nous le décrivent comme riche, pieux, et membre du Sanhédrin. Il nous disent encore qu’il est un disciple de Jésus, mais en secret par crainte des juifs… et cependant, il n'a pas cautionné le décision de faire mourir Jésus. 

Maintenant, il va montrer clairement sa considération envers Jésus, entreprendre des décisions qui ne laisseront pas de doutes sur son lien avec celui qui vient d’être supplicié et abandonné sur cette croix !

Et je me demande : la mort de Jésus peut-elle aussi m’aider à vivre ma foi plus profondément et avec plus d’authenticité ? (Puis, échanges avec les détenus)

Je vous laisse y penser quelques instant en écoutant le cantique de Taizé : Christe Salvatore.

Joseph va montrer également beaucoup de courage et d’empathie. Le courage (le mot est clairement dans l’Évangile de Marc)de se présenter à Pilate pour lui demander le corps de Jésus. Ce n’est pas anodin : pour les romains, un supplicié restait sans tombeau… Et peut-être bien que les autres chefs religieux, malgré la Thora qui l’exige, se seraient bien accommodés de cela… Mais pas Joseph d’Arimathée !

Son courage étonne Pilate qui voit un chef religieux lui demander un geste de clémence, juste après que d'autres aient réclamé sa mort. Il aurait pu refuser, mais il accepte ! Et Joseph va jusqu’à prendre soin du corps de Jésus : l’envelopper d’un linceul, l’embaumer, l’oindre d’aromates et l’envelopper de bandelettes, selon la coutume juive.

La précipitation exigée par la préparation de la Pâques va même le conduire à un geste de grande générosité : c’est dans son propre tombeau, qu’il avait préparé pour lui, qu’il va mettre le corps défunt de Jésus. Quelle image saisissante ! Le tombeau que cet homme offre généreusement pour recueillir la mort de Jésus, va devenir le tombeau de la vie de Jésus, le signe de sa résurrection !

Et je me demande : courage, empathie, générosité… ? La mort peut-elle m’apprendre le sens de ma propre vie et de ma mort ? Quels gestes, quelles attitudes, la mort peut-elle me conduire à offrir aux personnes en deuils ? Est-ce que ces gestes de Joseph, me rappelle des gestes que j'ai accomplis pour me proches dans le passé? (Puis, échanges avec les détenus)

Je vous laisse y penser quelques instant en écoutant Jésus le cantique de Taizé: Jésus, ma joie, mon espérance et ma vie.

Avant de conclure, je vous invite à la prière – spontanément… dans votre cœur ou à haute voix. Et nous chanterons ensemble ensuite le cantique de Taizé : Fiez-vous en lui.

 



jeudi 24 mars 2022

Sois sans crainte, désormais...

"La mer, c’est la liberté ! Au large, il n’y a pas un jour qui ressemble à un autre. Quand on y a goûté, hors de question de retourner à une activité à terre." 

Ce témoignage est celui d’un matelot. Michaël a été ouvrier en usine. C’est après une longue période de chômage qu’il s’est décidé à postuler sur un chalutier. Aujourd’hui, il appartient à l’équipage du « Maria Magdalena » (Ça ne s’invente pas… !) Et il ne changerait de métier pour rien au monde !

Courte prédication partagée en aumônerie, à Genève. Lecture de l’Évangile de Luc chapitre 5, versets 1 à 11. La pêche miraculeuse.

Ce témoignage nous dit la passion de cet homme pour son métier : marin pêcheur ! Est-ce que parmi nous, des personnes ont-elles pratiqué ce métier ? Ou un autre métier qui les a passionnés ? Ou peut-être un métier, plus tranquille - Si cela existe?...

Ce sont justement des marins pêcheurs que nous rencontrons dans l’Évangile de ce jour. Et déjà à l’époque, c’est un dur métier… Un métier passionnant ? Pierre dans ce texte, n’en dit rien. Mais ces hommes vont être animé d’une autre passion et ils seront appelés à pratiquer une autre pêche.

Au cœur de ce texte, il y a la réaction de Pierre. Aussi surprenante qu’impressionnante : « Simon-Pierre tomba aux genoux de Jésus, en disant : « Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur. » (8). Mais qu’est-ce que Pierre a vu ou entendu pour réagir ainsi ? Le texte précise : « C’est que l’effroi l’avait saisi, lui et tous ceux qui étaient avec lui, devant la quantité de poissons qu’ils avaient pris. » (9)

Et il sait de quoi il parle : n’a-t-il pas rappeler à ce Jésus, qui lui demande de repartir en pêche, qu’ils ont travaillé toute la nuit sans aucun résultat ? Mais il se souvient sans doute aussi de sa parole affirmant à ce même Jésus son choix de reprendre la pêche sur sa Parole ?

Maintenant, cette pêche surabondante est là, devant lui ! La Parole de ce prophète, Jésus, a une autorité qui n’est pas que celle d’un beau parleur de Dieu : elle réalise des miracles, des signes. Elle porte du sens, elle dit que le Royaume de Dieu est là, et qu’il fait des dons inouïs aux humains ! Pierre saisi-t-il peut-être que cet homme est de Dieu… Et peut-être Dieu lui-même ? Et peut-on voir Dieu et vire ? D’où sa peur et son humiliation ?

Il faut souligner que ce n’est pas une condamnation indirecte de Jésus qui conduit Pierre à cette attitude, mais plutôt l’abondance du geste de ce prophète de Nazareth !

Dans les Évangiles, cette abondance est le signe de la générosité du Royaume de Dieu venant à nous. Que ce soit un semeur qui disperse abondamment son grain ; une semence minuscule qui devient un arbre immense…

Ou encore lorsque Jésus multiplie quelques pains et poissons pour des milliers de gens... Quand il transforme plusieurs litres d’eau en centaines de litres de vin… Et enfin, comme ici, lorsque sur sa parole, il remplit ces filets de pêcheurs, à tel point qu’ils sont prêts à rompre… 

Chacun de ces exemples dit la même chose : Dieu est accueillant, bienveillant, généreux, favorable… envers nous.

Le théologien François Bovon notait : "Quand la parole de Dieu retentit elle ne nous parle pas simplement d’une vie à espérer, elle suscite dès maintenant en nous la vie nouvelle!" Oui : cette parole de Jésus nous remplis de la vie de Dieu ! Comme ces filets remplis de poissons !

Tout cela pour nous impressionner ? Ou pour nous humilier ? La parole de Jésus « soit sans crainte… » invite plutôt à la confiance… et à l’acceptation de soi ! 

Et il y a aussi un appel à le suivre ! Que ce soit pour Pierre, les disciples qui sont avec lui, la foule qui écoutent la Parole du Christ – et pour nous aujourd’hui… ces mots nous concernent tous ! 

Et je me demande: Comment comprendrons-nous cet appel à être « pêcheur d’hommes » ? Quel réponse lui donnerons-nous ?

A tout le moins, en accueillant, avec confiance, cette vie pleine de sens que le Christ nous offre et qu’il nous appelle à partager avec ceux qui sont autour de nous. Et cette pêche ne fait pas de ces personnes des « captifs » de notre filet… mais des personnes appelées à la vie et la liberté en Christ !

La pêche miraculeuse - Mosaïque de Marko Rupnik.

mardi 15 mars 2022

Jésus, transfiguré ? Pour qui devenir ?...

(Poème inspiré de la transfiguration de Jésus en Lc 9)

Mais qui es-tu, quand tu parais dans ce vêtement si extraordinaire… ? 

Quel est ce visage, portant une expression ignorée par ceux qui te voyaient pourtant chaque jour ? 
 
Que signifie tant d’éclat, « brillant comme un éclair » ? 
 
C’est le mot de l’Évangéliste Luc, celui dont on use pour décrire les éclats de lumières 
lorsqu’ils frappent la terre pendant l’orage.
 
Si ton visage est autre c'est pour m'inviter à te chercher au cœur de mon être. 
 
Si ton vêtement n’est pas seulement lumineux… C'est qu'il est comme la foudre qui frappe mon entendement. 
 
Et tous deux viennent ensemble bouleverser ma connaissance du « Christ de Dieu » !
 
Et me voici de même... transfiguré !
 

 

samedi 12 mars 2022

Eblouissement intérieur...

« Pendant qu’il priait »… Dans l’Evangile de Luc, particulièrement, il se passe beaucoup de choses importantes pendant que Jésus est en prière. Et tout d’abord, lors de son baptême (3,21-22) quand une voix divine proclame que Jésus est né de Dieu. Et l’on retrouve cette même voix, dans notre texte, qui s’adresse aux témoins de cette scène – dont nous sommes : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai élu, écoutez-le ! » (9.35). Et quelques lignes plus haut lorsque Jésus, à nouveau en prière, interroge ensuite ses disciples sur les dire des foules à son sujet, nous nous rappelons la confession de foi de Pierre : « Tu es le Christ de Dieu ! » (9,20).


Courte prédication offerte aux détenu.e.s des prisons à Genève. Texte de l'Evangile du jour: Luc 9, 28-36.


C’est bien la question de l’identité de Jésus que met en scène cet événement en nous révélant l’apparence si extraordinaire du « Christ de Dieu » que Pierre vient de nommer. Révéler est bien le mot juste pour en parler car il signifie ôter le voile sur une réalité cachée… Et ici, avec quel éclat !  Son vêtement devient « brillant comme un éclair », l’adjectif décrit les éclairs lorsqu’il frappe la terre pendant l’orage. Son vêtement n’est pas seulement blanc et lumineux… Il est comme la foudre qui frappe notre entendement ! Et bouleverse notre connaissance de Jésus !

Et puis, son visage qui change d’aspect Je me demande : Était-il différent ou simplement plus intense ? Avait-il une expression inconnue jusque-là ?... Peut-être que son visage était celui que l’apôtre Jean cherche à nous décrire : « …lorsqu’il paraîtra, nous lui serons semblable, puisque nous le verrons tel qu’il est. » (1 Jn 3,2). Dans tous les cas, cette expérience est rapportée plusieurs fois chez les auteurs du Nouveau Testament, comme Pierre qui affirme très clairement « … l’avoir vu dans tous son éclat. » (2 P 1,16).

Et puis il y a cette « conférence au sommet », avec rien de moins que deux des plus grands témoins de l’Alliance, l’un et l’autre annonciateurs du Messie, l’un et l’autre ayant connu une mort mystérieuse… Et je me demande : pourquoi s’entretenir avec eux ?... Au moins cela en dit long sur l’autorité de Jésus qui parle d’égal et à égal avec ces deux figures de La Loi et des Prophètes !

Assister à une telle scène ? Il y a de quoi être bouleversé ! La parole insensée de Pierre est une méprise sans doute sur le sens de l’expérience qu’il vient de vivre. Jésus ne vient pas s’installer dans sa gloire, mais il vient la donner au monde, l’offrir à notre foi, au prix fort de sa Passion, mais aussi dans la lumière de Pâques vers laquelle nous cheminons ces jours.

Cette scène est si extraordinaire que l’on peut se demander : qu’a-t-elle à nous dire pour notre vie quotidienne ? La mosaïque de Marko Rupnik, illustrant cet épisode, nous ouvre une piste. Tout d’abord, en la voyant, je suis surpris par sa simplicité : pas de lumière aveuglante, pas de nuée, et des figures comme figées…Ou serait-ce en réalité une image de paix intérieure, de recueillement devant le mystère de cet événement ?

Comme Jésus qui refuse de s’installer dans l’extraordinaire de cette scène, Rupnik nous invite peut-être à nous plonger dans la dimension spirituelle de cette scène ? Nous arrêter sur ce dévoilement céleste et chercher en nous l’espace qui pourrait nous y relier aujourd’hui ? Ce lieu, ne serait-il pas notre être intérieur où notre foi dans le Christ vivant s’exprime en priorité ?

Plutôt que dresser des tentes sur une montagne, fut-ce à la mémoire de grands personnages de la foi, c’est au profond de notre être que le Christ glorieux vient faire sa demeure. Aimés et pacifiés par le Christ, nous célébrons sa présence en nous qui est la source d’une vie « qui jaillira jusque dans la vie éternelle » ! (Jn 4,14)




dimanche 27 février 2022

"Loin de me léser, tu m'enrichis"...

Depuis tant d'année que je t'approche, cher vivant humain,

Et que j'ai le privilège de goûter à ton mystère,

tu m’as laissé approcher ta saveur,

voire un peu de ton sens, si j’avais de la chance...

Comme une manière de t’apprivoiser.

Mais jamais tu ne m'as pas permis de t’élucider entièrement.

Je l'ai d'abord regretté, avant d'y consentir.

Et grand bien m'en a pris.

Car, depuis, je vis cette joie, simple et vraie,

de me réchauffer aux rayons de ta lumière,

si apaisante et vraie.

Et tu remplis mon être de clarté.


Er vous accomplirez ainsi la loi du Christ (La prière de Jésus)...

En désignant l’illustration proposée sur un feuillet à l’assemblée – Votre illustration sur le blog) : « Jésus leva les yeux au ciel et di...