« Pendant qu’il priait »…
Dans l’Evangile de Luc, particulièrement, il se passe beaucoup de choses
importantes pendant que Jésus est en prière. Et tout d’abord, lors de son
baptême (3,21-22) quand une voix divine proclame que Jésus est né de Dieu. Et
l’on retrouve cette même voix, dans notre texte, qui s’adresse aux témoins de
cette scène – dont nous sommes : « Celui-ci est mon Fils, celui
que j’ai élu, écoutez-le ! » (9.35). Et quelques
lignes plus haut lorsque Jésus, à nouveau en prière, interroge ensuite ses
disciples sur les dire des foules à son sujet, nous nous rappelons la
confession de foi de Pierre : « Tu es le Christ de Dieu ! »
(9,20).
Courte prédication offerte aux détenu.e.s des prisons à Genève. Texte de l'Evangile du jour: Luc 9, 28-36.
C’est bien la question
de l’identité de Jésus que met en scène cet événement en nous révélant l’apparence
si extraordinaire du « Christ de Dieu » que
Pierre vient de nommer. Révéler est bien le mot juste pour en parler car
il signifie ôter le voile sur une réalité cachée… Et ici, avec quel
éclat ! Son vêtement devient « brillant
comme un éclair », l’adjectif décrit les éclairs lorsqu’il frappe la terre
pendant l’orage. Son vêtement n’est pas seulement blanc et lumineux… Il est
comme la foudre qui frappe notre entendement ! Et bouleverse notre connaissance
de Jésus !
Et puis, son visage qui
change d’aspect… Je me demande : Était-il
différent ou simplement plus intense ? Avait-il une expression inconnue jusque-là
?... Peut-être que son visage était celui que l’apôtre Jean cherche à
nous décrire : « …lorsqu’il paraîtra, nous lui serons semblable,
puisque nous le verrons tel qu’il est. » (1 Jn 3,2).
Dans tous les cas, cette expérience est rapportée plusieurs fois chez les
auteurs du Nouveau Testament, comme Pierre qui affirme très clairement « …
l’avoir vu dans tous son éclat. » (2 P 1,16).
Et puis il y a cette «
conférence au sommet », avec rien de moins que deux des plus grands témoins de
l’Alliance, l’un et l’autre annonciateurs du Messie, l’un et l’autre ayant
connu une mort mystérieuse… Et je me demande : pourquoi s’entretenir avec
eux ?... Au moins cela en dit long sur l’autorité de Jésus qui parle
d’égal et à égal avec ces deux figures de La Loi et des Prophètes !
Assister à une telle
scène ? Il y a de quoi être bouleversé ! La parole insensée de
Pierre est une méprise sans doute sur le sens de l’expérience qu’il vient de
vivre. Jésus ne vient pas s’installer dans sa gloire, mais il vient la donner
au monde, l’offrir à notre foi, au prix fort de sa Passion, mais aussi dans la
lumière de Pâques vers laquelle nous cheminons ces jours.
Cette scène est si
extraordinaire que l’on peut se demander : qu’a-t-elle à nous dire pour
notre vie quotidienne ? La mosaïque de Marko Rupnik, illustrant cet
épisode, nous ouvre une piste. Tout d’abord, en la voyant, je suis surpris par
sa simplicité : pas de lumière aveuglante, pas de nuée, et des figures comme
figées…Ou serait-ce en réalité une image de paix intérieure, de recueillement
devant le mystère de cet événement ?
Comme Jésus qui refuse
de s’installer dans l’extraordinaire de cette scène, Rupnik nous invite
peut-être à nous plonger dans la dimension spirituelle de cette scène ? Nous
arrêter sur ce dévoilement céleste et chercher en nous l’espace qui pourrait
nous y relier aujourd’hui ? Ce lieu, ne serait-il pas notre être intérieur où
notre foi dans le Christ vivant s’exprime en priorité ?
Plutôt que dresser des tentes sur une montagne, fut-ce à la mémoire de grands personnages de la foi, c’est au profond de notre être que le Christ glorieux vient faire sa demeure. Aimés et pacifiés par le Christ, nous célébrons sa présence en nous qui est la source d’une vie « qui jaillira jusque dans la vie éternelle » ! (Jn 4,14)
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