Ce que nous avons entendu et
connu, ce que nos pères nous ont transmis, nous ne le tairons pas à leurs
descendants…
Le Psaume que nous avons lu est
présenté comme une « instruction. » Et si on le lit dans son entier, il évoque
l’histoire du peuple d’Israël et de sa foi, avec ses hauts et ses bas. Les
jours de fidélité à Dieu et les jours de lâcheté, les jours où la confiance et
la générosité semblent avoir disparus !
Ce psaume nous rappelle que,
pour être instruit, il est utile de se souvenir. Et pour se souvenir il est
nécessaire d’écouter avec attention A quoi, il faut ajouter : Ecouter,
c’est avoir une oreille qui a des gestes concrets de patience, de bonté, de générosité…
On le comprend, s’instruire,
c’est être à l’écoute de nos forces comme de nos faiblesses, c’est être à l’écoute
de notre courage et de notre humilité, c’est être à l’écoute des mots qui
disent la paix de Dieu en Jésus Christ.
Prédication offerte à
l’assemblée paroissiale de Savigny, à l’occasion d’un baptême. Textes du
jour : Psaume 78 et l’Evangile selon Matthieu, chapitre 3, les versets 13
à 17 (Le baptême de Jésus).
Mais l’intention de ce Psaume, ce
n’est pas seulement savoir ce qui s’est passé, et le comprendre, il nous
appelle encore à le transmettre, à ne pas le taire
(3), à le dire à la génération suivante (4)
Il ne faut pas longtemps à être
parents pour s’apercevoir que notre engagement auprès de nos enfants a, lui
aussi, ses hauts et ses bas, autant de joies que de déceptions. Mais nous avons
un atout très important, un invité de marque à nos côtés,
Il se tient encore dans un mot de
ce psaume qui donne de la saveur à nos joies et de la hauteur à nos peines, un
mot qui donne sons sens et sa valeur à toute notre histoire : c’est le mot Alliance (9)
L’Alliance, c’est plus qu’un
contrat, c’est un engagement mutuel, un lien qui nous unit à Dieu par un choix.
Mais notre alliance avec Dieu, c’est aussi un amour partagé. Cette alliance que
je porte, que nous portons, le dit à sa manière. Et cette alliance produit
aussi son fruit : aujourd’hui, il s’appelle André (prénom d'emprunt).
Ainsi, transmettre est une
tâche exigeante qui peut nous paraître parfois écrasante, mais « Dieu
donne ce qu’il ordonne »… Ainsi, transmettre, c’est se tenir debout et
dans la confiance en Dieu.
Jean voulut
s'y opposer : « C'est moi, disait-il, qui ai besoin d'être baptisé par toi, et
c'est toi qui viens à moi ! »
Je vous invite à regarder avec
moi l’illustration qui se trouve sur votre feuillet. C’est une photo que j’ai
prise dans l’Eglise de l’Abbaye de Montheron qui est à deux pas d’ici. Ce vitrail
du baptême de Jésus est l’œuvre de Françoise Ribas, en 1930. Mais quelle
modernité !
Ce qui m’a frappé en premier
lieu en le voyant est la posture de Jésus et de Jean Baptise. Leurs deux
visages inclinés, leurs yeux fermés…Comme s’ils regardaient ailleurs, comme
s’ils regardaient en eux-mêmes, au cœur de leur être. Alors que le ciel, lui,
s’ouvre comme jamais et resplendit de la joie de Dieu, dans ses rayons de
lumière ! Alors que l’Esprit Saint, comme une colombe, vient dire la
reconnaissance du Père pour l’humilité de son Fils ! Et c’est sans doute
ce qui se dit au cœur de ce passage d’Evangile : ce moment est fait de recueillement
et d’humilité
La composition de ce vitrail
semble être juste après la protestation de du prophète et l’affirmation de
Jésus : C’est moi qui ai besoin de venir à toi… et c’est toi
qui viens à moi.
Je ne peux m’empêcher de lire
dans ces mots, quelque chose de notre lien avec le Christ, de ce qu’il vient
nous donner à vivre en toute humilité. Il ne vient pas dominer, il vient aimer,
il vient servir. C’est moi qui ai besoin de venir à toi… et c’est toi qui
viens à moi.
Son
geste est un signe de sa mission et de son désir de se faire proche de notre
humanité, il dit sa solidarité avec notre condition humaine. Inutile donc de s’enorgueillir de ce baptême, car ce n’est
pas une médaille dont on se vante, mais un tablier dont il faudra se servir
pour aimer son prochain.
Mais Jésus lui répliqua : « Laisse faire maintenant : c'est ainsi qu'il
nous convient d'accomplir toute justice. »
La
justice, toute justice : comment
ignorer la valeur et l’importance de ce mot ?Justice ! Souvent
un appel, ou plutôt un cri, de colère ou de désespoir ! Mais ici, il est
dit simplement, d’une voix assurée, mais presque dans un souffle… Et pourtant,
il y a quelque chose de radical dans cette fidélité à la volonté de Dieu !
Car
derrière ces mots de toute justice, il y a la justice du Père, celle de
son règne à lui, le Royaume des cieux, que l’on entend ailleurs dans les mots
de Matthieu, que nous lisons ce matin, et qui disent l’essentiel de notre
besoin en la matière : « Cherchez
d'abord le Royaume et la justice de Dieu, et toute chose dont vous avez besoin
vous sera donné par surcroît. »
(Mt 6,33)
Et ce Royaume
des cieux et sa justice, il se dit encore dans ces mots que l’on entend
dans la voix et la joie du Père, alors que Jésus sort de l’eau : « Celui-ci
est mon Fils bien-aimé, celui qu'il m'a plu de choisir. » (17)
Cette
joie ne nous rappelle-t-elle pas un peu la nôtre, comme parents, lorsque nos enfants montrent des qualités qui
nous réjouisse et nous confortent dans la reconnaissance de les voir marcher
dans ce que nous leur avons transmis ?
Celui-ci est mon Fils bien-aimé
. Le titre à son importance ici pour Jésus, mais il n’est pas une exclusivité.
Car le titre de fils de Dieu, dans la Bible est une expression qui peut
être attribuée à qui délivre le peuple de l’oppression, ou encore à l’humain
qui fait preuve d’humanité, ou enfin, au roi David qui, lui aussi, est appelé « fils
de Dieu. »
Faut-il
en être choqué... ? ou y avoir part, nous aussi ? Heureux ceux qui font oeuvre de paix : ils
seront appelés fils de Dieu. (Mt
5,9)
Ces
mots sont de Jésus, dans ce même évangile selon Matthieu, dans ses Béatitudes.
Et les fils et filles de Dieu dont Jésus parle n’ont pas de super pouvoirs, ils
sont bien humains, ils nous ressemblent, mais ils font de leur humanité un lieu
qui proclame le Royaume de Dieu, avec des gestes qui accomplissent « toute
sa justice. »
Que
Dieu, dans sa grâce, nous l’accorde. Amen
Le baptême de Jésus: vitrail de Françoise Ribas, dans l'Abbaye de Montheron.