Les Diachroniques
jeudi 25 septembre 2025
"Lueurs au creux de l'ombre"© Une étape, des étapes !...
vendredi 29 août 2025
Le baptême du Christ... plus de grâce que de condamnation ! (Une republication de l'été)
Connaissez-vous le film « Le Retour de Martin Guerre » ? Inspiré d’une histoire vraie. Après une absence de plusieurs années, un paysan revient dans son village natal. Il y retrouve sa femme et les membres de sa famille. Mais des étrangers de passage identifient Martin comme étant Arnaud, d’un village voisin. Martin se défend et laisse les villageois divisés sur la question. Martin, est-il le véritable Martin Guerre ?
L’affaire est saisie au tribunal et le juge se prépare à acquitter Martin, mais à la dernière minute, un Martin Guerre se présente à la cour et sa ressemblance est si forte qu’elle remet en question l'issue du procès. Arnaud avoue finalement qu'il était soldat avec le vrai Martin, que celui-ci lui a dit qu'il ne retournerait jamais dans son village, et qu'il décida de prendre sa place. Arnaud – le faux Martin Guerre - est alors condamné à mort et exécuté.
Courte méditation d’une parole de l’Évangile de Luc partagées avec les détenus des prisons: chapitre 3, 15-22.
« Le retour de Martin Guerre » : une sombre et romanesque histoire d’identité… négligée, usurpée, puis retrouvée. Elle rappelle l’importance de l’identité d’une personne. Et cette troublante histoire nous introduit à la question centrale de l'Évangile : Jean le Baptiste, est-il le vraie Messie ? Ou serait-ce Jésus de Nazareth ?
Cette question habite intensément le peuple : les paroles puissantes de Jean, son baptême d’eau et de repentance, l’annonce d’un jugement imminent auquel il est urgent de se soustraire… Tout cela n’est-il pas le fait du Messie, décisif et puissant, que l’on attend… et qui rétablira l’ordre et la paix en Israël?
Mais notre texte passe de cette voix qui crie dans le désert – à une voix qui témoigne dans le ciel… De l’annonce de la colère de Dieu, notre évangile nous fait entendre une annonce de l’amour de Dieu qui établit Jésus, baptisé et priant, comme le Fils bien aimé du Père.
Malgré l’humble reconnaissance de Jean pour Celui qui vient après lui, il n’en demeure pas moins une tension entre la prédication de Jean et celle de Jésus. Ainsi, les doutes qu’il exprimera : « Es-tu Celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? » Et la réponse de Jésus est bouleversante : « …les aveugles retrouvent la vue et les boiteux marchent droit, les lépreux sont purifiés et les sourds entendent, les morts ressuscitent et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. » (11,2-5)
Le baptême d’Esprit Saint et de feu annoncé par Jean est désormais présent dans le monde, et son feu ne vient pas détruire, mais consumé ce qui nous tient éloigné du Dieu vivant et miséricordieux.
Le Christ, n’ignore pas le péché des hommes : ne s’est-il pas présenté comme celui qui est venu appeler « non pas les justes, mais les pécheurs » ? N’affirme-t-il pas aussi que ce ne sont pas « les biens portants qui ont besoin de médecin, mais les malades » ? (9,12-13) et il demandera enfin aux chefs religieux, que cette bienveillance dérange, d’aller « apprendre ce que signifie cette parole de Dieu : c’est la miséricorde que je veux. » (Mt 9,12-13)
Ainsi, Jésus est un médecin et non un bourreau ! Son baptême porte le sceau de la miséricorde de Dieu : il est venu pour nous sauver, pas pour nous exécuter !
Dans un langage plus contemporain, on parle des « faucons », pour désigner ceux qui veulent la guerre » et des « colombes », pour parler de ceux qui veulent la paix. Et tel est le signe de l’Esprit Saint qui accompagne le baptême de Jésus, « sous une apparence corporelle, comme une colombe », précise Luc.
Les interprétations sont nombreuses à son sujet : la colombe de l’arche de Noé ; l’amour de Dieu venant sur la terre ; l’esprit de Dieu planant au-dessus des eaux à la création ; etc. Et pourquoi choisir ? Toutes ont leur intérêt.
Mais si je ne pense pas utile de trancher à propos de ce que représente cette colombe, je suis certain de son message – que la lettre de Paul à Tite nous rappelle : « Lorsque Dieu, notre Sauveur, a manifesté sa bonté et son amour pour les hommes, il nous a sauvés, non pas à cause de la justice de nos propres actes, mais par sa miséricorde. Par le bain du baptême, … cet Esprit, Dieu l’a répandu sur nous en abondance, par Jésus Christ notre Sauveur... » (Tt 2 – 3)
Le baptême du Christ nous plonge dans plus de grâce que de condamnation !
dimanche 24 août 2025
Un homme avait deux fils. Et c'est la fête?...
Un homme avait deux fils (15,11)
Le sujet est encore d’actualité. Il y a quelques mois (24 janvier 2025), le
film « Jouer avec le feu » abordait la relation d'un père avec
ses deux fils. Son scénario : le père se retrouve confronté à la dérive de
l'un d’eux. A l’inverse de la parabole, c’est le cadet qui réussit, alors que
l’aîné prend un mauvais chemin. Ce film traite ainsi des tensions qui peuvent
naître au sein d'une famille face à des choix de vie opposés. Et n’est-ce pas
ici notre parabole ?
Mais
la parabole de Jésus parle encore et d’abord d’un accueil qui fâche. Nous
l’avons lu tout à l’heure : « Cet homme-là fait bon accueil aux pécheurs et mange avec eux ! » (15,2) Avec les deux qui la
précèdent, cette parabole « illustre l’amour de Dieu pour des gens ni
aimés, ni aimables », les pécheurs et les perdus, c’est-à-dire :
« tous les séparés de Dieu pour cause d’impureté ou de morale
déficiente. »
Et
l’on pourrait se poser la question : où sont-ils nos pécheurs,
nos séparés de Dieu, aujourd’hui ? Peut-être plus proches qu’on
ne le pense, ou le souhaiterait. Pour moi, ce fut assez « simple »…
Je les ai rencontrés dans les prisons où j’ai exercé mon ministère d’écoute et
d’accompagnement spirituel. Ce qui m’a valu, parfois, d’essuyer ce même
reproche de faire « bon accueil aux pécheurs. »
En nous racontant l’histoire de ce père et de ses deux fils, il y a un mot qu’il faut entendre dans ce récit de Jésus, il s’agit du « LIEN » et les verbes qui peuvent l’accompagner : « être en lien », « nourrir le lien », ou « rester en lien ».
Dans
un passage de l’Evangile selon Matthieu, à ce même reproche de « faire
bon accueil aux pécheurs », Jésus répond: « Ce ne
sont pas les bien portants qui ont besoin de médecin, mais les malades. (…) Car
je suis venu appeler non pas les justes, mais les pécheurs. » (Mt
9,12-13)
Pour le Christ médecin, il n’y a pas de guérison s’il ignore ses patients ; pour le Christ Sauveur, il n’y a pas de conversion s’il ignore les pécheurs. Que pourrait-il se passer de bon si nous les privons de tout ce qui peut les relier à nous ? Au-delà des apparences et de la faute commise, être et rester en lien. Sur ce point, le père de cette parabole en est, je pense, un admirable exemple ! Ainsi, la parabole du père admirable… nous parle d’un lien qui ne dit pas oui à tout, mais ne dit pas non à la rencontre.
Alors, être et rester en lien, oui, mais jusqu’où aller
quand le lien est
malmené, voir méprisé ? C’est le moment de parler de la fête somptueuse. Jésus,
volontairement, dresse le portrait d’un pécheur dont l’exemple scandalise et
dont scribes et Pharisiens se détourneront avec colère et dégout. Mais leur
réprobation n’est-elle pas aussi la nôtre ? Jusqu’où serons-nous
capables d’aller pour rester en lien avec celle ou celui qui a fauté ?
Jusqu’où imiterons-nous ces religieux ? Jusqu’où serons-nous capables de
séparer la faute de la personne ?
Avant
de répondre, rappelons qu’il peut y avoir une limite au lien que la lettre aux
Romains nous précise : S'il est possible, pour autant que cela dépend de vous, vivez en paix
avec tous les hommes. Mais si elle nous offre une limite,
une porte de sortie contre un lien nocif, elle nous appelle aussi à une
patience et une éthique, toutes deux exigeantes : Mais si ton ennemi a
faim, donne-lui à manger, s'il a soif, donne-lui à boire (…) Ne te laisse pas
vaincre par le mal, mais sois vainqueur du mal par le bien. (Rm 12,20-21)
Et la question demeure : jusqu’où… ? C’est le moment de parler du coup de théâtre de cette parabole ! c’est le moment de parler du lien qui, bien que distant, ne s’est pas rompu. La mise en scène est organisée, le texte est prêt… Le fils cadet sait qu’il est déchu de son honneur de fils et qu’il ne peut espérer rentrer chez lui qu’en qualité d’ouvrier, peut-être…
Vient
alors le premier geste de compassion du Père : il écoute à peine les mots
de repentir de son enfant, il accourt et le couvre de baisers ! Et il
enchaîne avec le second qui est encore plus inattendu : celui de la
réhabilitation de son fils. Cette robe, cet anneau, ces chaussures, ces
baisers, sont autant de signes du refus du père à faire de ce fils qui revient
à lui un esclave !
Ces
gestes ont choqué, et peut-être nous choquent-ils aussi ? En réalité, ce père est libre, libre de sa
bonté, libre de son choix d’être vainqueur du mal par le bien, libre de
surmonter la faute par le pardon.
Et
sa capacité m’a fait penser aux mots d’Esaïe : Ils rebâtiront les
dévastations du passé, les désolations infligées aux ancêtres, ils les
relèveront, ils rénoveront les villes saccagées, les désolations traînant de
génération en génération. (Es 61,4)
Autant de mots qui pourraient s’appliquer aussi à nos liens « perdus » pour qu’ils soient « retrouvés ».
C’est donc un happy end ? Pas
encore, le récit de Jésus nous offre une
dernière scène : c’est le moment de parler de la fête scandaleuse. Elle
a son importance, car elle permet à qui entend cette parabole, ici, les
Pharisiens et les scribes, mais sans doute à nous-mêmes aussi, elle permet de
dire les sentiments douloureux que nous ressentons face à la miséricorde de
Dieu envers les méchants : que ce soit la jalousie, la frustration ou la colère
devant le pardon de l’offense, du mal commis.
Faut-il
vraiment parler de la « faiblesse du Père » envers le péché de
son fils ? Nous l’avons entendu dans sa réponse à ce que je pense être son
« autre fils perdu » ! Oui : perdu, perdu dans un lien avec
son père qui n’est qu’obligation sans affection, un lien qui n’est qu’ignorance
de la générosité de son père, que frustration de ses désirs et de ses joies.
En
méditant l’attitude de ces deux fils avec l’héritage de leur père, je me suis
dit : « Pauvre papa… aucun de ses fils pour faire quelques choses de bon
avec son bien : le cadet le gaspille et l’aîné n’en fait rien !
On
peut dire qu’à sa manière, ce père admirable, reprend ses deux fils, chacun
pour sa part et son péché.
Car
l’accueil du père pour le cadet ne dit-il pas la sagesse (ou la folie) de
l’amour de Dieu ? Son accueil pour l’aîné ne dit-il pas la patience de Dieu
pour notre incompréhension de sa bonté ?
Et
si le père a choisi de rester en lien avec le fils cadet, et de se réjouir de
son retour, il n’en était pas moins conscient de sa situation, car cet enfant,
ce frère
« que voici était mort et il est vivant, il était perdu et il est
retrouvé. » (32)
Comme
pour le fils cadet, le père est resté en lien avec son fils aîné, mais la fin
du récit n’est pas connue : participera-t-il à la fête ? La finale de
la parabole reste volontairement ouverte. L’aîné rejoindra-t-il la joie de son
père ?
Et
à nous, cette finale ouverte, ne nous pose-t-elle pas aussi la question :
la bonté de Dieu restera-t-elle pour nous une blessure ou une guérison ?
Amen.
Illustration: Le fils prodigue, selon Rembrandt.
mardi 12 août 2025
"Lueurs au creux de l'ombre"©. Naissance d’un projet d’écriture.
Ce livre est né d’une rencontre avec la commission des ministères de l’Eglise Protestante de Genève qui m’accueillait pour une dernière session avant mon départ à la retraite.
Pour qui l’ignore, cette commission (dont
j’ai fait partie) est un peu le pasteur.e des pasteur.e.s. Elle me recevait donc
pour un temps d’échanges sur mon expérience, en particulier mon engagement
comme aumônier dans les prisons.
Je parlais librement, avec la même passion
qui m’avait habitée au cours de ces années à l’écoute des personnes détenues. Et
mes paroles ont dû toucher plusieurs des personnes présentes ce soir-là.
Je fus d’abord approché par un professeur
de théologie à l’université qui me souffla que ce serait dommage de perdre le
fruit de cette expérience et la manière originale et profonde dont j’en parlais :
pourquoi ne pas en faire un livre ?
J’avoue que j’ai d’abord été dubitatif, pensant
en moi-même : « Et voilà encore un de ces auteurs improvisés qui vient parler
de son expérience… Très peu pour moi. »
Mais au cours de l’apéritif qui suivit
notre séance, plusieurs autres personnes me firent la même réflexion et m’encourageait
à y réfléchir.
Malgré les doutes que j’avais, je me suis
mis au travail dès le mois qui suivit mon départ à la retraite. Rassemblant tout
d’abord des articles, des notes, des réflexions, des souvenirs, j’ai cherché
ensuite pendant plusieurs mois à en faire un livre, en cherchant le ton juste
pour en témoigner avec profondeur et humilité.
Cela à durer presque deux ans. Sur le
conseil d’un auteur, j’ai transmis mon manuscrit à des prélecteur.trice.s qui me
firent des retours encourageants, avec, en particulier, une remarque critique sur
la structure du livre, laquelle d’ailleurs ne me satisfaisait pas encore. Et là,
la lumière fut : je trouvais enfin le bon tempo et y ajoutais l’idée personnelle
de l’écrire sous la forme d’un entretien entre un personne intéressée et moi-même
au sujet de mon expérience.
Je fis ensuite le choix d’une douzaine de
maisons d’éditions, susceptibles par leur catalogue de s’intéresser à mon ouvrage.
Et après un préavis de mise en lecture de mon manuscrit par le comité des
éditions Vérone, j’ai reçu quelques semaines plus tard la bonne nouvelle de l’acceptation
de mon manuscrit.
Aujourd’hui, la phase de réalisation est
en route. Il y a encore bien du pain sur la planche, mais c’est une expérience enrichissante
et enthousiasmante, vraiment.
Comme j’ai bien fait d’entendre ce projet
de livre que me soufflait à l’oreille quelques membres de cette commission des
ministères, qui eux, avaient vu juste, bien avant moi.
jeudi 24 juillet 2025
La parabole du père admirable...
Je partage ici une narration biblique que j’ai
partagée avec un petit groupe d’étude biblique en introduction au texte de Luc 15, 11 à 32, la fameuse parabole du fils perdu et retrouvé.
Elle s’inspire de
ce que l’on appelle une « prédication en JE ». C’est une forme d’expression
qui fait place à un personnage ou un objet témoin se trouvant ou non dans le
texte biblique que nous lisons. Le projet est de donner à la prédication un
relief particulier du fait de cette « mise en scène » un peu
théâtrale. Mais je ne vous en dis pas plus…
"Ouf, je viens m’assoir un petit moment… je fais une pause.
Il faut dire qu’ici c’est la fête ! Musique, festin, rires… Oui, le patron
n’a pas lésiné sur les moyens !
Bon, je dois dire que tout cela me laisse un peu perplexe :
une telle fête, cette joie… pour un petit voyou qui revient à la maison !
Je ne suis qu’un serviteur et je n’ai pas forcément
mon mot à dire… Mais tout de même, je n’en pense pas moins !
Car ce gamin à mis le paquet ! Tout l’héritage de
son père gaspiller dans des achats (on qualifierait ça aujourd’hui
« d’achats compulsifs »)… mais c’était des cochonneries !
Et bien sûr, aussi, des « fiesta », sans
doute avec des femmes – et peut-être des hommes … Je vous dis les choses avec
un peu de retenue, mais je vous laisse entendre les mots qu’il faut…
Et bien sûr, tant que ce petit imbécile avait de l’argent…
Un tiers de la fortune de son père ; vous faites le calcul avec moi :
100 francs – 30 francs… 1000 francs – 300 francs… 100'000 francs – 30'000
francs… 1 million – 300.000 francs… etc. !
Il y avait de quoi faire et du monde pour
l’accompagner et en profiter avec lui ! Mais la « roue de la
fortune »… elle tourne. Et alors, non seulement plus d’argent pour régaler
les copains et les copines, mais en plus une famine : plus rien à manger nulle
part ! Et ça fait mal, ça ! Au petit fils à papa !
Alors, il est tombé bien bas ! Il a fallu travailler
– et travailler dur – et dans un job humiliant… en étant humilier ! Garder
des porcs, même s’il n’était pas très pratiquant, pour un juif, c’était la pire
chose à vivre. Et en plus, il crevait de fin à côté de ses porcs qui eux se régalaient sous
ses yeux !
C’est alors que, au fond du trou, il commencé à penser
à son Père, à sa générosité envers ses serviteurs : eh oui, on est plutôt bien
traité ici ! Et ça lui donne une idée : revenir à la maison en
demandant à être comme l’un de nous ! Et c’était pas mal comme idée… parce
que comme « fils », il y avait peu de chance !
Et il prépare son petit discours… « Père,
j'ai péché envers le ciel et contre toi. 19 Je ne mérite plus d'être appelé ton
fils. Traite-moi comme un de tes ouvriers. »
Moi, j’étais là, en train de nettoyer la terrasse, quand
c’est arrivé. Je reconnais la silhouette du petit… bon il avait plus l’air aussi
fringant qu’à son départ. Et je me dis que la réception va être plutôt froide…
et sans doute que le père va le renvoyer d’où il vient - et ce sera bien mérité !
Mais alors là… ce qui se passe est inimaginable. Le
père accourt vers lui, le petit voyou n’a même pas le temps de finir sa phrase –
et d’ailleurs je sais même pas si le père l’a entendue.
Il le prend dans ses bras, l’embrasse, et il m’appelle :
« Vite, apportez la plus belle robe, et habillez-le ; mettez-lui un anneau
au doigt, des sandales aux pieds. 23 Amenez le veau gras, tuez-le, mangeons et festoyons… »
J’ai un petit moment de… Je sais que le patron est
un peu imprévisible, mais alors là : je suis abasourdi ! Et on s’exécute,
bien sûr. Et c’est la fête !
La fête bat son plein, et je ressors de la maison pour
aller chercher des vivres et des boissons. C’est alors que je vois le fils,
l’aîné, qui rentre des champs…
Il m’appelle et me demande ce qui se passe… Je respire
un bon coup et je lui réponds : « C'est ton frère qui
est arrivé, et ton père a tué le veau gras parce qu'il l'a vu revenir en bonne santé. »
Évidemment il n’aime pas du tout et se fâche tout
rouge. Il est invité bien sûr, mais il refuse d’entrer dans la maison. Alors son
père sort vers lui… (Décidément ce papa, c’est un peu son truc d’aller rechercher
ses enfants !)
Mais l’ainé lui dit tout haut ce qu’il pense… « Voilà
tant d'années que je te sers sans avoir jamais désobéi à tes ordres ; et, à moi,
tu n'as jamais donné un chevreau pour festoyer avec mes amis. 30 Mais quand ton
fils que voici est arrivé, lui qui a mangé ton bien avec des filles, tu as tué le
veau gras pour lui ! »
Mais le père se laisse pas démonter… En fait il le recadre
gentiment : « Mon enfant, toi, tu es toujours avec moi, et
tout ce qui est à moi est à toi.
Et là je me dis : pauvre papa, il a deux fils
et pas un pour faire quelque chose de bien avec son bien… Le premier le gaspille
et le second n’en fait rien !
Et non seulement le père recadre le fils aîné… mais
il n’est pas dupe avec le cadet : « il fallait festoyer
et se réjouir, parce que ton frère que voici était mort et il est vivant, il
était perdu et il est retrouvé. »
Il a beau être généreux le patron… il est pas stupide !
Bon, j’y retourne, je ne peux pas rester
ici sans rien faire. La fête continue et j'ai encore du boulot !"
mardi 22 juillet 2025
Une nouvelle vocation pour un ancien pénitencier...
Il y a douze ans, je publiais ce message (C'était quelques mois après avoir commencer mon ministère en aumônerie de prisons)
Visite de l'expo "100 ans d'ethno en Valais", à Sion, en Suisse.
Double impression. Celle de relire des lieux, des gestes et des relations qui m'ont précédé et font source à mon présent.
Et puis l'étonnement de l'Aumônier de prison "en visite" dans ce lieu qui habitat des détenus.
Avec une question: comment passer d'un lieu de détention à un lieu d'exposition? D'un lieu de peine à un lieu de loisir? D'un fermé à un ouvert?
dimanche 13 juillet 2025
« Parle Seigneur, ton serviteur écoute... »
Marthe et
Marie… Ce texte est sans doute un des plus « populaires » des
Evangiles. Il choque ou enthousiasme, mais ne laisse pas indifférent.
L’accueil de Marthe et l’écoute de Marie, que n’a-t
’on pas dit ou écrit à leur sujet ! Iinterprété
symboliquement, Clément d’Alexandrie a vu en Marthe la Synagogue et en Marie
l’Eglise. Origène les a opposées : Marthe, les excès de la vie
active ; Marie, les bienfaits de la vie contemplative.
Les Réformateurs, à commencer par
Martin Luther, ont perçu en Marthe la justification par les œuvres et en Marie,
celle par la foi. Plus proche de nous, les modernes ont vu en elles tantôt la
soumission de l’aînée et la rébellion de la cadette, tantôt la femme soumise en
Marthe et libérée en Marie, ou encore Marthe la conservatrice et Marie la
féministe.
Aussi, que peut-on ajouter à
cela… et le faut-il ? Pour moi, j’aimerais lire ce texte tel qu’il se
présente à nous et apprendre de chacune d’elle quelque chose sur nous-même.
Car l’attitude de Marthe n’est
pas fautive. Elle est tout entière dans la distribution coutumière des rôles de
l’époque. Si Jésus prend la défense de Marie, il ne rejette pas l’hospitalité
de Marthe. C’est l’occasion pour lui d’affirmer son refus de priver toute femme
de son enseignement, de lui accorder une position de disciple à part entière,
avec sa légitimité au savoir théologique.
Dans ce texte, le choix de la
tâche ou de l’écoute reste libre pour l’une comme pour l’autre. Daniel
Marguerat l’a souligné avec finesse : « Se consacrer aux tâches de
l’hospitalité est un choix, pas un destin. »
Marthe
et Marie, c’est une leçon domestique qui nous ouvre un avenir spirituel.
L’essentiel est dans
cet appel à donner de l’attention à notre relation avec le Christ pour donner
du sens à notre action.
« Marthe le reçut dans sa maison. (…)
Marie, assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole. » Luc fait rapidement les
présentations et distribue les rôles. Ensuite, dit de manière un peu moderne,
nous allons être amener, par leur exemple, à revoir nos priorités.
Alors, où est la priorité : accueillir le
Christ « en grandes pompes » ou être assis « à ses
pompes » ? Serait-ce donc dans notre relation de disciple avec
lui que ce « nécessaire »
se situe ? Jésus n’est-il qu’un nom dans le credo, un mot habituel qui
ponctue notre prière, le chapitre d’un dictionnaire biblique, une image
pieuse ?... Ou entretenons-nous un lien d’intimité spirituelle profonde
avec le Christ ?
Alors, quel est ce « nécessaire »
à privilégier dans l’activité du quotidien ? Et puisque je suis, ici, le
cordonnier… nous allons voir si j’étais si mal chaussé !
Vous l’imaginer bien, mon
ministère dans les aumôneries n’a pas été de tout repos. Il y avait parfois
tant à faire, avec un agenda débordant et des journées – voire des semaines –
si courtes pour en venir à bout…
Harassé, comme pouvait l’être Marthe, frustré de me sentir « si seul » pour préparer toute ces bonnes choses en faveur du Maître, je pensais : il va se régaler, c’est sûr, avec tout ce que j’entreprends pour l’honorer… Mais moi, je ne rigole pas !
Et puis, enfin, il y avait ce
moment où je venais m’assoir aux pieds de Jésus… en lui demandant pardon. Oui,
pardon : pardon de le faire passer pour un si piètre ami, un si mauvais
Maître, comme s’il abrutissait ses disciples de tâches, de stress, d’angoisse !
Après la suractivité de Marthe, je trouvais enfin le repos de Marie auprès de
lui, une parole réconfortante sans jugement, une parole amicale sans
complaisance, que je recevais dans l’intimité de mon cœur… en sa présence .
Sa présence nous soufflant sa
Parole est sans doute cette unique chose « qui est nécessaire ». Car
si Jésus n’est pas qu’un nom, sa parole, ce n’est pas que des mots. Marie ne
s’y est pas trompée. C’est une parole qui a sa source dans son Père qui est
dans les cieux, celle que nous entendions tout à l’heure dans livre
d’Esaïe. J’ai envie de dire : Tel Père, tel Fils… Une même
autorité, une même fécondité, pour réaliser en nous le bien qu’il veut pour
nous.
« Elle
a choisi la bonne part, celle qui ne lui sera pas enlevée. » Aux pieds du Christ, à l’écoute
de sa Parole, nous choisissons la meilleure préoccupation, celle qui va nous
instruire et nous soutenir, quelles que soient les circonstances.
Outre nos préoccupations abusives, les épreuves de
la vie ne manquent pas, ni les soucis, ni les craintes, ni enfin le « dernier
ennemi », la mort. Autant « d’agitation et d’inquiétude pour
bien des choses », qui pourrait nous ravir notre joie et notre
confiance en Dieu.
Persévérer à écouter et servir sa
Parole en sa présence, voilà une « bonne part », qui pourrait
bien réconcilier tout le monde : les écoutant comme les agissant…
Car ne sommes-nous pas tous dans
le même panier, lorsque Jésus nous avertit qu’ « Il ne suffit pas
de me dire Seigneur… Il faut faire la volonté de mon Père. » (Mt
7,21) ?
Ne sommes-nous pas tous dans
le même panier, lorsque Paul, nous appelle à la bienveillance dans nos
propos, à une parole assaisonnée de sel ?
Ne sommes-nous pas tous dans
le même panier lorsque l’apôtre Jean veut nous éviter le piège d’une parole
sans âme ni geste de grâce : « Mes petits-enfants, n'aimons pas en
paroles seulement, mais en acte et dans la vérité. » (1 Jn
3,18) ?
Alors, oui, « Parle
Seigneur, ton serviteur écoute. » (1 S 3,9-10). Amen.
Illustration: Icône de tradition byzantine.
dimanche 6 juillet 2025
"Lueurs au creux de l'ombre"© Un livre à paraître...
Le 9 novembre 2020, j’ai créé le blog
intitulé Les Diachroniques, avec son premier article : La
dignité de l'humain.
Ce
blog a accompagné mon engagement en tant qu’aumônier dans les prisons – mais
aussi dans les hôpitaux pendant 5 ans. Il a été le porteur de mes
réflexions et de mon expérience d’écoute et d’accompagnement spirituel auprès
de personnes en situation de privation de liberté… Cela peut paraître évident
dans les prisons mais, à leur manière, les personnes hospitalisées peuvent en
partager la difficulté. J’en parlerai sans doute dans un prochain article,
Aujourd’hui à la retraite, Les Diachroniques pourraient prendre une nouvelle
tournure…
En
effet, après deux ans de travail, un livre sur mon expérience d’aumônier dans
les prisons va être publié prochainement. La photo qui accompagne ce premier article en dira déjà beaucoup. Mais, en
quelques mots, après avoir envoyé mon manuscrit « Lueurs au creux
de l’ombre » à quelques éditeurs, j’ai reçu, début avril de cette
année, le message suivant :
Bonjour Monsieur,
je suis ravie de vous informer que votre manuscrit a passé la première étape
de sélection, et qu’il se trouve maintenant entre les mains du comité de
lecture pour une étude approfondie. S’il est accepté, je vous ferai
parvenir une proposition de collaboration en vue d’intégrer notre Collection
Authentique.
Et puis, une semaine plus tard, la
conclusion réjouissante : « Votre manuscrit est
accepté » !
Bonjour
Monsieur, j’ai le plaisir de vous annoncer que notre comité de lecture
vient de rendre une décision positive au sujet de votre manuscrit !
Nous en sommes aujourd’hui dans la phase dite de réalisation du livre, à savoir les relectures, les corrections, les contenus pour accompagner le livre, la maquette pour la couverture, etc. Inutile de préciser qu'il y a encore beaucoup de travail d’ici sa parution, envisagée en octobre 2025.
J’ai
pensé, avec l'encouragement de mon éditeur, que le suivi de cette expérience
d’édition, qui vient tout droit de l’expérience qui vit naître Les
Diachroniques, pourrait donner un nouveau souffle à ce blog.
Dont
acte… Et désormais, en priorité (mais pas exclusivement) je publierai des
partages et réflexions sur ce parcours d’édition.
Lorsque vous lirez dans ce blog : « Lueurs au creux de l’ombre » avec une adjonction à ce titre, cela signifiera que l’article traite de ce projet d’édition.
Sinon, les autres articles paraîtront comme à l’accoutumée.
À
très bientôt donc. Et « diachroniquement » vôtre.
dimanche 29 juin 2025
Qui est mon prochain ? Ou un homme descendait de Jérusalem à Jéricho...
C’est à une
petite révolution sur ce qu’aimer son prochain veux dire que nous invite
le texte de ce jour. Qui est mon prochain ? Autrement à qui dois-je
mon aide ? Une courte histoire de Jésus va nous conduire vers un de qui
suis-je le prochain ? Autrement dit de qui je suis proche, au-delà de
l’appartenance, malgré les apparences, et pour plus que ce qui est convenu,
Mais auparavant, il
y a un préambule, dans la question d’un légiste, un docteur de la Loi, posée à
Jésus : « Maître, que dois-je faire pour recevoir en partage la
vie éternelle ? » (Lc 10,25)
Prédication offerte
à l’assemblée paroissiale réunie dans le Temple de Lutry. Textes du jour :
Esaïe 52, 7-10 ; Colossiens 2, 1-7 ; Luc 10, 25-37 (la parabole du
bon Samaritain).
Sa question, en
réalité, n’est ni banale ni vaniteuse, elle est au cœur de la quête de tout
croyant Juif qui se respecte. Mais n’est-elle pas aussi la nôtre? Que faisons-nous pour l’avenir de notre
existence spirituelle ? De quel pain venu du ciel nourrissons-nous
notre âme ?
La vie éternelle,
ne serait-ce qu’une vie d’ici-bas qui ne prendrait jamais fin, comme le
laissait entendre Woody Allen : « L’éternité, c’est long. Surtout à la
fin ! » ? Mais la vie éternelle est autre chose qu’un temps
infini, et s’il fallait le dire en quelques mots, ce serait que la vie
éternelle, est une vie accomplie en Dieu.
Mais la vie
éternelle, reconnaissons-le, est un mystère… qui n’est pas qu’une
opacité frustrante. Il est source d’une extraordinaire richesse, comme nous
l’avons lu dans la lettre de Paul aux Colossiens, un « mystère de Dieu, qui est une vie
dans le Christ, en qui sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la
connaissance… La vie éternelle, contrairement à la savoureuse blague de
Woody Allen, est une vie où l’on ne s’ennuie pas !
Et bien que le texte parle d’une mise à l’épreuve,
c’est une vraie question que pose le légiste à Jésus. J’aime à penser qu’il
cherche à savoir « ce que ce
Jésus de Nazareth a dans le ventre »… Et le moins que l’on puisse
dire, c’est qu’il ne sera pas déçu ! Poser une question à Jésus, c’est
toujours possible, mais il faudra être prêt à ce que sa réponse surprenne ou
implique un changement important !
Nous avons sans
doute vécu un jour la perplexité, voire la déception, dans laquelle une parole
de Jésus nous a plongé ! Nous avons sans doute vécu un jour cette
hésitation à nous engager là où il nous invite à le suivre… Un peu plus haut,
quelqu’un s’est écrié : « Je te suivrai partout où tu iras. »
La réponse de Jésus a été franche en lui disant clairement combien le suivre
serait parfois inconfortable (9,57-58)
Thomas d’Asembourg
a écrit : « Être heureux, ce n’est pas nécessairement
confortable. ». Et c’est valable pour les disciples du Christ aussi…
C’est peut-être
une de ces insatisfactions qui a poussé notre légiste à faire un pas de plus.
La réponse était juste, l’envoi était clair : « Tu as bien
répondu. Fais cela et tu auras la vie. » … la vie, la vie, oui, mais…
quelle vie et pour qui ?
Une fois encore la justice
que ce docteur de la loi veut montrer n’est pas forcément la quête de bons
points… En effet, il semble être rester sur sa faim et son « qui est mon
prochain ? » est d’ailleurs une question
« étrange » pour un juif pieux d’alors et c’est peut-être un des
signes de l’ouverture de ce docteur de la loi qui ne se satisfait pas de
l’évidence. Et la petite histoire de Jésus
lui donnera, à lui comme à nous, un horizon nouveau.
Le
« prochain », avant la parabole de Jésus, c’est très
simple : ce sont les concitoyens de
mon peuple, les membres de ma congrégation religieuse. Ils sont comme moi,
pense comme moi, pratique comme moi… Pas d’hésitation, pas d’interrogation, pas
de surprise… Or, de surprise, il y en aura bien une, et elle commence
ainsi : « Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho…
On peut être gêné
par l’attitude des deux premiers qui « passe à bonne distance ».
Mais l’un, comme l’autre, sont liés au service du Temple et à ses obligations.
En quelque sorte, ils préservent leur boulot… Aussi, y a-t-il peut-être dans ce
récit comme une dénonciation de ce Temple qui prive de compassion les gens
meurtris pas la vie… On pourrait je pense résumer l’intention de cette parabole
en une phrase, que l’on peut lire dans un passage de l’Evangile selon Matthieu
: « … Allez donc apprendre ce que signifie : C’est la miséricorde
que je veux, non le sacrifice. » (Mt 9,13 ; Os 6,6)
Et Jésus enfonce le
clou : c’est un Samaritain, un réprouvé, un ennemi de la vraie foi, un
croyant méprisé d’Israël et qui en général le lui rend bien… qui va s’arrêter « ému
de compassion » (33). Et pas seulement ému, il s’engage concrètement
dans les soins et le rétablissement de cet homme. Celui qui devait FAIRE preuve
de mépris pour ce juif meurtri au bord du chemin… a FAIT preuve de bonté
envers lui. »
En le choisissant
et en lui accordant tous ces gestes, Jésus fait déraper toute l’histoire !
On ne s’en rend peut-être plus vraiment compte, mais, pour qui l’écoutait, cela
devait devenir inaudible ! Une question nous ramènera sans à notre quotidien :
Où sommes-nous dans cette histoire ? Qui est pour nous celle ou celui dont
nous préférerions passer au loin ? Qui est aujourd’hui notre
samaritain ? Qui est pour nous l’ennemi dont nous prendrons soin ?
Comment la réponse de ce docteur de la Loi vient-elle bousculer NOTRE
justice ?
Je pense aux mots
de Martin Luther King : « L'obscurité ne peut pas chasser
l'obscurité ; seule la lumière le peut. La haine ne peut pas chasser la haine ;
seul l'amour le peut. »
Jésus lui dit : « Va et, toi aussi, fais
de même. »
Un tel retournement
a sans doute été rendu possible par cette courte histoire, bien mieux que par
un long discours. On l’a bien entendu. Qui est mon prochain est devenu qui
a été le prochain ! Jésus inverse la question comme il renverse les
rôles.
Le prochain est
devenu toute personne humaine, l’un ou l’une d’entre nous, qui s’approche
d’autrui avec tolérance et compassion, même quand autrui est étranger ou
indésirable... Mais pour cela il faut se faire proche en humanité et distant
envers les classifications, les déshumanisations, les malédictions de notre
monde moderne auxquelles certains espèrent nous voir adhérer !
Hannah Arendt
écrivait : « La mort de l'empathie humaine est l'un des premiers
signes et le plus révélateur d'une culture sur le point de sombrer dans la
barbarie. »
Que Dieu nous en
garde ! Amen
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