samedi 30 novembre 2024

Relevez la tête, car votre délivrance est proche...

Dans sa lettre, Paul encourage les chrétiens de Rome à vivre un Evangile qui soit empreint d’honnêteté, à vivre leur foi au quotidien comme « en plein jour » (Rm 13,13)

Et il en précise la nécessité : « D’autant que vous savez en quel temps nous sommes… » (Rm 13,1)

Et nous, aujourd’hui, le savons-nous, en quel temps nous sommes ? Dans son Evangile, Luc rapporte cette comparaison de Jésus sur la maturation d’un figuier : « Dès qu’ils bourgeonnent vous savez de vous-même, à les voir, que déjà l’été est proche. » (29-30)

Et cette saison qui vient, cet été qui arrive bientôt, est une bonne nouvelle : « le Règne de Dieu est proche. » (21,31)

Prédication offerte à l'assemblée paroissiale de St-Saphorin, en la chapelle de Puidoux, le premier dimanche de l'Avent 2014.

Être capable de lire le temps que nous vivons comme nous le faisons des saisons qui passent… ? Dans nos pays, l’été c’est le temps des moissons, celui de récolter les fruits de son travail. 

Et si le Règne de Dieu est proche, c’est aussi l’annonce que le temps de goûter aux fruits de notre persévérance est sur le point d’arriver. Le Règne de Dieu est un déjà et un pas encore. Savoir qu’il est proche, c’est vivre de sa présence au quotidien et c’est vivre aussi dans la conscience de l’imminence de sa venue.

Le texte de Luc nous le rappelle encore : le Règne de Dieu est une bonne nouvelle au milieu de beaucoup de mauvaises. Dans le contexte immédiat, Jésus annonce rien moins que la ruine du Temple de Jérusalem ! Et c’est à la question troublée des disciples : « Maître, quand donc cela arrivera-t-il et quel sera le signe que cela va avoir lieu ? » (21,7) qu’il leur répond par tout une page de bouleversements violents « qui feront défaillir les hommes de frayeur. » (21,26)

Ouvrir le temps de l’Avent avec de tels textes peut nous mettre dans la perplexité… Car nous sommes bien loin du Noël enrubanné et doucereux de la publicité !

Mais si Luc a composé cette page, ce n’est pas pour en faire un film d’épouvante, car dans l’ombre de ces jours, il y a aussi de l’espoir et de la confiance : « relevez la tête, car votre délivrance est proche. » (21,28)

Le Christ sur le seuil de sa Passion, ne s’amuse pas à nous faire peur… il nous appelle à vivre une vigilance plutôt que la négligence, une patience plutôt que le découragement, la foi plutôt que le désespoir !

Qui supportera le jour de sa venue ? Qui se tiendra debout lors de son apparition ? (Ml 3,2)

Ces mots de Malachie rejoignent ceux de Paul et de Luc : il y aura des temps difficiles, mais nous ne sommes pas abandonnés aux fracas de la violence des humains, « le maître que vous cherchez, l’Ange de l’Alliance que vous désirez » vient… » (Ml 3,2) Le Seigneur ne nous oublie pas !

Mais les trois textes que nous lisons ce matin regorgent d’encoubles à la santé spirituelle de notre foi, autant de pièges tendus à sa vigueur et à sa fertilité : 

Ils sont dissimulés, comme le mensonge et les manipulations dénoncés par Malachie. Ils sont abrutissants, comme les ripailles et beuveries dont nous prévient Paul. Ils sont menaçants, comme les soucis de la vie qui alourdissent notre cœur, nous en avertit Jésus.

Ces jours mauvais ont leur durée et leurs œuvres ont leur effet nocif, mais ces textes annoncent qu’un jour de délivrance est préparé, qu’il vient et qu’il sera subit, il tombera sur nous à l’improviste, comme le filet d’un pêcheur. (Ml et Lc)

Un jour qui vient comme une (mauvaise) surprise ? Cette arrivée à l’improviste est sans doute une manière de rappeler que nous ne savons ni le jour ni l’heure. Mais cette ignorance n’est pas une fatalité, elle préserve la souveraineté de Dieu. 

Quant à nous, ne pas savoir nous mobilise et non l’inverse. Notre ignorance nous dégage de la prétention futile de connaitre l’agenda de sa venue pour préférer une conscience de sa venue qui nous engage à le vivre en tout temps : cet improviste nous garde de l’imprévoyance !

Comme le fut celle de la parabole, celle des vierges insensées de l’Evangile (Mt 25,1ss) qui, « en prenant leur lampes (…) n’avaient pas emporté d’huiles. » (Mt 25,3). A l’arrivée soudaine de l’époux qui « tardait », prise au dépourvu, elles ne purent l’accompagner « dans la salle de noces, et on ferma la porte. » (25,10) L’huile à cette époque, était le carburant de la lumière… si l’on veut la porter avec le Christ, il faut veillez à avoir assez de stock. Apprendre à prévoir sans savoir. Et la conclusion est lumineuse… « Veillez donc, car nous ne savez ni le jour ni l’heure. » (12)

La conclusion de la lettre aux romains que nous lisons peut étonner : « revêtez le Seigneur Jésus Christ » (13,14)

Parler de notre probité à vivre l’Evangile en usant d’une expression qui habille l’extérieur de notre personne et non son intérieur… N’est-ce pas manquer l’essentiel ?

Certes, revêtir le Christ est une image du baptême (Ga 3,27) mais, à l’inverse de ma question, l’image du vêtement décrit la transformation profonde de notre être spirituel et une pleine communion avec le Christ! (Ep 4,24),

Et peut-être bien que l’arrivée de l’hiver nous offre une illustration très parlante : pour lutter contre le froid, il est nécessaire d’être revêtu de manière adéquate ! La protection de notre habit nous permettra d’affronter sans crainte le froid si mordant du dehors. Et d’aller « revêtu du Christ », à la rencontre de nos semblables qui crèvent de froid dans la nuit du monde… En attendant d’être vêtu !


Photo: Eric Imseng


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