mercredi 29 mai 2024

Iras-tu, confiant...?

Aujourd'hui, dans la nuit du monde et dans l'espérance, j'affirme ma foi dans l'avenir de l'humanité. Je refuse de croire que les circonstances actuelles rendent les hommes incapables de faire une terre meilleure. Je refuse de partager l'avis de ceux qui prétendent l'homme à ce point captif de la nuit, que l'aurore de la paix et de la fraternité ne pourra jamais devenir une réalité.

Ces mots sont de Martin Luther King, prononcés lors de son discours d’acceptation du prix Nobel de la paix. Je refuse de croire, je dis non à la fatalité, malgré les circonstances adverses et malgré les échecs !

Cette foi en l’avenir fait écho au texte que nous venons de lire. Non : la mort de Jésus n’était pas la fin et sa résurrection non plus n’était pas la fin. C’est maintenant que tout commence.

Une courte prédication offerte au détenu-e-s des prisons à Genève. L’Évangile du jour était Matthieu, 28,16-20.

En méditant ce texte, j’ai tout d’abord été frappé le fait qu’ils ne sont que onze… Il s’agit de l’absence de Juda qui rappelle le drame qui s’est joué quelques jours plus tôt. Et puis il y a la difficulté de recevoir pour vivant la personne qui se tient devant eux… oui, ces doutes sont présents dans tous les récits de résurrection !

Bref, c’est une bien étrange assemblée qui vient à la rencontre du Christ ressuscité… Mais Jésus ne s’embarrasse pas de la faiblesse de notre humanité : il l’accueille, la guérit, il l’a rétabli en somme. Je pense que vivre en disciple de Jésus nous ramène à notre humanité et nous réconcilie avec elle !

Le Christ ressuscité ne se contente pas d’apparaître à ses disciples pour les consoler du moment difficile de sa mort. Ils les envoient : Tout pouvoir m'a été donné dans le ciel et sur la terre.

Pouvoir, un mot qui peut faire envie ou peur… Mais de qui Jésus le reçoit ? Pas du Tentateur qui lui promettait tous les royaumes du monde et leur pouvoir, en échange de son adoration… ce que Jésus a sèchement refusé (4,9-10), mais bien de son Père, dont l’autorité s’exerce sur la terre et dans le ciel ! Comme nous le prions dans la prière de Jésus, le Notre Père.

L’autorité du Christ n’est pas autre chose que faire la volonté de son Père et non un désir de puissance matérielle, politique ou physique…

Vous connaissez peut-être la rencontre entre le puissant Alexandre le Grand et un philosophe nommé Diogène. Diogène revendiquait l’expression d’une vie simple et libre envers tous les humains. Sa renommée conduisit le chef de guerre à rencontrer le philosophe.

Voici leur dialogue : - Je suis Alexandre - Et moi Diogène - Demande-moi ce que tu veux, je te le donnerai, dit le roi guerrier. – Diogène répondit : Alors, ôte-toi de mon soleil …

Échange avec les détenu-e-s : Alexandre et Diogène parlent-ils de la même puissance ? En quoi la réponse de Diogène vous plaît-elle ou vous dérange-t-elle ?

La fin du dialogue entre les deux hommes sera qu’il n’y a pas de raison de craindre un bien… Et je pense qu’il n’y a pas de raison de craindre l’autorité du Christ. Elle ne cherche pas à abuser de notre soleil

Je suis avec vous, tous les jours Ainsi l’Evangile s’achève sur une parole semblable à son commencement : On l’appellera Emmanuel, Dieu avec nous ! (1,23). Dieu avec nous… C’est ce qui était inscrits sur les ceinturons des soldats de la première guerre mondiale. Dieu avec nous, comme une brutalité qui se donne bonne conscience, comme une humiliation cherche à se justifier…

On l’a compris, nous sommes loin de l’Emmanuel dont l’Évangile fait ici l’éloge. Non pas une force matérielle ou politique, mais prophétique, spirituelle… Sans violence, elle n’en sera pas moins victorieuse : et c’est notre foi ! Je laisse le dernier mot à ce prophète moderne avec lequel j’ai débuté cette méditation :

Je crois que la vérité et l'amour, sans conditions, auront le dernier mot effectivement. La vie, même vaincue provisoirement, demeure toujours plus forte que la mort. Je crois fermement qu'il reste l'espoir d'un matin radieux, je crois que la bonté pacifique deviendra un jour la loi. Chaque homme … n'aura plus de raison d'avoir peur.

Photo : Eric Imseng

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