dimanche 16 novembre 2025

C’est moi qui ai besoin de venir à toi, et c’est toi qui viens à moi. (le baptême de Jésus)...

 Ce que nous avons entendu et connu, ce que nos pères nous ont transmis, nous ne le tairons pas à leurs descendants…

Le Psaume que nous avons lu est présenté comme une « instruction. » Et si on le lit dans son entier, il évoque l’histoire du peuple d’Israël et de sa foi, avec ses hauts et ses bas. Les jours de fidélité à Dieu et les jours de lâcheté, les jours où la confiance et la générosité semblent avoir disparus !

Ce psaume nous rappelle que, pour être instruit, il est utile de se souvenir. Et pour se souvenir il est nécessaire d’écouter avec attention A quoi, il faut ajouter : Ecouter, c’est avoir une oreille qui a des gestes concrets de patience, de bonté, de générosité…

On le comprend, s’instruire, c’est être à l’écoute de nos forces comme de nos faiblesses, c’est être à l’écoute de notre courage et de notre humilité, c’est être à l’écoute des mots qui disent la paix de Dieu en Jésus Christ.

Prédication offerte à l’assemblée paroissiale de Savigny, à l’occasion d’un baptême. Textes du jour : Psaume 78 et l’Evangile selon Matthieu, chapitre 3, les versets 13 à 17 (Le baptême de Jésus).

Mais l’intention de ce Psaume, ce n’est pas seulement savoir ce qui s’est passé, et le comprendre, il nous appelle encore à le transmettre, à ne pas le taire (3), à le dire à la génération suivante (4)

Il ne faut pas longtemps à être parents pour s’apercevoir que notre engagement auprès de nos enfants a, lui aussi, ses hauts et ses bas, autant de joies que de déceptions. Mais nous avons un atout très important, un invité de marque à nos côtés,

Il se tient encore dans un mot de ce psaume qui donne de la saveur à nos joies et de la hauteur à nos peines, un mot qui donne sons sens et sa valeur à toute notre histoire :  c’est le mot Alliance (9)

L’Alliance, c’est plus qu’un contrat, c’est un engagement mutuel, un lien qui nous unit à Dieu par un choix. Mais notre alliance avec Dieu, c’est aussi un amour partagé. Cette alliance que je porte, que nous portons, le dit à sa manière. Et cette alliance produit aussi son fruit : aujourd’hui, il s’appelle André (prénom d'emprunt).

Ainsi, transmettre est une tâche exigeante qui peut nous paraître parfois écrasante, mais « Dieu donne ce qu’il ordonne »… Ainsi, transmettre, c’est se tenir debout et dans la confiance en Dieu.

Jean voulut s'y opposer : « C'est moi, disait-il, qui ai besoin d'être baptisé par toi, et c'est toi qui viens à moi ! »

Je vous invite à regarder avec moi l’illustration qui se trouve sur votre feuillet. C’est une photo que j’ai prise dans l’Eglise de l’Abbaye de Montheron qui est à deux pas d’ici. Ce vitrail du baptême de Jésus est l’œuvre de Françoise Ribas, en 1930. Mais quelle modernité !

Ce qui m’a frappé en premier lieu en le voyant est la posture de Jésus et de Jean Baptise. Leurs deux visages inclinés, leurs yeux fermés…Comme s’ils regardaient ailleurs, comme s’ils regardaient en eux-mêmes, au cœur de leur être. Alors que le ciel, lui, s’ouvre comme jamais et resplendit de la joie de Dieu, dans ses rayons de lumière ! Alors que l’Esprit Saint, comme une colombe, vient dire la reconnaissance du Père pour l’humilité de son Fils ! Et c’est sans doute ce qui se dit au cœur de ce passage d’Evangile : ce moment est fait de recueillement et d’humilité

La composition de ce vitrail semble être juste après la protestation de du prophète et l’affirmation de Jésus : C’est moi qui ai besoin de venir à toi… et c’est toi qui viens à moi.

Je ne peux m’empêcher de lire dans ces mots, quelque chose de notre lien avec le Christ, de ce qu’il vient nous donner à vivre en toute humilité. Il ne vient pas dominer, il vient aimer, il vient servir. C’est moi qui ai besoin de venir à toi… et c’est toi qui viens à moi.

Son geste est un signe de sa mission et de son désir de se faire proche de notre humanité, il dit sa solidarité avec notre condition humaine. Inutile donc de s’enorgueillir de ce baptême, car ce n’est pas une médaille dont on se vante, mais un tablier dont il faudra se servir pour aimer son prochain.

Mais Jésus lui répliqua : « Laisse faire maintenant : c'est ainsi qu'il nous convient d'accomplir toute justice. »

La justice, toute justice : comment ignorer la valeur et l’importance de ce mot ?Justice ! Souvent un appel, ou plutôt un cri, de colère ou de désespoir ! Mais ici, il est dit simplement, d’une voix assurée, mais presque dans un souffle… Et pourtant, il y a quelque chose de radical dans cette fidélité à la volonté de Dieu !

Car derrière ces mots de toute justice, il y a la justice du Père, celle de son règne à lui, le Royaume des cieux, que l’on entend ailleurs dans les mots de Matthieu, que nous lisons ce matin, et qui disent l’essentiel de notre besoin en la matière : « Cherchez d'abord le Royaume et la justice de Dieu, et toute chose dont vous avez besoin vous sera donné par surcroît. » (Mt 6,33)

Et ce Royaume des cieux et sa justice, il se dit encore dans ces mots que l’on entend dans la voix et la joie du Père, alors que Jésus sort de l’eau : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, celui qu'il m'a plu de choisir. » (17)

Cette joie ne nous rappelle-t-elle pas un peu la nôtre, comme parents,  lorsque nos enfants montrent des qualités qui nous réjouisse et nous confortent dans la reconnaissance de les voir marcher dans ce que nous leur avons transmis ?

Celui-ci est mon Fils bien-aimé . Le titre à son importance ici pour Jésus, mais il n’est pas une exclusivité. Car le titre de fils de Dieu, dans la Bible est une expression qui peut être attribuée à qui délivre le peuple de l’oppression, ou encore à l’humain qui fait preuve d’humanité, ou enfin, au roi David qui, lui aussi, est appelé « fils de Dieu. »

Faut-il en être choqué... ? ou y avoir part, nous aussi ? Heureux ceux qui font oeuvre de paix : ils seront appelés fils de Dieu. (Mt 5,9)

Ces mots sont de Jésus, dans ce même évangile selon Matthieu, dans ses Béatitudes. Et les fils et filles de Dieu dont Jésus parle n’ont pas de super pouvoirs, ils sont bien humains, ils nous ressemblent, mais ils font de leur humanité un lieu qui proclame le Royaume de Dieu, avec des gestes qui accomplissent « toute sa justice. »

Que Dieu, dans sa grâce, nous l’accorde. Amen


Le baptême de Jésus: vitrail de Françoise Ribas, dans l'Abbaye de Montheron.

 

 

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