vendredi 12 août 2022

Le prix de la grâce (Une republication de l'été)

(le 28 août 2021)

Le prix de la grâce est le titre d’un livre de Dietrich Bonhoeffer, le fameux théologien et pasteur de l'Eglise confessante d’Allemagne, pendant le régime hitlérien, dans les années 30.Dans son livre, il revendique la grâce comme étant coûteuse ! Il appelle à une réflexion renouvelée sur le Christ et la vie de disciple, car il s’agit de prendre conscience des exigences de la grâce divine, alors que l’Eglise allemande lutte contre sa mise au pas par le régime nazi.

Dès les premières lignes, il affirme avec vigueur : La grâce à bon marché est l’ennemie mortelle de notre Eglise. Actuellement, dans notre combat, il en va de la grâce qui coûte. La grâce à bon marché, c’est la grâce considérée comme une marchandise à brader… une grâce sans aucun prix, sans aucun coût !

Courte prédication offerte aux détenu.e.s des prisons de Genève. Lecture de l'Evangile: Luc 7,36-50 (la femme au parfum).

Et la grâce à laquelle nous assistons dans l’Evangile de Luc est bien de celles qui coutent ! Au cours d’un repas chez un chef religieux, une scène surprenante : l’irruption d’une femme, dite pécheresse, que personnes ne souhaite voir ici ; de plus, elle prodigue sur Jésus des gestes inopportuns, un peu érotiques même… et elle verse beaucoup de larmes et répand tout autant de parfum ! Remplissant la demeure de Simon le Pharisien, de parfum et de gêne… Mais, plus déconcertant encore, il y a l’attitude de ce prophète de Nazareth, qui ne la repousse pas ni ne condamne ses gestes !

Et alors que le chef religieux qui l’accueille est en train de douter de sa crédibilité, Jésus propose un récit. Mais il ne raconte pas simplement une histoire pour calmer les gens, il donne à cette situation surprenante un sens qui est une bonne nouvelle, celle du Royaume de Dieu ! Mais son récit, sa parabole, va dire aussi combien elle en coûte pour être accueillie !

Il y a deux débiteurs, dont l’un doit 500 pièces d’argents (18 mois de salaire de l’époque !) et l’autre dix fois moins. On annule leur dette à chacun, car aucun d’eux ne peux payer. Et Jésus questionne : entre celui qui doit beaucoup d’argent et celui qui en doit peu, lequel sera le plus reconnaissant ? Celui à qui l’abandon de sa dette aura… le plus coûté !

Mais pour que les comptes soient bons, il faut… que le regard change. Et Jésus interpelle : Tu vois cette femme ? Pas seulement, la vois-tu, mais regarde-là profondément ! Laisse ses gestes parler à ton cœur, à ta compassion… cesse d’enfermer cette femme dans une catégorie qui t’enferme toi aussi dans la peur et l’aveuglement… Cesse de juger sans savoir, sans aimer !

Aimer est un mot important de ce récit : Celui à qui l’on pardonne peu, aime peu. La mesure de l’amour semble liée à la quantité de pardon accordé… et reçu mais, nous le voyant par l'exemple de cette femme, cette grâce est accordée pour remplir de reconnaissance et non de honte !

Ses gestes, jugés scandaleux, sont l’expression de sa gratitude et de son amour ! Et s’ils paraissent excessifs, c’est que le pardon accordé l’est également ! Et faut-il rappeler le prix qu’il coûtera à celui qui va le lui accorde ?

Et le dernier coût de cette grâce est dans l’affirmation de Jésus …tes péchés sont pardonnés. Jésus est bien plus qu’un prophète, ignorant les règles de pureté religieuse, il affirme ici son autorité de Fils : Le Fils de l’Homme a le pouvoir de pardonner les péchés. (Mt 9,6)

Puis, il ajoute : Va en paix. Ta foi t’a sauvée… et cette parole de Jésus dit encore le prix de la grâce, car la voilà désormais libre et responsable de reprendre le cours de sa vie… en personne graciée par le Christ.

Dietrich Bonhoeffer écrivait encore : La grâce coûte cher, parce qu’il faut porter le joug d’une marche à la suite de Jésus Christ, mais c’est encore une grâce, car il ne faut pas oublier cette parole de Jésus : Mon joug est doux et mon fardeau léger. (Mt 11,30)

Allons en paix… notre foi nous a sauvé !



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