vendredi 4 octobre 2024

Le Notre Père du prisonnier (4 - Que ton Règne vienne...)

Je poursuis la publication de courtes prédications, offertes aux détenus.e.s des prisons à Genève, sur chacune des paroles du Notre Père, dans l’Évangile selon Matthieu (6, 9-13).

Pour ceux qui l’ignorerait, les conditions de l'organisation des célébrations dans les prisons limitent la durée de leur déroulement. Et je n'ai que 5 minutes (avec sa traduction anglaise) pour partager une prédication avec les détenus.

Le titre de ces articles me vient d'une prière du Frère Dominicain Philippe Maillard: Le Notre Père du prisonnier (ou la prière des sans voix). Aujourd'hui décédé, il fut très engagé auprès des personnes en situation de précarité.

Il a laissé une magnifique paraphrase du Notre Père que j'ai également publié dans un article précédent. 

Mais pour le moment...   

"Notre Père ... , que ton Règne vienne." (10)

Jésus disait : « Il en est du Règne de Dieu comme d’un homme qui jette la semence en terre : qu’il dorme ou qu’il soit debout, la nuit et le jour, la semence germe et grandit, il ne sait comment. D’elle-même la terre produit d’abord l’herbe, puis l’épi, enfin du blé plein l’épi. Et dès que le blé est mûr, on y met la faucille, car c’est le temps de la moisson. » (Mc 4,26.29) 

 

Vous avez sans doute reconnu la parabole de la semence qui pousse d’elle-même ? Elle souligne la force naturelle de cette semence qui se développe et produit son épi jusqu’à la moisson. Comme l’on dit : « Rien ne sert de tirer sur la plante pour la faire pousser ! » Elle donnera son fruit en sa saison. Ainsi en est-il du Règne de Dieu ! 

 

Jésus a utilisé ces récits que l’on nomme paraboles. Son intention : nous aider à saisir la valeur de ce Règne de Dieu parmi nous. Et qu’il n’est pas là par hasard ! 

 

Que ton Règne vienne. Ces quatre mots du Notre Père, Jésus les a déjà prononcés, un peu plus haut dans cet Évangile, lorsqu’il annonce : « Le Règne de Dieu s’est approché » (3,2). 

 

Que ce Règne vienne… que ce Règne se soit approché… qu’est-ce que cela veut dire ? Ce Règne est-il déjà arrivé ou faut-il l’attendre encore ? Et s’il s’est approché, pourquoi demander qu’il vienne ? Où le voir ? Comment le reconnaître ? 

 

Des théologiens ont résumé la particularité de ce Règne à l’aide de deux mots : déjà – et pas encore. En ce sens que ce Règne existe déjà dans le monde, mais pas encore reconnu par tous. 

 

Le Règne de Dieu c’est tout d’abord, dans le Premier Testament, l’affirmation qu’il appartient au Seigneur depuis toujours. Dans le Psaume 103, par exemple : « Le Seigneur a établi son trône dans les cieux et sa royauté domine tout » 

 

Mais le Christ lui a donné une dimension nouvelle : il est désormais présent comme jamais auparavant. Le Christ lui a donné un corps, une parole. Il a montré des gestes qui disent son importance et sa valeur. Le Christ à fait venir le Règne de Dieu à la rencontre des humains, et plus qu’un pouvoir, il leur offre une relation à Dieu, Notre Père, plus libre, plus authentique, plus proche. 

 

Ainsi, « Que ton Règne vienne », demande à Notre Père que ce qu’il a commencé en Jésus, soit bientôt pleinement achevé en Dieu ! On le comprend un peu mieux : le temps – quand ce Règne sera-t-il accompli? Et le lieu – où ce Règne se trouvera-t-il ? ont trouvé leur réponse dans une personne… Jésus, le Christ ! 

 

Pratiquement, le Règne de Dieu ne se réalise pas comme un tour de grande illusion : on ne voit rien… et puis d’un coup, il est là ! Avant de le voir, nous sommes invités à l’accueillir… Nous pouvons même dire que nous sommes appelés à le laisser s’épanouir en nous… car certaines paroles de Jésus laissent entendre que ce Règne est là… au cœur de notre être ! 

 

Ce Règne nous pourrions le nommer « inspiration, autorité, valeurs »… Mais il a un signe visible, sensible : l’amour. L’amour de Dieu et de son prochain. Et nous le savons de Jésus lui-même : le prochain, c’est celui qui aime… au-delà des apparences faciles, mais inutiles ! 

 

« Cherchez premièrement le Royaume des cieux et sa justice » nous dit encore Jésus dans cet Évangile (6,33). Avec la promesse de recevoir tout ce dont nous aurons besoin pour le vivre. 

Ainsi, la présence de ce Règne de Dieu s’accomplit dans la confiance !

mardi 24 septembre 2024

Le Notre Père du prisonnier (3 - Que ton Nom soit sanctifié...)

Je poursuis la publication de courtes prédications, offertes aux détenus.e.s des prisons à Genève, sur chacune des paroles du Notre Père, dans l’Évangile selon Matthieu (6, 9-13).

Pour ceux qui l’ignorerait, les conditions de l'organisation des célébrations dans les prisons limitent la durée de leur déroulement. Et je n'ai que 5 minutes (avec sa traduction anglaise) pour partager une prédication avec les détenus.

Le titre de ces articles me vient d'une prière du Frère Dominicain Philippe Maillard: Le Notre Père du prisonnier (ou la prière des sans voix). Aujourd'hui décédé, il fut très engagé auprès des personnes en situation de précarité.

Il a laissé une magnifique paraphrase du Notre Père que j'ai également publié dans un article précédent. 

Mais pour le moment...   

"Notre Père ... , que ton Nom soit sanctifié." (9)

"Le dieu inconnu" était une divinité vénérée par les grecs anciens. En plus des dieux principaux de l’Olympe, ils reconnaissaient l’existence d’innombrables divinités mineures. Pour ne pas risquer d’en ignorer une, ils ont choisi de confesser leur ignorance en inscrivant sur un Autel d’Athènes cette dédicace : "A un dieu inconnu."


Le livre des Actes rapportent la tentative de l’apôtre Paul d’attribuer cette dédicace au Dieu créateur qu’il venait annoncer aux athéniens. La chose ne se passait pas trop mal, jusqu’au moment où Paul parla de la résurrection à venir… avec l’échec ou la demi-réussite que l’on sait.

 

"A un dieu inconnu" ? La Bible nous présente un dieu qui se fait connaître, en particulier à Moïse, dans le livre de l’Exode.  À sa demande, Moïse reçoit même son Nom, que l’on peut traduire : "Je suis qui je suis (ou qui je serai)." Ainsi, quelle que soit la particularité de la traduction, ce nom dit clairement L'ÊTRE de Dieu…

 

Et quand Jésus, dans cette prière le nomme "PÈRE", il nous invite à entrer dans une relation authentique et confiante avec une personne qui EST. Sa prière est plus qu’un texte à répéter : elle est une inspiration, elle insuffle en nous la liberté de s’adresser à Dieu "Notre Père", sans peur, sans honte, sans feinte.

 

« Notre Père qui est aux cieux, que ton NOM soit SANCTIFIE »

 

Dans la littérature biblique, le Nom désigne respectueusement la personne de Dieu. Mais avec quel autre mot pourrait-on nommer notre respect pour le Nom de Dieu ? (Échanges avec les détenu.e.s) :  « sanctifier », « honorer », « respecter », « célébrer » ... Ces mots, que nous avons choisis ensemble, disent ce que nous désirons vivre en présence de Notre Père. La sainteté de Dieu est appréciée à sa juste valeur lorsque nous expérimentons ces bienfaits dans notre vie.

 

"Saint" signifie qui appartient à Dieu seul ! "Saint" est une manière de dire que Dieu existe par lui-même, il n’est dépendant de rien ni personne. On ne peut ajouter quoi que ce soit à la personne de Dieu, à l’existence de Dieu. Dieu n’est donc pas notre propriété.  Sanctifier Dieu, c’est accepter que ce que je sais de lui est limité. D’autres, différents de moi, peuvent aussi sanctifier Dieu.

 

Une petit anecdote à ce sujet : un moine chrétien (Christian de Chergé), qui pratiquait un dialogue intense avec des croyants musulmans, utilisait une image pour en parler. Il disait : "Nous construisons ensemble notre puits" (sous-entendu, nous sommes en quête de Dieu ensemble, avec nos différences). 

 

Un jour, en plaisantant, il dit à son interlocuteur : "A ton avis, au fond de notre puits, qu’allons-nous trouver ? De l’eau musulmane ou de l’eau chrétienne ?" Son ami lui répondit alors : "Je pense que, au fond de ce puits, nous trouverons tout simplement de l’eau de Dieu !"

 

Je crois que la foi en Dieu est une quête constante de la connaissance de Dieu, dans la relation avec autrui. Un philosophe a écrit: "Si Dieu est quelques part, c'est dans le visage de l'autre."  

 

Ainsi, lorsque de la violence est commise au nom de Dieu, il n’est pas sanctifié c’est certain ! Faire mourir quelqu’un parce qu’il ne croit pas comme moi, c’est prendre le risque de mettre à mort une expression de la sainteté de Dieu !

Et nous, accepterons-nous de sanctifier le Nom de Dieu ? Accepterons-nous de vivre avec confiance et authenticité auprès de "Notre Père" ? Consentirons-nous à notre fragilité pour découvrir notre sainteté ?  

Lorsque nous prions "... que ton nom soit sanctifié" :

 

… nous disons que Dieu est saint, qu’il est aussi unique et différent que tout ce qui existe dans cette création.

 

… nous disons que Dieu est proche dans l’histoire du monde comme dans notre vie quotidienne et que nous attendons avec confiance que son œuvre arrive à son but.

 

… nous disons que nous reconnaissons en Dieu notre Père et que nous souhaitons l'honorer et le respecter.

 

… nous disons enfin que nous avons confiance que ce que nous entreprenons pour lui et avec lui n’est pas vain, malgré nos limites et nos imperfections.

 

Le pasteur Philippe Zeissig notait, avec autant de clarté que de finesse : "Sanctifier le nom de Dieu, c’est l’accueillir dans notre vie comme le Soleil est accueilli dans le Ciel. C’est laisser ce Nom irradier notre être intérieur ; c’est en tirer notre inspiration et notre paix."

 

"Ainsi soit-il" pour nous , ensemble, aujourd'hui et toujours.




vendredi 13 septembre 2024

Le Notre Père du prisonnier (2 - Notre Père qui est aux cieux...)

Je poursuis la publication de courtes prédications, offertes aux détenu.e.s des prisons à Genève, sur chacune des paroles du Notre Père, dans l’Évangile selon Matthieu (6, 9-13).

Pour ceux qui l’ignorerait encore, les conditions de l'organisation des célébrations dans les prisons limitent la durée de leur déroulement. Et je n'ai que 5 minutes (avec sa traduction anglaise) pour partager une prédication avec les détenus.

Le titre de ces articles me vient d'une prière du Frère Dominicain Philippe Maillard: Le Notre Père du prisonnier (ou la prière des sans voix). Aujourd'hui décédé, il fut très engagé auprès des personnes en situation de précarité.

Il a laissé une magnifique paraphrase du Notre Père que j'ai également publié dans un article précédent. 

Mais pour le moment..

"Notre Père qui es aux cieux." (9)

Le 21 juillet 1969, à 3 heures de la nuit européenne, il y a un peu plus de cinquante ans, le commandant Neil Armstrong est le premier homme à poser le pied sur la lune ! Il a cette parole, devenue historique : « C’est un petit pas pour l’homme, mais un grand pas pour l’humanité » !

J’allais avoir 8 ans, et mes parents avaient accepté de me réveiller pour regarder, avec 600 millions de téléspectateurs, cet événement inouï : l’astre que je voyais si lointain était là, à portée de regard, et un homme était en train d’y marcher ! Fascinant ! Le rêve de marcher sur la lune, que notre humanité faisait depuis des siècles… était réalisé !

Si loin et pourtant si proche… Inaccessible et pourtant rejoint, touché, habité ! Cet événement a fait écho en moi, alors que je méditais les premiers mots de la prière de Jésus : « Notre Père qui est aux cieux ».

Autant le mot "père" peut nous paraître proche… autant le mot "cieux" peut sembler lointain. Que signifie ce "aux cieux" ? Dieu se tient-il dans les nuages ou parmi les étoiles ?

L’astronaute Yuri Gagarine aurait dit après son vol spatial : "j’ai volé dans l’espace, mais je n’ai pas vu Dieu" ? Mais savait-il que, dans l’espace qu’il avait traversé, il était encore dans la création de Dieu !

Savait-il que notre Père céleste est l’auteur des cieux, comme il l’est de toute la création, aussi loin que notre univers existe ! Savait-il que "aux cieux" n’est pas un lieu que l’on pourrait voir de nos yeux ? Notre père céleste, créateur du ciel et de la terre est esprit et vie et non matière que l’on pourrait toucher du doigt.

Le vitrail de Marc Chagall qui illustre cet article et qui s’intitule « La création du monde » le démontre : l’artiste n’est pas physiquement dans cette œuvre, et pourtant chaque trait et couleur qui a été posé pour créer cette œuvre est de lui.

Marc Chagall n’est pas visible dans cette œuvre, mais ses formes et ses couleurs, qu’il a créés nous parlent de sa personne, de son talent, etc. Et de même pour Dieu lorsqu’il est dit créateur du ciel et de la terre !

Mais intéressons-nous à l’expression "Notre Père". Jésus, s’il ne l’invente pas, ne l’emploie pas par hasard : elle est utilisée dans le judaïsme de son époque. Dans les religions de l’Antiquité aussi, en particulier lorsque l’on fait appel à son Dieu, en situation de détresse !

Mais le mot père pourrait rappeler des souvenirs pénibles… Comme ce jeune, à qui l’on parlait de Dieu comme un père, et qui s’écria : "si ton Dieu est comme mon père… tu peux te le garder !"

Cependant, Jésus ne parle pas d'abord de notre lien avec nos parents, il nous conduit à accueillir la valeur intime d'une relation avec Notre Père. Cette valeur est contenue dans un mot très simple, dans le vocabulaire du Nouveau Testament : Abba

Abba est à l’origine, le balbutiement de l’enfant en bas âge. Il dit aussi le respect que l’on doit à une personne plus âgée. Abba, Père, est la plus simple expression de notre être, nous disons ainsi la confiance de l’enfant envers son parent ! Et le respect envers une personne importante !

Jésus a prononcé ces mots lors de la nuit qui a précédé sa mort sur la croix, pour dire à son Père sa détresse. L’apôtre Paul l’emploie pour affirmer notre filiation avec Dieu que l’Esprit Saint crie en nous comme la bonne nouvelle d’une libération ! "Dieu a envoyé dans nos cœurs l'Esprit de son Fils, lequel crie : Abba ! Père !" (Ga 4,6)

Si nous disons à Dieu "Papa" (ou "maman", le genre n’est pas si important), c’est pour vivre libres et authentiques dans notre foi en Dieu, Notre Père, pour entreprendre avec créativité, pour persévérer avec audace. Vivre avec patience et confiance les temps difficiles de notre existence !

Tout à l’heure, nous dirons la prière de Jésus. Nous ne dirons pas "MON Père", mais "NOTRE Père"… La tendresse et la fidélité que Dieu nous offre dans ce mot, nous les vivons en amitié avec toutes celles et ceux qui font notre communauté de croyants, par le monde entier.

C’est sa force et peut-être sa faiblesse. Si elle reste uniquement la prière liturgique que nous vivrons tout à l’heure… habituelle, machinale, nous en perdons le sens et la valeur !

Aussi, je vous invite à tenter une petite expérience lorsque vous serez rentés chez vous, dites cette prière en laissant au moins 3 secondes entre chaque verset… Vous pourriez découvrir ainsi encore bien d’autres richesses spirituelles que celles que je viens de partager avec vous !

 Marc Chagall: La création du monde

lundi 9 septembre 2024

Le Notre Père du prisonnier (1 - Vous donc, priez ainsi...)

Je publie ici les courtes prédications, sur chacune des paroles du Notre Père, dans l’Évangile selon Matthieu (6, 9-13), que j'ai partagées avec les détenus des prisons à Genève.

Le titre de ces articles me vient d'une prière du Frère Dominicain Philippe Maillard: Le Notre Père du prisonnier (ou la prière des sans voix). Aujourd'hui décédé, il fut très engagé auprès des personnes en situation de précarité.

Il a laissé une magnifique paraphrase du Notre Père que je publierai dans un article en parallèle à ces publications.

Mais pour le moment... 

 

"Vous donc, priez ainsi : Notre Père qui est aux cieux." (9)

 

Nous venons de lire une prière qui a plus de 2000 ans! Depuis le début du christianisme, elle est dite par les disciples du Christ, et aujourd’hui, elle est prononcée en commun par les chrétiens de toutes confessions, lors de nos célébrations chrétiennes.

 

Mais cette prière, ce ne sont pas que des mots à savoir et à dire. Jésus espère de nous plus qu’une récitation ! À ses disciples qui lui demandent une prière, Jésus leur offre une parole qui est un don de soi fait à Dieu, dans la confiance et la reconnaissance.

 

Mais j’aimerais prendre le temps de lire avec vous, ce matin, les mots de Jésus qui précèdent cette prière, dans l'Evangile selon Matthieu.

 

"Gardez-vous de pratiquer votre religion devant les hommes pour attirer leurs regards." (1)

 

Jésus ne critique pas le fait de prier ensemble, d'une manière visible, lors de nos célébrations, il parle bien d’hypocrisie… une pratique religieuse qui ne serait dite - et surtout montrée, uniquement pour se mettre en valeur devant les autres !

 

Le théologien Daniel Marguerat note que Jésus nous appelle à passer du paraître à l’être, et il précise : "La valeur d’une personne ne se joue pas dans ce qu’elle fait sous le regard des autres, mais dans sa relation filiale au Père qui voit dans le secret."

 

Et prier, pour Jésus, c'est premièrement entrer "dans ta chambre la plus retirée, verrouille ta porte et adresse ta prière à ton Père qui est là dans le secret." (6)

Cette « chambre » où Jésus nous invite, n’est pas forcément un lieu à l’écart, un lieu de prière dédié. Cette chambre, je la comprends aussi comme une attitude de discrétion, d’humilité. comme la conscience d'être en présence de Dieu. Cette chambre peut être, symboliquement, notre être intérieur.

Dieu serait donc ainsi présent dans l’intime de notre être ? Voilà qui est réjouissant... ou pourrait être inquiétant !

Mais ce Père dont parle Jésus n’est pas un juge dure et intransigeant, prêt à nous faire des reproches au moindre faux pas… Sa présence dans le secret est celle d'une relation d’authenticité, sans complaisance, mais avec bienveillance. Dès lors, notre Père qui est là, dans le secret" se réjouit que nous soyons aussi vrai avec lui qu’il l’est avec nous.


Ainsi, le Notre Père qui est aux cieux est précédé par le Notre Père qui voit dans le secret : pas la peine de faire le show, pas la peine de se cacher, pas la peine d’avoir peur. Simplement être là, dans sa présence, et laisser le Père céleste nous voir – c'est-à-dire, nous rencontrer.

 

Lorsque nous disons le Notre Père, Jésus nous invite encore à la confiance. "Quand vous priez, ne répétez pas comme les païens ; ils s’imaginent que c’est à force de paroles qu’ils se feront exaucer." (7)

 

Notre confiance en Celui qui nous écoute quand nous sommes en prière ne se mesure pas à l'esthétique de nos paroles, ni à leur vitesse, ni à leur répétition… un flot de paroles, ne sert à rien non plus. Pourquoi ? "… car votre Père sait ce dont vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez." (8)

 

S’il sait, alors pourquoi prier ? Le Réformateur Martin Luther a écrit que "Par nos prières, nous nous instruisons nous-mêmes, plus que nous instruisons Dieu." Le Réformateur ouvre ainsi la prière comme un espace de dialogue avec Dieu pour partager nos besoins, nos craintes, nos désirs…

 

Mais il y a plus intime encore. Saint Augustin a écrit : "Tout désir qui appelle Dieu en nous est déjà une prière." La prière comme un soupir, comme un désir de Dieu, de sa présence…? Et que dire du simple fait de se tenir en silence devant Dieu, et qui est encore une prière ?

 

Ainsi, le Notre Père qui est aux cieux est précédé du Notre Père qui sait ce dont nous avons besoin. Et parler avec quelqu’un qui sait, ce n’est pas inutile, mais rassurant. Prier, c’est s’approcher de Dieu et vivre… et donner du sens à notre vie.




"Lueurs au creux de l'ombre"© Une étape, des étapes !...

Je pense que beaucoup reconnaîtront ici la mienne (comme la leur) dans cette photo... Mais pour le livre à écrire, c'est fait! Retour d...