dimanche 25 mai 2025

Jésus, que ma joie demeure...

Ai-je encore faim ? Suis-je rassasié ? Je me souviens d’un petit exercice pour répondre à la question. Il s’agissait d’un tableau aidant à observer notre faim et notre satiété. Il comportait une échelle allant de je n’ai pas faim jusqu’à je suis affamé ! Et de même pour la satiété : de j’ai trop peu mangé, en passant par j’ai assez mangé, jusqu’à j’ai beaucoup trop mangé !

Et le but de cet exercice ? Apprendre à être à l’écoute de notre faim réelle plutôt que de nos envies, reconnaître quand on est rassasié ou que l’on peut encore manger. Cet apprentissage n’est pas inutile dans un environnement où l’on nous propose de la nourriture à chaque coin de rue et où l’on pourrait manger toutes les dix minutes !

Prédication offerte à l’assemblée paroissiale de Forel. Textes bibliques du jour : Esaïe 55, 1 Jean 4, Evangile selon Jean, 16, 16 à 24.

Un tel exercice sur la réalité de nos besoins physiques n’est pas sans intérêt non plus quant à nos besoins spirituels. À l’écoute du texte d’Esaïe, nous sommes invités à manger des mets savoureux, à étancher notre soif… sans en payer le prix, c’est offert !

Connaître ses besoins, c’est d’autant plus nécessaire que l’offre du Seigneur est très généreuse. Elle n’a rien à voir avec une publicité mensongère – A quoi bon dépenser votre argent pour ce qui ne nourrit pas . C’est une offre sans arrière-pensée, une offre de qualité, savoureuse, désintéressée – sans argent,  sans paiement du vin et du lait.

On va se régaler, bien sûr… mais comme pour la santé de nos aliments physiques, on peut passer à côté de la santé de nos aliments spirituels, travailler pour ce qui ne rassasie pas ! Et la clé d’Esaïe, comme dans notre échelle de faim et satiété, la clé est dans l’écoute de nos besoins réels en Dieu – Ecoutez donc… venez vers moi, écoutez et vous vivrez. (2-3)

Et l’invitation a son importance. Plutarque l’écrivait à sa manière : Le commencement de bien vivre, c’est de bien écouter.

Ecouter nos besoins réels ? Fort bien, mais est-ce si facile d’avoir une bonne écoute ?

Et il y a une difficulté supplémentaire. C’est que les bienfaits de David, que l’on peut interpréter, à la lumière des Evangiles, comme les bienfaits du Royaume des cieux, nous sont accordés généreusement, on peut même dire : avec une générosité déraisonnable… elle est sans limite !

Dans le « Royaume des cieux du Fils de David », la bonté du Père n’est pas donnée dans un de ces petits gobelets à rainures, que l’on utilise en cuisine, pour connaitre le contenu de la recette. Les dons du Christ n’ont pas de « mesurette » : « Demandez, on vous donnera ; cherchez, vous trouverez ; frappez, on vous ouvrira. En effet, quiconque demande reçoit, qui cherche trouve, à qui frappe, on ouvrira. » (Mt 7, 7-8)

Mais si l’on commettait une erreur ? Eh bien, tant pis – ou plutôt tant mieux ! Ce sera l’occasion de vivre les mots de la première lettre de Jean, que nous avons entendu tout à l’heure dans la prière d’humilité : il y a plus d’amour que de condamnation dans le cœur du Père ! (1 Jn 3,20)

Dieu plus grand que notre cœur qui nous accuse… comme cela préparait bien son cri du cœur : Le parfait amour jette dehors la peur ! (18) Vivre la bonne Nouvelle du Christ dans sa généreuse liberté ne doit pas nous remplir d’inquiétude, au contraire : la grâce de Dieu – et c’est dit sans ménagement – eh, bien, la grâce de Dieu la jette dehors, la peur !

Notre paix est d’avoir trouvé une bonne maison et d’y demeurer : Dieu demeure en nous, et nous en Dieu. (15) Qui ne désirerait pas habiter une jolie demeure ? Demeurer, le mot vient simplement de se tenir en sa maison, mais aussi de rester auprès de quelqu’un. En Christ, nous habitons une maison large et sûre. En Christ, nous habitons une demeure simple et lumineuse, chaleureuse et généreuse dans l’accueil de notre prochain. En Christ, notre avenir est serein parce qu’il y demeure avec nous.

Une maison sûre, un avenir serein… alors quoi : c’est la « Dolce Vita » ? Pas vraiment comme la quête infructueuse d’amour et de bonheur que le film de Fellini décrit, ni comme un « farniente », une douce paresse oisive…

En réalité, mieux que ça car, personne ne l’ignore, les jours peuvent être mauvais ! Dans l’Evangile de Jean que nous lisons, Jésus parle d’affliction, de deuil, mais aussi d’un « se revoir », d’un cœur qui va se réjouir, et d’une joie que rien ni personne ne pourra nous enlever !

C’est le dernier soir avant sa Passion, c’est le soir de tous les espoirs et de tous les dangers, c’est le soir des dernières paroles à ses disciples, c’est aussi le soir où Jésus provoque leur incompréhension. : « Qu'a-t-il voulu nous dire… nous ne comprenons pas ce qu'il veut dire ! » (17-18)

On pourrait regretter la perplexité des disciples, mais chercher le sens des paroles du Christ, ça devrait être une évidence et pas un étonnement : leur incompréhension n’est-elle d’ailleurs pas aussi la nôtre ? « Qu'a-t-il voulu nous dire ? » N’est-ce pas le meilleur commencement pour discerner le sens des paroles du Christ ? Ce sera toujours mieux que la trompeuse assurance qu’on a tout compris de lui !

Les disciples passeront de l’incompréhension à la foi, et nous avec eux. Désormais ils ne verront Jésus plus en vision, mais ils le verront en communion, et nous avec eux ! La joie de la Fête de la Pâque ne nous quitte jamais. Non : on ne plie pas le décor après la fête. Et oui : la joie du Christ demeure au-delà du calendrier liturgique une fois passé ! Et cette joie, nul ne nous la ravira. (22)



Photo: Eric Imseng


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