dimanche 13 octobre 2024

Il ne suffit pas de me dire: Seigneur, Seigneur...

Le Seigneur parle. Et s’il est vrai que c’est une image… elle est parlante ! La Parole de Dieu, ce ne sont pas que des mots, nous l’avons lu tout à l’heure au début de ce culte, sa Parole vivante, vivifiante, est capable de féconder la Création comme d’inspirer une vie humaine. Faut-il rappeler que la Création est sortie toute entière de sa Parole : « … et Dieu dit : « Que la lumière soit ! » Et la lumière fut. » (Gn 1,3). Mais dans le livre du Deutéronome que nous venons de lire, le Seigneur semble ajouter : « Si je te parle, écoute-moi. »

Prédication offerte à la communauté paroissiale de Savigny-Forel. Les textes bibliques sont le livre du Deutéronome, chapitre 11, la première lettre de Jean, au chapitre 3 et l'Evangile selon Matthieu, au chapitre 7.

Ecouter, ce verbe est lié intimément à la Parole de Dieu. Quelques chapitres plus haut, nous pouvons lire le fameux Sheema Israël : « Ecoute Israël, le Seigneur notre Dieu est le Seigneur UN. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu… » Lorsque le Seigneur parle, il nous demande une écoute qui n’est pas qu’une simple attention, mais une communion dans un amour réciproque. Ce que la première lettre de Jean appliquera à nos relations  : « Nous savons que nous sommes passés de la mort dans la vie, puisque nous nous aimons les uns les autres … » (1 Jn 3,14)

Ainsi donc, faut-il vraiment obéir à Dieu ? Notre passage du Deutéronome parle de garder ses observances (1), d’écouter vraiment ses prescriptions (13)… des verbes qui me semblent aller bien au-delà de la simple soumission à des ordres ? En somme, nous penchons sur une parole qui porte au-delà de mots comme des gestes ordinaires… le mot juste pour la qualifié est sans doute que nous sommes à l’écoute d’une parole prophétique. À savoir une parole qui vient de Dieu, nous atteint, pour nous amener ou nous ramener à lui !

Il ne suffit pas de dire… Ce n’est pas assez de faire…

Vous avez sur votre feuillet une icône du Christ enseignant. Elle a été peinte par une collègue catholique des aumôneries qui me l’a offerte à l’occasion de ma consécration au ministère.

Enseigner, c’est ce que précisément Jésus est en train de faire, dans ce premier discours, le Sermon sur la montagne, rassemblé par Matthieu. Une icône, comment la regarder ? Il s’agit de la lire… et de l’interpréter. Elle nous ouvre à la prière et à la contemplation. Et elle conduira la méditation de ce matin. A commencer par cette main droite du Christ qui bénit.

Sa main nous parle en effet : elle nous dit du bien du Père, de nous ; elle dit du bien de l’amour, du don de soi… Cette main qui bénit et nous ouvre un avenir, le Christ nous la tend. Elle est pétrie de l’amour du Père pour nous. Mais cette main qui nous bénit peut aussi nous saisir avec une autorité qui, parfois, peut « pincer » un peu… Comme lorsque Jésus dénonce des faiseurs de miracles frauduleux... L’Amour ne fait pas de mal, mais il peut faire mal.

C’est une main qui rejoint notre passage du Deutéronome lorsqu’il annonce que la loi de Dieu sera dans notre cœur ; c’est une main qui inspirera la première lettre de Jean, nous enjoignant de vivre notre amour en actes de charité; c’est une main qui nous conduit auprès de son Père qui est aux cieux pour qu’il devienne le nôtre. La main bénissant du Christ nous soutient lorsque nous vivons son Evangile, non comme une lassitude ou une contrainte, mais avec des paroles et des gestes que Jésus reconnaitra pour les siens !

Comment faire la volonté de mon Père qui est aux cieux ?

Sur notre icône, il y a ce Christ debout, mais qui est généralement représenté en buste comme ici. Debout, il symbolise le Christ, comme l’humain dans sa complétude, à la fois masculin et le féminin, humain et divin, roi et serviteur, donnant au monde la lumière de sa sagesse. Ressuscité, il est serein et non plus souffrant sur la croix, comme en témoigne son visage à l’autorité tranquille.

Quelle intéressante introduction à cette question de comment faire la volonté de Dieu ? Car notre réponse s’inspire de la contemplation de cette icône : faire la volonté de Dieu, non comme une liste d’obligations à réaliser dans la peur, ou la contrainte, ou la colère… Mais dans le désir de la vivre en communion avec le Père qui est aux cieux, en cheminant avec le Christ, en lien avec nos frères et nos sœurs dans un amour authentique. Une volonté de Dieu qui ne se « fait » pas, parce qu’elle remplit notre être tout entier.

Être « … un homme avisé qui a bâti sa maison sur le roc. »

Enfin sur notre icône, il y a ce livre dans la main du Christ, dont les lettres peuvent être celles des logion de Jésus… comme par exemple : Je suis la lumière du monde, ou encore : Je suis le chemin, la vérité, la vie.

Mais ce livre, ce n’est pas seulement l’Evangile, c’est aussi le livre de la vie, le livre de notre vie dans l’amour et la pensée du Christ. Ce livre, comme notre vie, le Christ le tient avec douceur et autorité sur son bras et il le présente au monde, comme pour dire : voyez : ils sont « le sel de la terre », Ils sont « la lumière du monde. » (Mt 5,13)

Ainsi, les paroles de ce livre ici, ont été choisis en lien avec ma vocation. C’est l’appel que le Christ m’a adressé, il y a plus de trente ans, et c’est encore son bras qui m’a porté, soutenu, qui s’est posé sur moi pour me consoler ou m’encourager.

Ici encore, la lecture de cette icône nous ouvre un chemin que les mots ne contiennent pas toujours. « L’homme avisé qui construit sa maison sur le roc », ne fait que bâtir…  Il laisse la parole vivifiante du Christ l’édifier avec lui ! Il ne met pas les paroles du Christ en pratique pour satisfaire le maître, il œuvre avec lui ! Le roc de la parole du Christ, c’est le souffle de sa vie, sa présence, au quotidien, dans notre vie – que ce quotidien soit doux ou amer, joyeux ou triste, compliqué ou apaisé...

BÂTIR sa maison sur le roc, c’est avoir premièrement « … poser le fondement… Jésus le Christ », dont parle l’apôtre Paul (1 Co 3,10-11). Ce sera lui, et personne d’autre, qui assurera la solidité de notre maison et son avenir.


Une icône du Christ enseignant 


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Relevez la tête, car votre délivrance est proche...

Dans sa lettre, Paul encourage les chrétiens de Rome à vivre un Evangile qui soit empreint d’honnêteté, à vivre leur foi au quotidien comme ...