Le Seigneur parle.
Et
s’il est vrai que c’est une image… elle est parlante ! La Parole de
Dieu, ce ne sont pas que des mots, nous l’avons lu tout à l’heure au début de
ce culte, sa Parole vivante, vivifiante, est capable de féconder la Création
comme d’inspirer une vie humaine. Faut-il rappeler que la Création est sortie
toute entière de sa Parole : « … et Dieu dit : « Que la
lumière soit ! » Et la lumière fut. » (Gn 1,3). Mais
dans le livre du Deutéronome que nous venons de lire, le Seigneur semble
ajouter : « Si je te parle, écoute-moi. »
Prédication offerte à la communauté paroissiale de Savigny-Forel. Les textes bibliques sont le livre du Deutéronome, chapitre 11, la première lettre de Jean, au chapitre 3 et l'Evangile selon Matthieu, au chapitre 7.
Ecouter,
ce verbe est lié intimément à la Parole de Dieu. Quelques chapitres plus haut,
nous pouvons lire le fameux Sheema Israël : « Ecoute
Israël, le Seigneur notre Dieu est le Seigneur UN. Tu aimeras le Seigneur ton
Dieu… » Lorsque le Seigneur parle, il nous
demande une écoute qui n’est pas qu’une simple attention, mais une communion
dans un amour réciproque. Ce que la première lettre de Jean appliquera à nos
relations : « Nous savons que nous sommes passés de la mort
dans la vie, puisque nous nous aimons les uns les autres … » (1 Jn 3,14)
Ainsi
donc, faut-il vraiment obéir à Dieu ? Notre passage du Deutéronome parle
de garder ses observances (1), d’écouter vraiment
ses prescriptions (13)… des verbes qui me semblent aller bien au-delà de la
simple soumission à des ordres ? En somme, nous penchons sur une parole
qui porte au-delà de mots comme des gestes ordinaires… le mot juste pour la
qualifié est sans doute que nous sommes à l’écoute d’une parole prophétique. À
savoir une parole qui vient de Dieu, nous atteint, pour nous amener ou nous ramener à
lui !
Il ne suffit pas de dire… Ce n’est pas
assez de faire…
Vous
avez sur votre feuillet une icône du Christ enseignant. Elle a été peinte par une
collègue catholique des aumôneries qui me l’a offerte à l’occasion de ma consécration au
ministère.
Enseigner,
c’est ce que précisément Jésus est en train de faire, dans ce premier discours,
le Sermon sur la montagne, rassemblé par Matthieu. Une icône, comment la
regarder ? Il s’agit de la lire… et de l’interpréter. Elle nous ouvre à la
prière et à la contemplation. Et elle conduira la méditation de ce matin. A
commencer par cette main droite du Christ qui bénit.
Sa
main nous parle en effet : elle nous dit du bien du Père, de nous ;
elle dit du bien de l’amour, du don de soi… Cette main qui bénit et nous ouvre
un avenir, le Christ nous la tend. Elle est pétrie de l’amour du Père pour
nous. Mais cette main qui nous bénit peut aussi nous saisir avec une autorité
qui, parfois, peut « pincer » un peu… Comme lorsque Jésus dénonce des faiseurs de miracles frauduleux... L’Amour ne fait pas de mal,
mais il peut faire mal.
C’est
une main qui rejoint notre passage du Deutéronome lorsqu’il annonce que la loi
de Dieu sera dans notre cœur ; c’est une main qui inspirera la première
lettre de Jean, nous enjoignant de vivre notre amour en actes de charité; c’est
une main qui nous conduit auprès de son Père qui est aux cieux pour qu’il
devienne le nôtre. La main bénissant du Christ nous soutient lorsque nous vivons son Evangile, non comme
une lassitude ou une contrainte, mais avec des paroles et des gestes que Jésus
reconnaitra pour les siens !
Comment faire la volonté
de mon Père qui est aux cieux ?
Sur
notre icône, il y a ce Christ debout, mais qui est généralement représenté en
buste comme ici. Debout, il symbolise le Christ, comme l’humain dans sa
complétude, à la fois masculin et le féminin, humain et divin, roi et
serviteur, donnant au monde la lumière de sa sagesse. Ressuscité, il est serein
et non plus souffrant sur la croix, comme en témoigne son visage à l’autorité tranquille.
Quelle
intéressante introduction à cette question de comment faire la volonté de
Dieu ? Car notre réponse s’inspire de la contemplation de cette icône :
faire la volonté de Dieu, non comme une liste d’obligations à réaliser dans la
peur, ou la contrainte, ou la colère… Mais dans le désir de la vivre en
communion avec le Père qui est aux cieux, en cheminant avec le Christ, en lien
avec nos frères et nos sœurs dans un amour authentique. Une volonté de Dieu qui
ne se « fait » pas, parce qu’elle remplit notre être tout entier.
Être « … un
homme avisé qui a bâti sa maison sur le roc. »
Enfin
sur notre icône, il y a ce livre dans la main du Christ, dont les lettres
peuvent être celles des logion de Jésus… comme par exemple : Je
suis la lumière du monde, ou encore : Je suis le chemin, la vérité, la vie.
Mais
ce livre, ce n’est pas seulement l’Evangile, c’est aussi le livre de la vie, le
livre de notre vie dans l’amour et la pensée du Christ. Ce livre, comme notre
vie, le Christ le tient avec douceur et autorité sur son bras et il le présente
au monde, comme pour dire : voyez : ils sont « le
sel de la terre », Ils sont « la
lumière du monde. » (Mt 5,13)
Ainsi,
les paroles de ce livre ici, ont été choisis en lien avec ma vocation. C’est
l’appel que le Christ m’a adressé, il y a plus de trente ans, et c’est encore
son bras qui m’a porté, soutenu, qui s’est posé sur moi pour me consoler ou m’encourager.
Ici
encore, la lecture de cette icône nous ouvre un chemin que les mots ne
contiennent pas toujours. « L’homme avisé qui construit sa maison
sur le roc », ne fait que bâtir… Il laisse la parole vivifiante du Christ l’édifier
avec lui ! Il ne met pas les paroles du Christ en pratique pour satisfaire
le maître, il œuvre avec lui ! Le roc de la parole du Christ, c’est le
souffle de sa vie, sa présence, au quotidien, dans notre vie – que ce quotidien
soit doux ou amer, joyeux ou triste, compliqué ou apaisé...
BÂTIR sa maison sur le roc, c’est avoir premièrement
« … poser le fondement… Jésus le Christ »,
dont parle l’apôtre Paul (1 Co 3,10-11). Ce sera lui, et
personne d’autre, qui assurera la
solidité de notre maison et son avenir.
Une icône du Christ enseignant
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