dimanche 14 juillet 2024

Vous êtes le sel de la terre. Vous êtes la lumière du monde...

Avez-vous entendu parler de la marche du sel ? Conduite par Gandhi le 12 mars 1930, elle fut une manifestation historique vers l'indépendance de l'Inde. Cette marche débuta au nord-ouest du pays, accompagnée de quelques disciples et journalistes. Après un parcours à pied de près de 400 km, c’est plusieurs milliers de participants qui arrivent le 6 avril au bord de l'océan indien!

Alors, Gandhi s’avance dans l'eau et recueille dans ses mains un peu du sel contenu dans sa main. Par ce geste, il encourage ses compatriotes à défier le monopole de l’État sur la distribution du sel qui leur impose un impôt inique, y compris aux plus pauvres, et leur interdit d'en récolter eux-mêmes.

Sur la plage, la foule imite le Mahatma et recueille de l'eau salée dans des récipients. Leur exemple est suivi partout dans le pays : les Indiens font évaporer l'eau et collectent le sel au vu et au su des autorités Britanniques. Il y aura plus de 60 000 arrestations Gandhi lui-même est arrêté et passera neuf mois en prison.

Mais le vice-roi des Indes devra reconnaître son impuissance à imposer cette loi au peuple indien. Cédant aux injonctions du Mahatma, il libère tous les prisonniers et accorde aux Indiens le droit de collecter eux-mêmes le sel.

Prédication offerte aux communautés paroissiales de Pully-Paudex, le dimanche 14 juillet 2024. Nous lisons dans l’Evangile selon Matthieu, au chapitre 5, les versets 13 à 18. Et le livre d'Esaïe 58,6-9, avec la lettre aux Philippiens 2,12-18.

« Vous êtes le sel de la terre… Vous êtes la lumière du monde… » Ces deux affirmations de Jésus nous rappellent que notre présence dans le monde n’est pas insignifiante : elle est porteuse de valeur pour la terre que nous habitons ; elle est porteuse de sens pour le monde qui nous entoure… 

Et comment ne pas voir dans la marche du sel de Gandhi, et ses effets déterminant pour la vie du peuple indien, un exemple saisissant de cette parole du Christ !

« Vous êtes le sel de la terre… » Ce vous êtes, Jésus ne le dit pas pour la première fois : Il faut se rappeler que notre lecture se situe juste après les Béatitudes, rythmées comme nous le savons par de nombreux « Vous êtes » :  « Heureux… Doux… Consolés… etc. »

Autant de « vous êtes », qui donne clairement une priorité à notre être sur le faire,  sur notre être avant de faire… Être « pauvre de cœur » pour nous ouvrir toutes grandes les portes du Royaume des Cieux, avec sa saveur comme sa clarté.

La symbolique religieuse du sel était fort répandue dans le monde antique, aussi l’image employée par Jésus parlait-elle beaucoup pour qui l’entendait.

Pour nous, aujourd’hui, le sel c’est la saveur, mais à l’époque le sel était encore utile à la conservation des aliments. Et il avait un prix ! Et il était précieux !

Mais le sel peut-il réellement perdre sa saveur ? Normalement pas : il peut la conserver pendant des années, exception faite de certaines qualités, comme le sel de mer par exemple.

Peut-être Jésus pense-t-il à celui récolté au borde de la mer morte et qui était d’une qualité incertaine ?... Mais son « perdre sa saveur », doit d’abord s’appliquer dans un sens figuratif : l’expression parle d’être « ahuri » ou plus encore, d’être « devenu fou »…

Dans la lettre aux Romains, l’apôtre Paul parlera ainsi de « fous » qui n’ont rendu à Dieu… ni la gloire ni l'action de grâce qui lui reviennent ; au contraire, ils se sont fourvoyés dans leurs vains raisonnements et leur cœur insensé est devenu la proie des ténèbres  (Rm 1,22)

Et d’ailleurs, dans la littérature biblique, le sel purifie aussi, comme lors d’une offrande faite au Seigneur, dans le livre du Lévitique, par exemple (2,13) : Sur toute offrande que tu présenteras, tu mettras du sel ; tu n'omettras jamais le sel de l'alliance de ton Dieu sur ton offrande ; avec chacun de tes présents, tu présenteras du sel.

Ce sel de l’alliance avec notre Dieu en Jésus Christ rend possible la purification de notre offrande, de nos intentions, de nos gestes. C’est la saveur de la sagesse et de l’amour du Christ qui nous distanciera des « vains sacrifices. » Elle gardera saine notre motivation pour donner au monde le goût du Royaume des Cieux.

Les folies du monde ne nous demandent-elles pas de leur ôter leur fadeur, leurs « fadaises »… pour préserver la saveur et le sens de notre création ?

« Vous êtes la lumière du monde… » La première illustration de cette ville située sur une hauteur dit bien la difficulté de la cacher à la vue du monde.

On ne peut pas cacher l’Evangile aux yeux du monde, mais on peut l’obscurcir… Il y a dans cette lumière cachée « sous le boisseau » quelque chose de notre ambivalence entre la réalité de l’Evangile et notre manière de le vivre, de le donner à voir.

Dans le contexte immédiat de notre lecture, Jésus avertit clairement que notre œil pourrait bien être malade et de ce fait notre corps tout entier ! « Si donc la lumière qui est en toi est ténèbres, quelles ténèbres ! » (Mt 6,21)

Mais restons positifs, et regardons les œuvres bonnes dont parle le texte d’Esaïe que nous venons de lire. Il parle du « jeûne que je préfère »… et décrit un engagement envers les plus vulnérables, les plus faibles, les opprimés…

Plus qu’une simple transaction religieuse pour être en ordre avec le règlement… le jeûne apprécié par le Seigneur, ce sont des actes emprunts d’authenticité et de miséricorde.

Une pensée que rejoint encore une autre parole du Christ dans le sermon sur la montagne que nous lisons, où il dénonce justement un « jeûne des hypocrites » (Mt 6,16ss)… qui prennent soin de leur apparence, mais négligent le sens et les conséquences profondes de leur acte !

Bien sûr que nous ne sommes pas – et de loin – à la hauteur de la tâche… Mais les paroles du Christ, comme celle d’Esaïe, ne nous condamne pas ! Ce n’est pas la perfection qui fait notre lumière, mais la miséricorde de Dieu !

Et cette joie de la grâce que Dieu nous accorde, nous l’avons entendue dans la lettre aux Philippiens, où nous apparaissons… « comme des sources de lumière dans le monde, vous qui portez la parole de vie : c'est ma gloire pour le jour de Christ, puisque je n'aurai pas couru pour rien ni peiné pour rien. (Ph 2,15-16)

Ces paroles sont un contrepoint bienvenu aux mots du Christ : être lumière, et devenir « Source de lumière » … 

Nous ne portons pas cette lumière pour seulement «avoir de l’éclat,  briller en société »… mais notre lumière est appelée à inspirer et conduire vers une même clarté.

Si nous « portons la parole de vie » (16) et si, comme l’apôtre Paul, nous espérons ne pas voir peiné pour rien… Et pour que notre saveur persiste, pour que notre clarté soit plus qu’un éclat passager, nous avons une ressource, celle à laquelle Jésus nous invite : amassez-vous des trésors dans le ciel, où ni les mites ni les vers ne font de ravages, où les voleurs ne percent ni ne dérobent. Car où est ton trésor, là aussi sera ton cœur. (Mt 6,19-21)

Pour conclure, si nous sommes le sel de la terre et la lumière du monde… C’est parce que le Christ l’a été avant nous. Et parce qu’aujourd’hui encore il nous assaisonne du feu de son Esprit et nous illumine de sa vive présence !

Pour conclure, si nous sommes le sel de la terre et la lumière du monde… C’est parce que le Christ l’a été avant nous. Et parce qu’aujourd’hui encore il nous sale du feu de son Esprit et nous éclaire de sa vive présence !

Amen

Le sermon sur la montagne, illustré par Berna


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