mercredi 24 janvier 2024

Jésus nous fait signe...

Tel fut, à Cana de Galilée, le commencement des signes de Jésus. C’est ainsi que l’auteur du 4e Evangile commente la scène que nous venons de lire.

Méditation de l’Evangile selon Jean, au chapitre 2, les versets 1 à 11.

Un signe ? Comment comprendre ce mot ? Il y a en français plusieurs possibilités. Un signe peut être une image qui décrit symboliquement un lieu ou une action à réaliser, comme nos panneaux de circulation. Faire un signe, c’est une attitude extérieure, un geste, qui fait connaître une intention : hello, viens me voir.

Dans notre texte, un signe, c’est un miracle. Il y a eu les prodiges de Dieu dans l’Ancien Testament, dont un des plus célèbre est sans doute celui de la mer qui s'ouvre pour laisser passer Moïse et son peuple. On peut se rappeler encore les miracles de Jésus dans les Evangiles synoptiques : des guérisons, des délivrances. Mais dans l’Evangile selon Jean le signe prend une dimension plus intérieure, il donne plus d’importance à la signification du miracle qu’à son extraordinaire visible. On pourrait dire que l’évangéliste s’intéresse plus à donner du sens que de faire sensation !

Il y a encore une particularité à propos de ces miracles-signes. Après chacun d’eux, un discours suit qui donne une signification spirituelle à ce qui vient de se passer : par exemple, au miracle des pains multipliés suit un enseignement sur Jésus qui se présente comme le pain de vie.

Le miracle de Cana n’est pas suivi d’un discours. On peut s’interroger ? Serait-ce que le sens des paroles et du geste de Jésus est intentionnellement caché ? Ce  « commencement des signes de Jésus, à Cana » est un peu comme le générique d’un film qui cherche à nous intriguer, nous donner envie de poursuivre avec attention notre lecture. Mais nous sommes aussi prévenus : les événements de la vie de Jésus n’ont pas lieu par hasard.

Non par hasard et librement choisis. Que me veux-tu, femme ? Mon heure n’est pas encore venue (4). Assistons-nous à une petite dispute entre le fils et sa mère ? Même si le ton est respectueux, l’impression est exacte : dans les paroles de Jésus, il y a bien une manière de dire que ce n’est pas le moment…  Pourquoi ce refus ? Jésus veut agir en toute liberté, sans céder à la pression du monde. Il veut respecter « l’agenda » de sa mission et son heure n’est pas encore venue… celle de quitter le monde et d’aller au Père (16,28).

Mais alors pourquoi le fait-il tout de même ? Pas seulement pour rendre service aux mariés, dont la situation est délicate, mais afin de réaliser un geste dont le sens caché sera révélé plus tard. En réalité, dans la préparation de ce signe de l’eau changée en vin, il y a un détail important : Jésus ne demande pas que l’on puise une simple eau de vaisselle. Le texte précise : Il y avait là six jarres de pierre destinées aux rites juifs de purification (6). Jésus donne ainsi à son geste une dimension qui va au-delà de l’aspect pratique, il ne fait pas que sauver la noce !

Ces jarres de purification sont une pratique religieuse de l’ancienne Alliance. Et Jésus, en quelque sorte, va la transformer deux fois : tout d’abord l’eau de la purification deviendra un vin pour se réjouir et non pour s’affliger. Choquant ? Jésus préfère-t-il faire la fête aux rituels ? Ce qui lui sera reproché : « C’est un glouton et un alcoolique » ! (Mt 11, 19) Et ensuite, il en fait le vin des noces de l’Agneau !

Ce vin de la noce à Cana que Jésus fait distribuer entre tous au cours de ce festin, est plein de sens pour notre avenir en Dieu : le festin des noces de l’Agneau, cet avenir auprès Dieu auquel Jésus nous invite. Et la joie d’une communion spirituelle sans fin avec lui ! le vin qui sera encore celui qu’il choisira, lors de son dernier repas, pour signifier la nouvelle Alliance : Prenez, ceci est mon sang, le sang de la nouvelle alliance, versé pour la multitude (Mt 26,26-29) .

Lorsque nous partageons la Cène, nous pouvons aussi nous souvenir que Jésus n’était pas présent par hasard à cette noce, comme il n’est pas présent par hasard au cœur de nos célébrations, ni présent par hasard au cœur de notre être et de notre foi. C’est bien par sa propre volonté, à cause de sa miséricorde, et dans son amour qu'il dit ne périr jamais (1 Co 13,8).

J’aimerais conclure en nous rappelant ces paroles de ce chant : Nobody knows the trouble I've seen. Nobody knows but Jesus. Nobody knows the trouble I’ve seen. Glory halleluiah!  Vous avez sans doute reconnu le célèbre Gospel… Il chante la reconnaissance d’un croyant qui se réjouit de pouvoir compter sur la présence bienfaisante de Jésus, bien que son trouble soit grand. C’est à ce Jésus que je nous confie aujourd’hui. Que Dieu nous garde en son amour.


Photo:  Eric Imseng (Floral tribut pour le décès de la Reine Elisabeth II)

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