vendredi 27 octobre 2023

En mémoire de nos défunts...

L’histoire des religions, comme notre actualité, laisse à penser que l’on peut dire beaucoup de choses différentes sur l’après-mort, mais ce que nous apprenons ce matin dans l’Evangile, c’est que la résurrection n’est pas une mauvaise plaisanterie… les Sadducéens l’ont appris à leur dépens !

Cet entretien entre les représentants du Temps et Jésus fait partie d’un contexte où la polémique va bon train.  Ces controverses, lancées par les autorités religieuses n’ont qu’un seul but : embarrasser Jésus en obtenant une réponse qui pourrait se retourner contre lui et lui faire perdre l’admiration et le soutien du peuple qui le considère pour un prophète (21,46).

De ces confrontation, Jésus sortira vainqueur par KO ; le texte, un peu plus loin précise : « Personne ne fut capable de lui répondre un mot. Et depuis ce jour-là, nul n’osa plus l’interroger. (22,46).

Mais les adversaires de Jésus vont passer à la vitesse supérieure : la manipulation politique. Et là, ils remporteront une victoire d’étape : la condamnation et la mort de Jésus sur une croix. Mais ce ne sera pas le dernier round du match, la victoire décisive sera celle du tombeau vide, et de Jésus, ressuscité, vu par de nombreux témoins.

Prédication pour un culte du souvenir, en mémoire des personnes défuntes dans la paroisse de Belmont-Lutry. Les textes choisis: la première lettre aux Corinthiens, au chapitre 15; et l'Evangile selon Matthieu, au chapitre 22.

Mais revenons à la petite histoire des Sadducéens qui se voulait pleine de bon sens. La réponse de Jésus est cinglante : « Vous ne connaissez ni les Ecritures ni la puissance de Dieu » (29). Peut-on faire mieux dans le pire ?

Ici, comme dans la lettre de Paul aux Corinthiens, le refus d’une résurrection des morts sera contré par une argumentation qui ne cherche pas à être une preuve scientifique, mais une réalité spirituelle ; elle ne s’adresse pas à la seule compréhension intellectuelle, mais à notre foi.

Les Sadducéens sont présentés comme se moquant d’une conception populaire du moment qui voyait dans la résurrection comme un séjour dans un au-delà ressemblant à la vie physique d’avant la mort. Si leur critique n’est pas sans intérêt, pourquoi s’arrêter en si bon chemin, pourquoi se moquer de l’erreur de certain pour tomber soi-même dans une erreur plus grande encore ? (29)

Paul, lui, dénonce des opposants à la proclamation du Christ ressuscité des morts, sans que l’on sache bien quelles étaient leurs arguments. Peut-être étaient-ils semblables à une autre moquerie sur le sujet, celle d’un auteur de l’Antiquité, Pline l’Ancien, qui ironisait sur cette volonté d’une existence après la mort, la traitant de vanité à vouloir se perpétuer après celle-ci, « des chimères puériles (écrivait-il), des rêves de l’humanité avide de ne finir jamais. » (Histoire naturelle 7,188-189)

Dans un cas comme dans l’autre, la critique a du sens, mais elle méconnait et la puissance de Dieu et le sens des Ecritures. Pour aller plus loin qu’un néant après la mort, ou de charmantes rêveries de survie dans l’au-delà, l’une et l’autre sont indispensables. La réponse de Paul, comme celle de Jésus, apportent une lumière décisive sur ces critiques.

Et l’un et l’autre nous disent qu’à notre mort, nous ne revenons pas à la vie d’avant, car nous serons transformés, la mort sera pour nous comme une mue (le mot est encore d’Alix Noble) vers une autre réalité, non corporelle, mais spirituelle. Nous serons « comme des anges dans les cieux »

Comme… le mot est lâché. Comme, c’est le mot qui nous permet d’appréhender une réalité spirituelle intangible. Comme, nous aide par l’image à saisir un peu mieux notre cette espérance en la résurrection.

Comme… « Une semence portée en terre », l’image est si parlante ; elle a un air de « déjà-entendu » : « Si le grain de blé qui tombe en terre ne meurt pas (à dit Jésus), il reste seul ; si au contraire, il meurt, il porte du fruit en abondance. » (Jn 12,24). Et de même chez Paul, le grain doit mourir pour donner la vie qu’il portait en lui, mais il ne ressemblera plus à ce qui a été semé, et c’est Dieu qui lui révèlera sa nature ; nous l’avons lu : « Semé dans la faiblesse, on ressuscite plein de force ; semé corps physique, on ressuscite corps spirituel : » (15,43)

Ainsi, notre consolation tiendrait-elle uniquement par des réponses adéquates dans un débat contradictoire ? Notre consolation ne se réduirait-elle qu’au fait que nous entrevoyons une suite à notre fin ? En partie, puisque le développement de l’apôtre Paul se termine sur cette jubilation : « Mort, où est ta victoire ? Mort, où est ton aiguillon ? » (15,55).

Mais pas seulement. Notre consolation à sa source plus profondément encore dans l’intimité des mots de Jésus, en particulier ceux dit à Marie, lors de la réanimation du corps de son frère défunt – et qu’il nous adresse aussi : « Je suis la résurrection et la vie : celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? » (Jn 11,25).

L’essentiel est dit, mais nous n’en saurons pas plus. Pour l’heure, c’est à cette intimité de l’écoute des paroles du Christ que nous sommes appelés. Oui, croyons-nous cela ? Quel que soit les circonstances de notre vie, quel que soit le deuil qui nous frappe, que la mort nous paraisse lointaine ou qu’elle soit soudain plus proche, notre lien intime avec le Christ est notre plus profonde assurance, l’unique confiance qui fonde notre espérance en la résurrection.

Avec cette certitude : tel il a été dans la mort, nous le serons aussi, et tel qu’il est vivant, aujourd’hui, nous le serons de même. 

Photo: Eric Imseng


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