Aujourd’hui, nous sommes le jeudi saint, jour où nous commémorons ce dernier repas au cours duquel il institua la Cène, ce « Repas du Seigneur » que toutes les Eglises célèbrent, en assemblée, depuis plus de 2 millénaire en « mémoire de lui » !
Cependant, l’Evangile de Jean, au chapitre 13,
une nous invite à considérer un autre geste de Jésus, au cours de ce même
repas : à l’institution du « Repas du Seigneur », répond
l’intuition de « l’amour du Seigneur ». Et l’évangéliste l’introduit
ainsi : « … Jésus sachant que son heure était venue, lui,
qui avait aimé les siens qui sont dans le monde, les aima jusqu’à
l’extrême. » (…)
Dans le langage de l’Evangile, cet
« extrémité de Jésus » parle de sa propre mort lors de sa Passion.
Elle parle aussi de la fidélité de son amour jusqu’aux derniers instants de sa
vie… Un amour partagé jusqu’au bout de la vie.
Mais cet amour jusqu’à l’extrême de
Jésus est aussi porteur de vie. Et il se présente dans son geste : « 2Au cours d’un repas, (…) 4Jésus se lève de table, dépose
son vêtement et prend un linge dont il se ceint. 5Il verse ensuite de l’eau dans
un bassin et commence à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le
linge dont il était ceint. »
(Je présente un linge de cuisine à l’assemblée)…
Bien sûr, ce linge n’est pas celui dont s’est revêtu Jésus, mais il a
l’avantage, je pense, de nous signifier, pour notre époque, la dimension
domestique du geste de Jésus. Son geste est symbolique, et il a une valeur
essentielle !
Dans la culture d’alors, cet acte de laver les
pieds n’est pas nécessairement un geste humiliant. C’est celui d’un accueil
respectueux, c’est un geste d’hospitalité. Ce qui va surprendre, voire choquer,
c’est l’inversion du rôle que Jésus s’applique à présenter à ses
disciples : ce geste est celui du serviteur à son maître… et non
l’inverse !
Ainsi, Jésus consent à un abaissement pour
signifier que bien que le maître, il est venu pour servir, pour prendre soin
des siens, et prendre soin d’une partie du corps très fortement sollicitée à
cette époque par la marche, principal moyen de se déplacer à cette époque – et
cela sur des chemins à l’inconfort bien réel.
Autrement dit, Jésus affirme une humble et
ferme intention de prendre soin de notre personne, chahutée sur les chemins de
nos vies !
Et cette humilité, appelle encore à une autre
réflexion. Le texte dit expressément… « 4Jésus se lève de table, dépose
son vêtement et prend un linge dont il se ceint. » Le
texte ne semble ni prude ni s’en étonner, mais Jésus était-il nu
sous ce linge… ? On peut le penser. Et la mort qui l’attend, n’est-elle
pas une nudité « absolue » ? Le livre portant son nom fait
s’écrier à Job : « Je suis sorti nu du sein de ma mère, et
nu je retournerai dans le sein de la terre. »
(Job 1,21).
Comment être plus dépouillé, comment être plus
vulnérable ?
C’est dans cet extrême dénuement, que Jésus
dès lors s’adresse à nous toutes et tous : « 13Vous m’appelez “le Maître et le
Seigneur” et vous dites bien, car je le suis. 14Dès lors, si je vous ai lavé
les pieds, moi, le Seigneur et le Maître, vous devez vous aussi vous laver les
pieds les uns aux autres ; 15car c’est un exemple que je
vous ai donné : ce que j’ai fait pour vous, faites-le, vous aussi. 17Sachant cela, vous serez
heureux si du moins vous le mettez en pratique. »
Nous
sommes bien au-delà du cercle restreint des disciples de la première heure…. C’est
à nous aujourd’hui d’y répondre à notre tour et de poursuivre…
Mais
pas de quoi se monter la tête… l’humilité de Jésus nous l’interdit, et ce linge
qui a ceint la nudité du maître, si nous acceptons de le porter, dira aussi
notre propre nudité, j’entends notre vulnérabilité, et l’importance de
persévérer dans le don de soi envers notre prochain… jusqu’à ce que nous « retournions nu dans le
sein de la terre. »
Illustration: le lavement des pieds par Arcabas
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