jeudi 6 avril 2023

Méditation du jeudi saint: nu et vulnérable, aimer et servir...

Aujourd’hui, nous sommes le jeudi saint, jour où nous commémorons ce dernier repas au cours duquel il institua la Cène, ce « Repas du Seigneur » que toutes les Eglises célèbrent, en assemblée, depuis plus de 2 millénaire en « mémoire de lui » !

Cependant, l’Evangile de Jean, au chapitre 13, une nous invite à considérer un autre geste de Jésus, au cours de ce même repas : à l’institution du « Repas du Seigneur », répond l’intuition de « l’amour du Seigneur ». Et l’évangéliste l’introduit ainsi : « … Jésus sachant que son heure était venue, lui, qui avait aimé les siens qui sont dans le monde, les aima jusqu’à l’extrême. » (…)

Dans le langage de l’Evangile, cet « extrémité de Jésus » parle de sa propre mort lors de sa Passion. Elle parle aussi de la fidélité de son amour jusqu’aux derniers instants de sa vie… Un amour partagé jusqu’au bout de la vie.

Mais cet amour jusqu’à l’extrême de Jésus est aussi porteur de vie. Et il se présente dans son geste : « 2Au cours d’un repas, (…) 4Jésus se lève de table, dépose son vêtement et prend un linge dont il se ceint. 5Il verse ensuite de l’eau dans un bassin et commence à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge dont il était ceint. »

(Je présente un linge de cuisine à l’assemblée)… Bien sûr, ce linge n’est pas celui dont s’est revêtu Jésus, mais il a l’avantage, je pense, de nous signifier, pour notre époque, la dimension domestique du geste de Jésus. Son geste est symbolique, et il a une valeur essentielle !

Dans la culture d’alors, cet acte de laver les pieds n’est pas nécessairement un geste humiliant. C’est celui d’un accueil respectueux, c’est un geste d’hospitalité. Ce qui va surprendre, voire choquer, c’est l’inversion du rôle que Jésus s’applique à présenter à ses disciples : ce geste est celui du serviteur à son maître… et non l’inverse !

Ainsi, Jésus consent à un abaissement pour signifier que bien que le maître, il est venu pour servir, pour prendre soin des siens, et prendre soin d’une partie du corps très fortement sollicitée à cette époque par la marche, principal moyen de se déplacer à cette époque – et cela sur des chemins à l’inconfort bien réel.

Autrement dit, Jésus affirme une humble et ferme intention de prendre soin de notre personne, chahutée sur les chemins de nos vies !

Et cette humilité, appelle encore à une autre réflexion. Le texte dit expressément… « 4Jésus se lève de table, dépose son vêtement et prend un linge dont il se ceint. » Le texte ne semble ni prude ni s’en étonner, mais Jésus était-il nu sous ce linge… ? On peut le penser. Et la mort qui l’attend, n’est-elle pas une nudité « absolue » ? Le livre portant son nom fait s’écrier à Job : « Je suis sorti nu du sein de ma mère, et nu je retournerai dans le sein de la terre. » (Job 1,21).

Comment être plus dépouillé, comment être plus vulnérable ?

C’est dans cet extrême dénuement, que Jésus dès lors s’adresse à nous toutes et tous : « 13Vous m’appelez “le Maître et le Seigneur” et vous dites bien, car je le suis. 14Dès lors, si je vous ai lavé les pieds, moi, le Seigneur et le Maître, vous devez vous aussi vous laver les pieds les uns aux autres ; 15car c’est un exemple que je vous ai donné : ce que j’ai fait pour vous, faites-le, vous aussi.  17Sachant cela, vous serez heureux si du moins vous le mettez en pratique. » 

Nous sommes bien au-delà du cercle restreint des disciples de la première heure…. C’est à nous aujourd’hui d’y répondre à notre tour et de poursuivre…

Mais pas de quoi se monter la tête… l’humilité de Jésus nous l’interdit, et ce linge qui a ceint la nudité du maître, si nous acceptons de le porter, dira aussi notre propre nudité, j’entends notre vulnérabilité, et l’importance de persévérer dans le don de soi envers notre prochain… jusqu’à ce que nous « retournions nu dans le sein de la terre. »


Illustration: le lavement des pieds par Arcabas

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