« Il vit et il crut »... VOIR…CROIRE… deux verbes qui n’ont pas toujours fait bon ménage quand on parle de la foi. Et pourtant, comment vivre sans eux ? VOIR c’est le verbe qui dit que nous avons deux yeux et qu’ils ont une importance cruciale pour observer, s’orienter, se reconnaître… Et bien sûr, il nous arrive de ne pas voir. CROIRE c’est le verbe qui dit que tout ne se voit pas avec les yeux, c’est le verbe pour dire la confiance, mais aussi la conviction… Car nous pouvons avoir de bonnes raisons de croire.
Le voir et le croire apparaissent dans plusieurs scènes du chapitre 20 de l’Évangile de Jean et c’est consciemment que l’évangéliste développe la question du VOIR et du CROIRE ! Voir pour croire ? Que faut-il voir pour croire ? Et enfin : peut-on croire sans voir ?
Courte prédication offerte aux détenu.e.s des prisons à Genève. Texte de L’Évangile: Jean 20,1-10.
« Il vit et il crut » … à cause d’un SIGNE. Dans l’Évangile de Jean, ce mot est très important. Les miracles accomplis par Jésus, par exemple, sont des signes, c’est-à-dire qu’ils sont porteurs d’un message qui nous invite à la confiance dans le Christ, à la foi en Dieu !
En cet instant, ce disciple « qui a couru plus vite que Pierre » vient d’entrer dans un tombeau vide. Et comme Pierre avant lui, il voit le signe : ces bandelettes « posées là » et « le linge qui avait recouvert la tête »… mais qui est « roulé à part, dans une autre endroit. »
Ainsi, ce tombeau n’est pas seulement vide, il contient une INTRIGUE… encore une manière pour l’évangéliste de composer ces récits de résurrection. Ces bandelettes, comme abandonnées, et surtout ce linge soigneusement roulé à part… tout cela ne contredit-il pas le VOIR de Marie de Magdala : « On a enlevé du tombeau le Seigneur, et nous ne savons pas où on l’a mis. » (2 ) ? Tout cela ne MONTRE-T-IL pas au contraire que le corps n’a été ni volé ni déplacé, tout cela ne laisse-t-il pas VOIR des gestes conscients pour s’en défaire en quittant ce tombeau ?
Au VOIR paniqué de Marie, il y eu le VOIR stérile de Pierre. Maintenant, « l’autre disciple, celui qui était arrivé le premier, entre à son tour dans le tombeau… » Et c’est le VOIR de la foi : il n’y plus de peur ni de doute : « Jésus devait se relever d’entre les morts » (9) Eh bien, cela est ACCOMPLI !
Est-ce que des paroles de Jésus lui sont revenues en mémoire ? Sans doute… Comme celles dites à Marthe devant le tombeau de Lazare : « Je suis la résurrection et la vie : celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra. Et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? (11.25)
Et nous, croyons-nous cela ?
Alors que le disciple que Jésus aimait VOIT et CROIT sur paroles, ces signes de la résurrection, alors que ces paroles de Jésus ne sont pas encore « l’Écriture selon laquelle Jésus devait se relever d’entre les morts » (9)… nous, qui écoutons cet Évangile aujourd’hui, que VOYONS-nous, que lisons-nous, que CROYONS-nous ? Accepterons-nous de vivre ce passage du mystère à l’intrigue, de l’intrigue au sens, et du sens à la foi ?
Nous n’avons aujourd’hui que « l’Écriture » pour croire… Oui, mais pas seulement : nous avons aussi cette béatitude que Jésus adressa à Thomas : « Parce que tu m’as VU, tu as CRU ; bienheureux (celles et ceux) qui, sans avoir VU, ont CRU. » (29)
Christ est ressuscité ! Oui, il est vraiment ressuscité !
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