mardi 15 décembre 2020

Une eau sur tes lèvres...

Vous tous qui avez soif, voici de l'eau, venez ! Même si vous n'avez pas d'argent, venez ! Achetez à manger, c'est gratuit. Venez, achetez du vin et du lait sans argent.

Pourquoi dépenser de l'argent pour quelque chose qui ne nourrit pas ? Pourquoi vous fatiguer pour quelque chose qui ne rassasie pas ?

Écoutez-moi bien, alors vous aurez de bonnes choses à manger, vous goûterez des choses délicieuses. 

(Livre d’Ésaïe, chapitre 55) 

Boire à une source…? Et disponible gratuitement comme ces torrents de montagne où, randonneur fatigué, je retrouve un peu d'allant en y buvant? 

Permettez-moi, à ce sujet, de vous lire ce court extrait du « Petit Prince » de Saint-Exupéry :

"- Bonjour, dit le petit prince.

- Bonjour, dit le marchand.

C'était un marchand de pilules perfectionnées qui apaisent la soif. On en avale une par semaine et l'on n'éprouve plus le besoin de boire.

- Pourquoi vends-tu ça ? dit le petit prince.

- C'est une grosse économie de temps, dit le marchand. Les experts ont fait des calculs. On épargne cinquante-trois minutes par semaine.

- Et que fait-on des cinquante-trois minutes ?

- On en fait ce que l'on veut...

"Moi, se dit le petit prince, si j'avais cinquante-trois minutes à dépenser, je marcherais tout doucement vers une fontaine..."

Marcher tout doucement vers une fontaine… ? Prendre le temps de cette marche tranquille du Petit Prince… ? J’y pense souvent lorsque je vais en visite auprès des patients. Une marche humble et confiante qui rappelle, si nécessaire, que je ne viens pas en porteurs de solutions toutes faites, comme ce marchand de petites pilules supprimant la soif...

Je m'interroge aussi, parfois : lors de ces rencontres, qui apaise la soif de qui?... En hôpital de gériatrie, il arrive que les patients aient soif mais qu’ils soient trop faibles (ou éloignés de leur verre d’eau) pour boire.

Alors, je m'approche et propose de les aider à saisir leur verre, voire même d'accompagner le mouvement, parfois encore, de leur donner à boire entièrement par mon soin… Un geste qui me remplit de tendresse émue et mon patient, de gratitude. 

Mais la question demeure : qui désaltère qui ? Cette eau que je dépose sur ces lèvres ne désaltère-t-elle pas un espace intime de notre être profond? Chacun pour sa part?... 

Alors me vient à l’esprit un passage d'Évangile : celui d’un homme assis sur la margelle d’un puits. Il est capable de donner une eau qui apaise la soif pour toujours et pourtant il demande à boire à une femme venant puiser à ce puits… Vous avez reconnu sans doute la rencontre de Jésus et de la femme Samaritaine dans l’Évangile de Jean (Jean 4, 13-14).

Jésus adresse à cette femme une parole qui ne cessera jamais de m'étonner: «Toute personne qui boit de cette eau-ci aura encore soif. En revanche, celui qui boira de l'eau que je lui donnerai n'aura plus jamais soif et l'eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d'eau qui jaillira jusque dans la vie éternelle.»

Cette eau, n’en avons-nous pas tous besoin ? Et quelle est cette promesse de l’homme assis sur la margelle du puits de ne plus connaître la soif? Plus jamais?...

Pour moi, je le comprends non en supprimant notre besoin – comme le marchand de pilule du Petit Prince – mais en nous offrant sa fidèle présence qui ne cessera de désaltérer notre être, jour après jour.

Car cette eau qu'il promet, n’est-elle pas sa vie même?

 


 

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