La nuit de Noël, dans l’étable de Bethléem, les Evangiles de Matthieu et Luc nous racontent le début d’une histoire humaine : celle de la naissance d’un enfant, un roi, un Sauveur : le Messie tant attendu qui vient dans la fragilité d’un nourrisson réveiller et accomplir toute l’espérance d’un peuple.
Prédication Offerte à l'assemblée paroissiale de Savigny-Forel, le dimanche 25 décembre 2025. Culte de Noël. Les textes du jour: la lettre aux Hébreux, chapitre 1, versets 1-5; l'Evangile selon Jean, chapitre 1, versets 1-14.
Et ce matin, dans les textes de Jean et la lettre
aux Hébreux nous entendons un autre début. « Au Commencement », nous sommes
emmenés à l’Origine du monde, de toute matière, de toute vie, de toute pensée… de
toute Parole.
Waouh ! Je me suis interrogé : pourquoi
lire ces textes à Noël ? Pourquoi ne pas rester dans le bon vieux décorum
de la Nativité, avec ces autres évangiles ? C’est qu’avec le texte de Jean,
nous découvrons une autre Nativité, celle des
Origines ! Et il y a de quoi avoir le vertige : le Christ est le
Verbe de Dieu, et il est Dieu, et la Parole qu’il dira dans le monde – la Bonne
Nouvelle – était en lui à l’Origine du monde lorsqu’il co-œuvrait à la
Création ! Waouh ! Autant dire que l’on est remonté très très loin
dans le temps, très très haut dans l’espace,
et sans doute même, bien au-delà !
Ces mots de l’Evangile selon Jean, c’est un peu
comme lorsqu’un télescope spatial nous emmène aux confins de notre galaxie en
nous transmettant des images étonnantes… du jamais-vu. Celle que vous avez sur
votre feuillet, a été prise par Hubble, le fameux télescope, lancé en 1990, et dont
les images ont transformé notre perception de l’univers.
Théologiquement, le Prologue de l’Evangile selon
Jean, travaille dans le même sens : transformer notre compréhension d’un
autre univers, celui de notre origine spirituelle. Jean, nous laisse entendre
que, ce soir-là dans la crèche de l’étable de Bethléem, il y avait un autre
enfant – un Tout-Autre enfant – un Tout-Autre Fils.
Mais si ce que nous voyons nous émerveille, que ce
soit aux confins de l’univers ou à l’origine de la Création, n’est-ce pas très
loin – trop loin – pour une rencontre, pour en saisir la valeur et le
sens ?
Le
Dieu qui parle. Pour
que nous soyons rencontrés, oui,
il fallait que le Verbe de Dieu se rapproche de nous, de notre humanité qu’il a
justement créée. Malgré cette splendeur du
Commencement, le « Verbe de Dieu qui était Dieu » (1) ne s’est pas contenté de sa gloire éternelle. Il a
voulu venir « habiter parmi
nous » (14), nous révéler l’amour dont nous étions les sujets et
les porteurs. Et il a voulu venir nous le dire « en personne » !
La lettre aux Hébreux que nous lisons en rappelle
toute la valeur, Dieu a parlé
(1), mais pas à tort et
à travers, pas pour ne rien dire, ni pour ne rien faire ! Alors,
si Dieu a parlé, a-t-il vraiment parlé comme dans les films de Cecil B. DeMile (Imitation-démonstration...).
Non, je ne le pense pas : il a fait mieux que ça :
Et le Verbe s'est fait chair (14). Il a voulu nous être proche, comme un semblable, comme un ami, comme
Christian de Chergé, moine à Tibhirine, l’a si bien dit : « Et le
verbe s’est fait frère. »
S’il y avait un « Tout-Autre » enfant dans
la crèche de l’étable de Bethléem, il y avait un « Fils caché » dans le prophète de Nazareth qui
arpentait les chemins de la Palestine. Dans ces pas d’homme, le Fils annonçait –
à haute et intelligible voix – la Bonne Nouvelle du Royaume des Cieux.
Le
pouvoir de devenir enfant de Dieu « Le Verbe était la
vraie lumière qui, en venant dans le monde, illumine tout homme. Il était dans
le monde, et le monde fut par lui (9-10) Waouh : Que de
grâce, que de beauté, de clarté, d’espérance, de vérité… mais oublierions-nous
que cette histoire à d’abord mal fini ? …et les ténèbres
ne l'ont point comprise… et le monde ne l'a pas reconnu. (5.10)
Tout cela était bien beau… oui, mais », il y a
toujours un oui-mais, dit-on, on en a toujours un quelque part,
quel que soit la bonne nouvelle. Que les ténèbres ne conçoivent rien à la
lumière, on peut le comprendre : qu’y a-t-il de commun entre le jour et la
nuit ? Que le monde ne le reconnaisse pas, il faut bien l’admettre : il
est si préoccupé par tant d’agitations futiles. Mais l’humain – cet humain
illuminé par une vraie lumière, enfin ? Quel dommage ! Quel
gâchis !
Eh bien… dans la Bonne Nouvelle de Jésus Christ, il
y a toujours un oui-mais au notre oui-mais ! En psychologie,
des études ont démontré la nocivité sur notre moral de notre oui-mais suggérant
de le remplacer par un oui-et. Ainsi dans notre texte de Jean : il
y a un Oui-et pour ceux qui l'ont reçu, à ceux qui croient en son nom.
Il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu. (12)
Jacques Salomé écrivait : « La
porte du changement ne s’ouvre que de l’intérieur. Chacun en détient la clé. ».
Et il n’en va pas autrement de l’Evangile du Christ. A nous de répondre à
l’initiative de Dieu, de laisser la clarté du Christ faire de nous des êtres
nouveaux, libres, généreux, patients, paisibles et pacifiques !
Ainsi, il y avait sans doute encore un enfant en devenir dans ce nourrisson de la crèche, dans ce petit roi de Bethléem. Et cet enfant, c’est nous. A nous de nous laisser saisir par lui pour que le monde change. Car, si la violence et la vanité sont venus dans le monde, la grâce et la vérité, elles, sont venus par Jésus Christ (17). La tache parait impossible ? Mais notre persévérance est dans ces mots de Dietrich Bonhoeffer : « C’est seulement parce qu’il est devenu comme nous que nous pouvons devenir comme lui. »
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