« … modelé avec de la poussière
prise du sol… Une haleine de vie divine… insufflée en nous pour devenir un être
vivant… ». (Gn 2, 7-8)
A
l’origine de la vie, il y a la Création du Seigneur… et à l’origine de
l’humain, il y a le souffle de Dieu. En relisant ce texte de la Genèse, il y a
quelque chose d’enthousiasmant d’entendre qu’il y a Quelqu’un de bien à la
source du Vivant !
Le
texte décrit avec poésie, voire une certaine ingénuité, le Seigneur en train de
créer un jardin, des eaux, des animaux, tout en se demandant ce qu’Adam pourra
bien en faire et en dire… tout un environnement harmonieux, à la manière d’un
architecte paysagiste.
Mais
il ne faudrait pas se détourner de ces textes en les jugeant puérils. Leur
composition n’est pas à lire au premier degré : il s’agit d’en saisir le
sens et la valeur pour habiter la Création en l’honorant de notre vocation
d’humain.
Adam,
tiré de la terre et recevant le souffle de Dieu pour devenir un être vivant,
c’est dire quelque chose d’essentiel à propos de notre humanité : la
terre, c’est l’humus qui donnera le mot humilité. Humble mais pas que…Rien
moins qu’un souffle divin nous a rendus vivants et cet « air qui est la
vie »… vient de plus loin que la simple nécessité.
Notre
vocation d’humain est faite d’humilité, de responsabilité, d’inspiration et de
vulnérabilité. Veillons à ne pas oublier que notre humanité vit de la grâce et
de la conscience que notre être vivant n’est pas composé que de poussière… mais
du souffle de Dieu !
Si
le Seigneur est à l’Origine de notre souffle… qu’est-ce que cela
signifie pour nous ? Qu’est-ce que cela implique pour la Création de
Dieu ? Comment l’humain insufflé de la vie de Dieu va-t-il vivre dans son
jardin ?
Le
souffle du Seigneur n’est pas qu’un privilège, c’est aussi une responsabilité.
À commencer par le respect de Sa Création. Les mots d’écologie, de
biodiversité, de bioéthique… On parle même d’éco spiritualité… peuvent
impressionner ou nous énerver, mais ce sont autant de manière d’avoir du
respect pour le vivant ! Cela ne fera pas forcément de nous des activistes
collant leurs mains sur le bitume… mais dans tous les cas, cela fera de nous
des êtres éco-responsables ? Ceci au quotidien, dans des gestes très
simples, mais conscients !
28 « Car c'est en lui que nous avons la
vie, le mouvement et l'être, comme l'ont dit certains de vos poètes : “Car nous
sommes de sa race.” (Ac 17,28)
Ces
mots de Paul à Athènes me sont venus en découvrant le titre de ce camp de
Vaumarcus : l’air c’est la vie ! Et j’ai dit en ouverture de ce culte
les nombreuses vies qui se sont invitées alors dans mes pensées…
Dans
ce chapitre du livre des Actes, Luc nous livre un discours de l’apôtre Paul qui
est un modèle du genre dans sa communication de l’Evangile au Gentils –
entendez les non-juifs.
Mais
au-delà de la forme, il s’agit d’une tentative pour donner de la raison à notre
foi en Dieu par le Christ Jésus. Et le
moins que l’on puisse dire, c’est que ce n’est pas simple… A commencer par les
moqueries et malentendus des grecs : « Que veut donc dire cette jacasse ?
» (Ou encore) « Ce doit être un prédicateur de divinités étrangères. »
La « jacasse », littéralement est un oiseau « pilleur de graines », c’est l’équivalent de notre « pie voleuse », avec son cri étrange et désagréable… et fatigant ! Et lorsque Paul annonce l’anastasis, le mot grec pour la résurrection, cela est entendu comme une divinité parmi d’autres ! Peut-être ce « Dieu inconnu » que l’on nomme sans le connaître ? Autant dire que la partie n’est pas gagnée d’avance…
Le
foisonnement de vie de la Création et son origine divine ont été reconnu par
des poètes et des philosophes de la Grèce antique, dont ma citation est tirée…
Et on peut dire que « les choses semblent aller bon train… » jusqu’à
ce que Paul parle clairement du cœur de sa prédication : « Au mot de
« résurrection des morts », les uns se moquaient, d'autres déclarèrent : « Nous
t'entendrons là-dessus une autre fois. » (33)
La culture fait place ici à la rupture… Le discours de Paul se brise sur
ce mot, impossible à entendre pour des penseurs grecques.
Que
signifie pour nous aujourd’hui ce rejet de la foi au Christ ressuscité ?
Sans doute une réalité qui est encore la nôtre aujourd’hui : notre foi en
la résurrection du Christ n’est pas une évidence et pour nous et pour le monde
qui la considère, parfois – souvent ? - comme une étrangeté, ou encore une
« mauvaise plaisanterie », comme sur l’Aréopage d’Athènes…
C’est
pourquoi, nous avons besoin d’une valeur refuge, d’un second
souffle : la Parole de Dieu. Le
Verbe de Dieu.
« Le Verbe était la vraie lumière
qui, en venant dans le monde, illumine tout homme. 10 Il était dans le monde,
et le monde fut par lui, et le monde ne l’a pas reconnu. 11 Il est venu dans
son propre bien, et les siens ne l’ont pas accueilli. (Jn 1,9-11)
La
grâce d’une présence divine qui illumine le monde… Et, ici encore, une
incompréhension, un refus, un rejet… Le texte de Jean est encore plus fort en
soulignant que le Verbe de Dieu était, pourtant, « venu dans son
bien… » !
Dans
notre foi en la présence du Christ auprès du Père lors de la Création, il faut
accepter aussi que le Verbe créateur de Dieu a sa lumière et son ombre, sa
gloire côtoie son rejet …
Mais,
il y a un « mais » ! « A ceux qui l’ont reçu… » Si la
vie dans la Création, avec toutes ses expressions est nécessaire… la vie d’une
communion avec le Christ en Dieu ne l’est pas moins !
Et
avec lui, on ne fonctionne pas qu’au résultat, le salaire n’est pas « au
mérite » ou « à la pièce »… Car nous avons reçu par le Verbe de
Dieu plus que la Loi… mais « la grâce et la vérité sont venus par
Jésus Christ. » (Jn 1,14)
La
grâce du Christ fait de nos des êtres tout vivant , tout aimant, mais pas
tout puissant. Rappelons-nous la leçon du prophète Elie sur le Mont
Horeb : « Après le tremblement de terre, il y eut un feu ; le
SEIGNEUR n'était pas dans le feu. Et après le feu le bruissement d'un souffle
ténu. » (1 R 19,12) C’est ce souffle ténu qui le fit sortir de sa caverne
et entendre les paroles de guérison du Seigneur.
28 « Car c'est en lui que nous avons la
vie, le mouvement et l'être… (Ac 17,28)
Si des poètes ont su voir l’impressionnante
générosité du Vivant, ils n’ont pas su voir son origine dans le souffle
créateur du Seigneur. A nous qui l’avons reçue… pas d’orgueil ni de vanité,
mais la profonde reconnaissance de notre cœur. Frère Roger priait :
« Jésus notre paix, par ton Evangile tu nous
rappelles à être tout simples et tout humble. Tu fais grandir en nous une
reconnaissance infinie pour ta continuelle présence en nos cœurs. »
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