jeudi 28 octobre 2021

“A qui irions-nous?” (Petite leçon d’orientation spirituelle)

Lorsque je fais une randonnée en montagne, j’observe, je transpire – mais je médite aussi. Marcher est pour moi un exercice physique, et une petite formation spirituelle.

Sur votre feuillet,m il y a des panneaux d’orientation. Très utiles pour connaitre son but. Et prévoir le temps qu’il faudra pour y aller. Mais on ne les trouve que dans les bifurcations importantes.

Autrement, il y a de simples marques, visibles sur les arbres ou peints sur la pierre. Par exemple, comme ici, trois bandes de couleurs : blanc, rouge, blanc. Lorsque vous l’apercevez cela signifie que vous êtes sur le bon chemin.

Or, lors de ma dernière randonnée, j’ai vécu un moment particulier. Je marche sur un sentier et soudain plus de sentier. Je vois une large prairie qui monte devant moi ; à droite elle descend vers ce qui semble être mon but ; et à gauche j’aperçois un couple qui remontre sur un chemin, mais dans le sens opposé à ma direction.

Comment faire ? Pas de panneau ! Pas de sentier ! Pas de carte ni boussole ! Et un couple qui semble me dire « c’est par là », mais dans une étrange direction ! Je tourne un peu en rond… Je scrute cette prairie plusieurs fois… et soudain, je la vois, à 50 mètres devant moi, au milieu de la prairie, peinte sur un petit rocher : la marque blanc, rouge, blanc !

J’ai retrouvé mon chemin : je connais à nouveau la bonne direction. Je reprends ma route : rassuré, motivé et joyeux ! « J’étais perdu et je suis retrouvé ! »

Courte prédication offerte aux personnes détenues dans les prisons à Genève. Évangile de la prédication : Jean 6, 60-69.

Avec cette expérience, j’ai noté – et vous aussi sans doute – la valeur de cette marque : elle ne m’a pas seulement remis sur le bon chemin, elle rendu la joie de poursuivre dans ce si magnifique paysage.

Marcher, traverser des passages difficiles, chercher, se réjouir, penser abandonner… tous ces verbes ont quelque chose en commun avec notre Évangile du jour.

Ce chapitre a commencé par une marque, un signe de Jésus : la multiplication des pains. Puis, le sens et la valeur de de ce signe est discuté : quel est la valeur de ce pain ? Et qui est vraiment celui qui le donne ?

Mais la discussion se passe mal… il y a une dispute avec des responsables religieux, mais aussi avec des disciples qui le suivent. Au point que certains d’entre eux cessent de suivre Jésus !

En montagne, comme dans notre marche de disciple avec Jésus, nous traversons des situations qui nous désorientent ; des paroles de Jésus nous paraissent difficiles à accepter. La question se pose alors : « Et vous, ne voulez-vous pas partir ? » (67)

Au cœur de cet entretien entre Jésus et les Douze apôtres, il y a une marque importante pour s’orienter dans notre vie de disciple du Christ, un signe capital qui se trouve dans cette parole de Jésus : Les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie ! (63)

Comment comprendre ces mots ? Jésus n’a pas dit mes paroles sont des formules toutes faites et sans surprises pour vous faciliter la vie… Jésus n’a pas dit mes paroles sont d’habiles slogans pour vous faire acheter ce que vous regretterez plus tard…

Il a dit esprit et vie : on entend tout de suite quelque chose d’important, de vrai et de permanent. Mais à aucun moment quelque chose d’évident !

Le malentendu est courant dans l’Évangile de Jean. Ici, c’est un peu comme si Jésus disait : vous ne voyez que les gestes que je fais, vous n’entendez que le son des mots que je dis, mais vous rester aveugle et sourd à ce qui se passe réellement !

Jésus le disait à un théologien juif : Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l’Esprit est esprit. (3,6). La chair, dans le Nouveau Testament, malgré toute sa richesse et sa complexité, ne peut recevoir d’elle-même la vie que le Christ nous offre . Et l’exigence est claire : il nous faut naître à l’Esprit !

Calvin, commentant ces paroles, précise : Si Jésus appelle sa Parole vie, c’est à cause de son effet, comme s’il l’appelait vivifiante. Dans les mots du Réformateur, c’est une manière de dire la parole du Christ comme foisonnante de vie et féconde pour notre être spirituel.

Une parole qui peut paraître rude, mais pas moins nécessaire et authentique. Et le vrai de l’amour n’est pas forcément sucré… la parole du Christ à des saveurs diverses !

L’exemple de ma randonnée en montagne nous rend bien service… mais elle manque un point important : Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as des paroles de vie éternelle. Et nous, nous avons cru et nous avons connu que tu es le Saint de Dieu. (68-69)

Dans sa confession, Pierre a des mots importants : A qui irions-nous ? – sinon à toi ! mais les verbes tu as – tu es… disent simplement que le lieu exact de notre foi et de notre paix, ce n’est pas une marque visible quelque part, mais elle se vit dans une relation intime avec une personne : Jésus – le Saint de Dieu !


 

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