samedi 12 octobre 2024

Le Notre Père du prisonnier (5 - Que ta volonté soit faite...)

Cinquième volet des prédications offertes aux détenus.e.s des prisons à Genève sur chacune des paroles du Notre Père, dans l’Évangile selon Matthieu (6, 9-13).

Pour ceux qui l’ignorerait, les conditions de l'organisation des célébrations dans les prisons limitent la durée de leur déroulement. Et je n'ai que 5 minutes (avec sa traduction anglaise) pour partager une prédication avec les détenus.

Le titre de ces articles me vient d'une prière du Frère Dominicain Philippe Maillard: Le Notre Père du prisonnier (ou la prière des sans voix). Aujourd'hui décédé, il fut très engagé auprès des personnes en situation de précarité.

Il a laissé une magnifique paraphrase du Notre Père que j'ai également publié dans un article précédent. 

Mais pour le moment...    

 

"Notre Père ..., 

que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel." (10) 

 

Un poète français du 20e siècle écrivait… « Notre Père qui êtes aux cieux Restez-y. Et nous, nous resterons sur la terre. Qui est quelquefois si jolie. » Son nom est Jacques Prévert. Il reprend les paroles de la prière de Jésus et les transforme en une demande à Dieu pour qu’il reste dans les cieux.

 

Cette présence de Jésus, nous apprenant la prière du Notre Père, est une réponse tout à fait claire : Notre Père n’est pas resté dans les cieux ! Il a envoyé sa Parole, selon les mots de l’Évangile de Jean : « Celui qui est la Parole est devenu un homme et il a vécu parmi nous, plein de grâce et de vérité » (Jn 1,14). Le Fils est venu jusqu’à nous. Il a voulu vivre parmi nous.

 

Lorsque nous prions « Que ta volonté soit faite… », nous disons quelque chose de plus essentiel que « nous espérons que ta bonne idée, Ô Père, va bien se passer », nous disons notre confiance en la Parole du Christ, et notre engagement en faveur du Règne de Dieu.

 

« Que ta volonté soit faite, sur la terre comme au ciel. » Jésus voudrait-il nous rassurer ?

 

Lorsque l’on observe les violences et les détresses du monde : le doute, la peur, peuvent nous assaillir ? Où sont les signes que cela est en train de se produire ? Comment Sa volonté est-elle faite sur la terre comme au ciel ?

 

La question se posait déjà du temps de Jésus. Dans l’Evangile de Luc : « Les Pharisiens lui demandèrent : Quand donc vient le Règne de Dieu ? Il leur répondit : Le Règne de Dieu ne vient pas comme un fait observable. On ne dira pas : “Le voici” ou “Le voilà”. En effet, le Règne de Dieu est parmi vous. » (Lc 17,20-21). Mais nous pouvons aussi traduire : « En vous » !

 

La réponse de Jésus indique que les signes de la venue du Règne de Dieu ne sont pas nécessairement visibles de nos yeux… mais par la foi !

 

Ainsi, par ces mots du Notre Père, nous disons notre assurance que le bien de Dieu se réalise ici-bas.

Nous disons que la présence du ciel de Dieu en nous portera ses fruits.

Mais nous ne nous satisfaisons pas de mots seulement.

 

« Que ta volonté soit faite, sur la terre comme au ciel » Jésus nous demanderait-il de participer ?

 

Sans doute, cette volonté de Dieu nous concerne aussi. Un moine du 14e siècle a écrit : « Notre Dieu n'a pas de mainsIl n'a que nos mains pour construire le monde d'aujourd'hui. Notre Dieu n'a pas de piedsIl n'a que nos pieds pour conduire les hommes sur son cheminNotre Dieu n'a pas de voixIl n'a que nos voix pour parler de Lui aux hommes. »

 

Ces mains, ces pieds, cette voix, appartiennent à celles et ceux qui portent en eux les gestes et les paroles du ciel de Dieu sur la terre et qui ont répondu à cet appel du Christ : « Le temps est accompli et le règne de Dieu s'est approché. Changez radicalement et croyez à la bonne nouvelle. » (Mc 1,15).

 

Accueillir le Règne de Dieu, peut nous changer profondément, mais avant de visiter la terre avec cette « bonne nouvelle », il faut la porter en soi !

 

Ainsi, par ces mots du Notre Père, nous appelons la volonté aimante de Dieu pour la terre et nous ouvrons notre être entier à sa présence.

 

J’ai trouvé sur le net le titre d'un documentaire qui dit à sa manière ce que nous partageons ensemble ce matin et qui reprend les mots de la prière de Jésus ainsi : Que ta volonté soit « fête » ! Comme c’est bien trouvé : l’accomplissement de la volonté de Notre Père comme une célébration joyeuse !

 

Ainsi Dieu nous envoie, certes, mais rempli de sa joie et de son amour, pour en féconder la terre… comme au ciel. 



vendredi 4 octobre 2024

Le Notre Père du prisonnier (4 - Que ton Règne vienne...)

Je poursuis la publication de courtes prédications, offertes aux détenus.e.s des prisons à Genève, sur chacune des paroles du Notre Père, dans l’Évangile selon Matthieu (6, 9-13).

Pour ceux qui l’ignorerait, les conditions de l'organisation des célébrations dans les prisons limitent la durée de leur déroulement. Et je n'ai que 5 minutes (avec sa traduction anglaise) pour partager une prédication avec les détenus.

Le titre de ces articles me vient d'une prière du Frère Dominicain Philippe Maillard: Le Notre Père du prisonnier (ou la prière des sans voix). Aujourd'hui décédé, il fut très engagé auprès des personnes en situation de précarité.

Il a laissé une magnifique paraphrase du Notre Père que j'ai également publié dans un article précédent. 

Mais pour le moment...   

"Notre Père ... , que ton Règne vienne." (10)

Jésus disait : « Il en est du Règne de Dieu comme d’un homme qui jette la semence en terre : qu’il dorme ou qu’il soit debout, la nuit et le jour, la semence germe et grandit, il ne sait comment. D’elle-même la terre produit d’abord l’herbe, puis l’épi, enfin du blé plein l’épi. Et dès que le blé est mûr, on y met la faucille, car c’est le temps de la moisson. » (Mc 4,26.29) 

 

Vous avez sans doute reconnu la parabole de la semence qui pousse d’elle-même ? Elle souligne la force naturelle de cette semence qui se développe et produit son épi jusqu’à la moisson. Comme l’on dit : « Rien ne sert de tirer sur la plante pour la faire pousser ! » Elle donnera son fruit en sa saison. Ainsi en est-il du Règne de Dieu ! 

 

Jésus a utilisé ces récits que l’on nomme paraboles. Son intention : nous aider à saisir la valeur de ce Règne de Dieu parmi nous. Et qu’il n’est pas là par hasard ! 

 

Que ton Règne vienne. Ces quatre mots du Notre Père, Jésus les a déjà prononcés, un peu plus haut dans cet Évangile, lorsqu’il annonce : « Le Règne de Dieu s’est approché » (3,2). 

 

Que ce Règne vienne… que ce Règne se soit approché… qu’est-ce que cela veut dire ? Ce Règne est-il déjà arrivé ou faut-il l’attendre encore ? Et s’il s’est approché, pourquoi demander qu’il vienne ? Où le voir ? Comment le reconnaître ? 

 

Des théologiens ont résumé la particularité de ce Règne à l’aide de deux mots : déjà – et pas encore. En ce sens que ce Règne existe déjà dans le monde, mais pas encore reconnu par tous. 

 

Le Règne de Dieu c’est tout d’abord, dans le Premier Testament, l’affirmation qu’il appartient au Seigneur depuis toujours. Dans le Psaume 103, par exemple : « Le Seigneur a établi son trône dans les cieux et sa royauté domine tout » 

 

Mais le Christ lui a donné une dimension nouvelle : il est désormais présent comme jamais auparavant. Le Christ lui a donné un corps, une parole. Il a montré des gestes qui disent son importance et sa valeur. Le Christ à fait venir le Règne de Dieu à la rencontre des humains, et plus qu’un pouvoir, il leur offre une relation à Dieu, Notre Père, plus libre, plus authentique, plus proche. 

 

Ainsi, « Que ton Règne vienne », demande à Notre Père que ce qu’il a commencé en Jésus, soit bientôt pleinement achevé en Dieu ! On le comprend un peu mieux : le temps – quand ce Règne sera-t-il accompli? Et le lieu – où ce Règne se trouvera-t-il ? ont trouvé leur réponse dans une personne… Jésus, le Christ ! 

 

Pratiquement, le Règne de Dieu ne se réalise pas comme un tour de grande illusion : on ne voit rien… et puis d’un coup, il est là ! Avant de le voir, nous sommes invités à l’accueillir… Nous pouvons même dire que nous sommes appelés à le laisser s’épanouir en nous… car certaines paroles de Jésus laissent entendre que ce Règne est là… au cœur de notre être ! 

 

Ce Règne nous pourrions le nommer « inspiration, autorité, valeurs »… Mais il a un signe visible, sensible : l’amour. L’amour de Dieu et de son prochain. Et nous le savons de Jésus lui-même : le prochain, c’est celui qui aime… au-delà des apparences faciles, mais inutiles ! 

 

« Cherchez premièrement le Royaume des cieux et sa justice » nous dit encore Jésus dans cet Évangile (6,33). Avec la promesse de recevoir tout ce dont nous aurons besoin pour le vivre. 

Ainsi, la présence de ce Règne de Dieu s’accomplit dans la confiance !

Le Notre Père du prisonnier (7 - Pardonne-nous nos offenses...)

Nouvelle publication des courtes prédications offertes aux détenus.e.s des prisons à Genève sur chacune des paroles du Notre Père, dans l’Év...